1941 : La Syrie

1941 : La Syrie

* ComposItion DE LA PREMIÈRE DIVISION LÉGÈRE FRANÇAISE LIBRE CAMPAGNE DE SYRIE MAI 1941

Cdt la 1e D.F.L. :
Général Legentilhomme

Chef d’Etat-Major :
Lt-CI Koenig

Compagnie de Q.G. 50
Capitaine Bélan

Première Brigade :
Colonel Cazaud

1eB.L.E.
Cdt Amilakvary 

B.M. 1
Cdt Delange

B.M. 3
Cdt Garbay

Deuxième Brigade :
Colonel Génin

1e B.I.M. 
Cdt de Chevigné

B.M. 2
Cdt de Roux

B.M. 4
Cdt Bouillon 

1e B.F.M. 
Cap. corv. Détroyat

1e Bie A.
Cap. Laurent Champrosay

1e E.S.M. 
Cap. Jourdier

1e Cie C.
Cap. Volvey

1e Sect. S.-M. 
Lt Desmaisons

1e Cie Transm.
Cap. Renard

101e Cie Auto
Lt Dulau

Intendance
Int. Bouton

Gr. Exploitation
Lt de Guillebon

Serv. Santé
Méd.-Cap. Delavenne

Ambul. chirurg.
Méd.-Cdt Vernier

Hôp. camp.

Hadfield-Spears
Méd.-Cdt Fruchaud

Soit au total : 5 400 hommes (1)

Non endivisionné, mais participant à l’Opération « Exporter » : le Groupe d’Escadrons Tcherkesses du Colonel Collet (453 hommes).

A partir du lendemain de l’entrée en Syrie, la 5e Brigade Indienne (Général Lloyd) était mise sous le commandement du Général Legentilhomme.

Par la suite, la Force « GENT » fut renforcée par :

—  Deux Bataillons Britanniques.

—  Un Escadron des Royal Dragoons (en auto-mitrailleuses).

—  Un Bataillon d’Infanterie Australien.

—  Une Compagnie lourde de mitrailleuses Australienne.

—  Un Escadron de Scouts Australien (auto-mitrailleuses).

—  Un groupe d’artillerie Britannique.

*Période du 20 mai au 20 août 1941.

Toutes les troupes françaises libres disponibles en Afrique sont rassemblées en Palestine au camp de Qastina. Les unes viennent directement d’A.E.F., les autres d’Erythrée (Brigade d’Orient), d’autres encore de Libye (1e Bataillon d’Infanterie de Marine). Le Bataillon du Pacifique
n’arrivera qu’en juillet 1941 à Damas. Le 25 mai 1941, elles sont réunies pour former la Première Division Légère Française Libre (1e D.L.F.L.).

Les Allemands ont pris la Grèce et viennent de pénétrer en Crète. Au sud, en Libye, Rommel est à la frontière égyptienne. A l’est, l’Irak, aidé par les Etats du Levant, est en train d’échapper au contrôle britannique. Tout porte à penser que le prochain coup d’Hitler sera un débarquement au Liban, son contrôle de la Syrie et de l’Irak et une poussée vers la Palestine et le canal de Suez. Des appareils de la Luftwaffe sont déjà basés en Syrie. En fait, son attaque en U.R.S.S. va occuper la Wermacht et amoindrir ce danger.

Pour y remédier, les Britanniques décident de s’assurer le contrôle des Etats du Levant dépendant de Vichy (Opération « Exporter »). Mais, craignant que les Britanniques ne gardent par la suite leur mainmise sur ces pays, le Général de Gaulle proteste et obtient de Churchill la présence de ses forces dans l’Opération, malgré le ris-que de voir des troupes françaises s’affronter.

Britanniques, Australiens, Indiens et Français Libres de la 1e D.L.F.L. franchissent les frontières libanaises et syriennes le 8 juin 1941. Tout de suite, la défense des forces vichystes de terre, de mer et de l’air se révèle puissante et déterminée. Malgré cette résistance, les Français Libres enlèvent Damas le 21 juin 1941. Les Australiens pénètrent à Beyrouth le 10 juillet. Un armistice est conclu le 14 juillet à Saint-Jean d’Acre en Palestine entre les Britanniques, les Français Libres et les représentants de Vichy.

Les Etats du Levant passent sous le contrôle de la France Libre qui leur accordera bientôt leur indépendance. Les territoires sont gardés militairement contre toute agression ; l’Irak rentre dans l’orbite britannique et reprend ses livraisons de pétrole aux troupes alliées, la Palestine et l’Egypte
sont protégées vers le Nord.

Sur place, les Forces Françaises Libres vont grossir et se multiplier grâce à l’apport de nombreux volontaires et se préparer pour de nouvelles opérations. Tandis que le BM 1 retourne au Moyen Congo d’où il ira ensuite grossir les forces de la Colonne Leclerc et que le BM 4 quitte la Syrie le 25 juillet 1941 pour participer au nettoyage de l’Ethiopie où il se distinguera à Gondar en novembre.

**Plan d’entrée au Liban et en Syrie

A gauche du dispositif, la division australienne, le long de la mer, avait comme objectif Beyrouth.

A l’intérieur, la 1e DFL renforcée par une brigade indienne sous le commandement du Général Legentilhomme, avait pour objectif Damas.

« Le jour de l’entrée en Syrie par Derra, la brigade indienne était en tête. Elle devait s’emparer de Cheik Meskine et ce n’est qu’après cela que la 1e DFL devait passer devant elle et marcher sur Kissoué. La brigade indienne ayant échoué devant Cheik Meskine, je fis déborder pendant la nuit ce point par le bataillon de Chevigné (infanterie maritime) avec ses deux sections motorisées, avec ordre d’attaquer au jour. Quand de Chevigné arriva à Cheik Meskine, l’adversaire avait évacué et s’était replié sur Kissoué que de Chevigné atteignit sur ses camions pour se trouver devant une ligne de défense continue. »

Notes

(1) A partir de ce tableau et jusqu’au dernier, il serait plus exact de préciser hommes et femmes puisque les formations sanitaires comportent des conductrices, des ambulancieres et des infirmières.

*L’AFFAIRE DE SYRIE

Le 26 mai 1941, à Qastinah en Palestine, le général Legentilhomme rassemble la 1e Division française libre qui regroupe les unités d’Afrique équatoriale, d’Erythrée et de Libye. Il y a là 6 000 fantassins, 2 batteries de 4 canons, 10 chars, deux escadrons de Spahis, et des formations des services : Santé, Intendances et matériel. En face au-delà de la frontière, les troupes françaises de Vichy profitent en paix de la politique d’apaisement que les Britanniques mènent à l’égard de Dantz avec qui ils viennent de signer, à la fin du mois d’avril un traité de commerce facilitant le ravitaillement des Etats du Levant. Cependant sous l’impulsion personnelle du Maréchal l’ambiance change progressivement au Levant.

Dans son discours du 8 avril Pétain attaque publiquement la résistance et les Forces françaises libres, et ordonne de défendre l’unité de l’Empire.

Le colonel Bourget, chef d’Etat-Major de Weygand porteur d’une lettre de service signée du Maréchal arrive en Syrie muni de tous les pouvoirs. Il fait fermer la frontière palestinienne, épure les cadres de l’Armée, renvoie en France les personnes soupçonnées de sentiments pro alliés.

L’entrevue Darlan-Hitler à Berchtesgaden entraîne, à partir du 12 mai 1941 au Levant, une collaboration active avec l’Allemagne. la France accorde le droit de passage par la Syrie des avions, du matériel militaire, des spécialistes d’aviations nécessaires aux irakiens révoltés contre la Grande Bretagne. L’aérodrome de Rayak et ateliers sont cédés à la Luftwaffe que l’intendance française habille et ravitaille. La baie de la Chekka dont la situation est propice à la conservation du secret est proposé par le général Dantz, le 26 mai 1941, pour servir à la Kriegsmarine, ses sous marins et ses chalands de débarquement ; l’aménagement du port de Lattaquieh en vue du débarquement de troupes allemandes et italiennes est étudié. Du matériel de guerre, canons, armes automatiques, carburant prélevés sur les stocks français sont acheminés vers les rebelles, jusqu’à Tel Kotchek.

Cette collusion avec l’ennemi ne provoque aucune réaction d’indignation parmi les militaires du Levant, seul le colonel Collet prend le parti de rejoindre la dissidence avec quelques Tcherkesses.

Les Britanniques décident de faire disparaître le danger que fait peser sur les arrières de la VIIIe armée l’existence d’un territoire où les entreprises de l’ennemi ont libre cours. Les Français libres s’engagent à leurs côtés pensant que leur présence épargnera toute effusion de sang et provoquera des ralliements.

Cet espoir est déçu. La participation française est, en outre, la condition nécessaire pour que soit conservés au Levant les droits de la France dont le général De Gaulle revendique la responsabilité.

Le 8 juin, la Division française libre entre en Syrie, l’implacable esprit de discipline, la fidélité au serment prêté au Maréchal, l’emporte sur l’instinct national, et les troupes du Levant ouvrent le feu contre les Alliés.

Durant tout un mois, l’armée de Dantz soutient de durs combats, elle contient les Australiens au Liban, arrête la légion arabe devant Palmyre, contre-attaque les Français libres en Syrie ; mais la résistance diminue graduellement car les effectifs et les moyens s’amenuisent. Elle mène le combat pour l’honneur auquel ses chefs font appel, et croit que son combat sert à la sauvegarde de ce qui reste de l’empire.

Les bataillons de renfort envoyés par Vichy, voyagent à travers l’Allemagne et les pays que l’ennemi occupe, ne dépassent pas Salonique : seules des escadrilles d’avions de chasse, très modernes, venues d’Istres et d’Afrique du Nord, participent à la lutte dès la première semaine.

Le général Dantz se résout enfin à demander un armistice qui est signée le 14 juillet à Saint-Jean d’Acre, lieu choisi par nos alliés en souvenir sans doute de Bonaparte.

C’est pour la DFL la fin d’un combat dur et douloureux : nos adversaires ont perdu 1 100 tués et 5 400 blessés, notre division 650 tués dont le capitaine de corvette Detroyat et le colonel Génin, nos alliés 3 060 tués ou blessés.

Après les opérations, 2 600 Européens, 1 100 Nord-Africains et 1800 coloniaux rejoignent nos rangs.

Malgré cela, il fallut prélever sur la DFL les cadres nécessaires à la direction politique ou technique des diverses administrations du Levant désorganisées par le départ, sur l’ordre des autorités de Vichy, des cadres existants. Les nécessités du maintien de l’ordre obligent, d’autre part, le commandement à disperser les unités de la division sur tout le territoire ; la DFL cesse temporairement d’exister n’ayant connu qu’une existence éphémère.

*EN SAVOIR PLUS…

La Guerre de Syrie, par le général SAINT HILLIER Récit de la captivité de Jacques HERRY (Chars), fait prisonnier par les forces vichystes durant la campagne de Syrie Syrie 1941 – Henri de Wailly