1944 : L'Italie

1944 : L'Italie

* ORDRE DE BATAILLE DE LA PREMIÈRE DIVISION FRANçAISE LIBRE DÉBUT DE LA CAMPAGNE D’ITALIE AVRIL 1944

Commandant la 1e D.F.L. :
Général Brosset

Chef d’Etat-Major :
Cdt Saint-Hillier

Etat-Major :
Cie Q.G. 50 (Lt Olivier)

Première Brigade :

Etat-Major
Col Delange

1e Bat. Commdt
Cdt Arnaud

1e Bat. B.L.E.
Cdt de Sairigné

2e Bat. B.L.E.
Cdt Morel

22e Bat. N.-A.
Cdt Lequesne

Deuxième Brigade :

Etat-Major
Col Garbay

2e Bat. Commdt
Cdt Galibert

B.M.4
Cdt Fougerat

B.M.5
Lt-Col. Gardet

B.M.11
Cdt Langlois

Quatrième Brigade :

Etat-Major
Col. Raynal

4e Bat. Commdt
Cdt Fournier

B.I.M.P.
Cdt Magny

B.M. 21
Cdt Dives

B.M. 24
Cdt Sambron

1e R.A.
Cdt L. Champrosay

+ P.A.L.O.
Lt La Porte

1e R.F.M. (Reconn.)
C.F. Amiot d’Inville

1e G ; Ant. D.C.A.
Lt-Col Léotard

1e B.G.
Cdt Tissier

1e B.T.

1e D.C.R.
Cap Pons

1e E.T.
Cdt Dulau

I.D.
Int. Perrat

G.E.D.
Cap de Guillebon

9e C.R.D.
Lt Banel

1e B.M.
Méd.-Lt-Col Le Bihan

Ambul. Chir. Lég.
Méd.-Cap. Vignes

Hôp. Camp.

Hadfiels Spears
Méd.-Col Vernier

Soit au total : 18 347 hommes

*Période du 8 juin 1943 au 13 août 1944.

Après 76 jours de « pénitence » dans le désert, les Français Libres reçoivent droit de cité en Afrique du Nord. La 2e DFL part pour le Maroc où elle va devenir la 2e DB. La 1e DFL quitte Zuara le 23 août 1943 pour la région Nabeul-Soliman en Tunisie. Entre-temps, la 4e Brigade est arrivée d’Egypte avec le 2e Régiment d’Artillerie qui est intégré au 1e.

La D.F.L. subit d’importants chan-gements dans son commandement et sa composition. Elle doit
s’aligner en effectifs sur la norme d’une Division d’infanterie motorisée américaine et en recevoir progressivement le matériel. En attendant, elle rend son vieil équipement britannique.

Les effectifs sont plus que doublés grâce à l’apport de volontaires d’Afrique du Nord et à l’arrivée d’unités entières (4e Brigade, 1e groupe Antillais, etc…). Mais, contrairement à ce qui va se passer au Maroc pour la 2e D.B., aucune unité ayant dépendu de Vichy n’y sera incorporée en corps constitué, ce qui préservera l’esprit français libre de la 1e D.F.L.

L’hiver 43-44 se passe en Tunisie à percevoir le matériel américain et à l’expérimenter tandis que les premières divisions du Corps Expéditionnaire Français (C.E.F.) en Italie prennent part dès janvier 1944 aux combats sur la ligne « Gustav ».

Enfin, le 20 avril 1944, forte de ses 18 317 hommes, la 1e D.F.L. (que l’Etat-Major d’Alger s’obstine à dénommer 1e Division Motorisée d’Infanterie pour lui ôter son caractère Free French) quitte la Tunisie pour Albanova, au nord de Naples en Italie.

Le 9 mai 1944 la 1e D.F.L. est en ligne sur la rive gauche du Garigliano ; à sa droite, se tiennent les Indiens qui seront remplacés en cours d’action par les Canadiens, à sa gauche les troupes du C.E.F.. Le 10 mai 1944 est déclenchée l’attaque générale contre la ligne « Gustav ». L’axe principal de progression de la D.F.L. est la rive droite du Liri en direction générale de Rome.

Le 14, la 1e D.F.L. a franchi le Garigliano et progresse vers le C.E.F. en tête de tout le front allié. Risquant d’être débordés par la manœuvre française, les Allemands abandonnent plus au nord-est la forteresse de Cassino et se replient sur Rome qu’ils déclarent ville ouverte. Le 4 juin 1944, les Américains sont à Rome alors que la D.F.L. nettoie Tivoli et la Villa Adriana. Le 5, le B.I.M.P. hisse un drapeau à Croix de Lorraine sur le Palais Farnèse, siège de l’Ambassade de France à Rome ; la Légion rend les honneurs au Général de Gaulle dans la Villa Médicis.

La course se poursuit au nord de Rome chaque jour apporte son combat et sa victoire à la 1e
D.F.L. qui enregistre de sensibles pertes.

Le 21 juin 1944, les dernières unités de la 1e D.F.L. sont relevées du combat. Après avoir progressé de 320 km en 42 jours, de combats victorieux, avoir livré 13 batailles importantes et perdu 2 540 de ses combattants tué ou blessés, la D.F.L. est regroupée dans le sud de l’Italie.

Notes

(1) Matériel, parcs, trésor, poste, prévôté, justice militaire, aumônerie, dépôts, centres d’instruction, etc..

Au mois d’avril 1944, la Division est embarquée à BIZERTE et à BÔNE pour l’Italie où les derniers éléments arrivent à la fin de mai.

Le rassemblement se fait au Nord de Naples.

La zone de regroupement est à l’Est d’ AVELLINO , dans une région montagneuse.

Depuis le 8 décembre 1943, des troupes françaises combattent en Italie avec la Ve Armée américaine.

Au moment où la 1e D.F.L arrive en Italie, ce front est stabilisé le long du GARIGLIANO , sur la rive Ouest duquel le C.E.F a établi une petite tête de pont.

L’ennemi, qui au nord de la boucle du Garigliano a réussi à se maintenir à CASSINO , s’est retranché solidement dans le massif des monts AURUNCI . Une ligne de résistance barre la Vallée du LIRI entre PIEDIMONTE, PONTECORVO et SAN OLIVA.

L’offensive alliée se déclenchera le 10 mai à 23 heures.

La D.F.L trouve un corps expéditionnaire déjà rompu au combat et que meut un esprit ardent de lutte et de victoire. Le général JUIN sait ce qu’il veut, communique à tous son enthousiasme. Il expose son plan.

La mission du Corps expéditionnaire français est d’attaquer en direction générale de PICO , couvert à gauche par le 13e C.A de la VIIIe Armée Britannique dont l’action se développe au Nord, parallèlement à la vallée du LIRI.

Dans une première phase il faudra, d’une part élargir la tête de pont actuelle, jusqu’à la rocade d’ ANSONIA à l’Ouest, jusqu’au cours du LIRI au Nord ( secteur de la 1e D.F.L ) , faire pénétrer d’autre part un Corps de montagne dans les Monts AURUNCI (secteurs des 2e D.I.M et 3e D.I.A).

Des formations blindées et une forte artillerie appuieront cette action double, dont la réussite est basée sur la rapidité, l’audace et la brutalité.

*LA PERCéE DE LA LIGNE GUSTAV

C’est le 1e mai 1944 qu’est diffusé l’ordre d’attaque . La 4e Brigade est chargée de nettoyer la boucle formée par le GARIGLIANO et le LIRI , en liaison à droite avec un groupement blindé et le 22e Bataillon nord-africain , ayant pour mission de remonter la vallée à gauche avec le 4e R.T.M attaquant les hauts du terrain. Jour J : 10 mai- Heure H : 23 heures. Quatre ans en arrière, jour pour jour, les allemands déclenchaient le désastre de Dunkerque, bientôt suivi de l’invasion de la France !

Pour réaliser la mise en place dans l’étroit espace de la tête de pont du Garigliano, le détachement de circulation routière travaille, au prix de lourdes pertes, avec minutie pour éviter le désordre et l’embouteillage. Il faut enfumer les ponts. Cette mise en place doit être faite homme par homme et canon par canon.

Le 22 BMNA , créé de toutes pièces en juillet par le commandant LEQUESNE , engagé en Lybie et en Tunisie, réalise en trois jours de combats durs et meurtriers menés sous une pluie de mines et d’artillerie la percée dans le secteur ouest du GARIGLIANO , crevant la fameuse ligne GUSTAV devant laquelle les Alliés piétinaient depuis six mois, faisant plus de 800 prisonniers, hirsutes et découragés, tuant un millier d’allemands, avançant de onze kilomètres. Au moment où les chars américains et français enlisés et pris à partie par les armes antitanks ne pouvaient plus rien faire, le B.N.A a foncé seul, en dépit des mortiers et des 77, et réussi .
Victoire coûteuse : 214 hommes hors de combat. 55 morts. Sur 34 officiers, 11 ont été blessés, 5 ont été tués : le Capitaine AIT-IDIR , le lieutenant SIRI, le normalien PIOBETTA , un résistant échappé de France, le sous lieutenant LANGLOIS et l’insituteur DUPORT, qui ne croyait pas aux mots historiques, mais qui blessé à mort déclara Je meurs pour la Liberté . . (Il repose maintenant au Mont Valérien.)

Les chars légers français et les chars mediums américains ont, bien que gênés par un terrain difficile et dominés sur leur gauche par des pentes inaccessibles, réalisé des prodiges. L’escadron du capitaine de GALBERT , du 3e Régiment de spahis marocains , a fait preuve, dans la manœuvre, d’une audace qui force l’admiration.

La 4e Brigade est venue de nuit prendre position dans la tête de pont. Des pentes couvertes de broussailles dégringolant brusquement sur le thalweg encaissé. Tous les ravitaillements se font à dos d’homme ou de mulet.

Paysage truqué : un épais nuage de fumée artificielle masque constamment aux vues dominantes de l’ennemi la rivière et ses ponts de bateaux, pont du TIGRE, pont du JAGUAR .

Il n’y a de communication qu’avec l’arrière ; chaque ravin dissimule un bataillon, chaque anfractuosité, un P.C. Le long des sentiers pierreux, mais soigneusement jalonnés, s’enchevêtrent les fils téléphoniques. Pendant la journée, le soleil incite à une torpeur que les tirs de harcèlement de l’artillerie allemande ne troublent guère.

La nuit, dans la vallée, c’est l’activité fiévreuse des convois ; dans la montagne, les ravitaillements sont interminables.

En face dominant le paysage, un piton rocheux, rébarbatif : le GIROFANO , position essentielle de l’adversaire. Plus loin, vague dans la brume, le village haut perché de SAN ANDREA .

11 heure du soir.

Brusquement, vers l’Est, du côté du mont CAMINO , les crêtes sont illuminées par les leurs des départs.

Un formidable bombardement, aussi précis que violent, s’abat sur les positions ennemies. Les bataillons vont prendre place sur leur base de départ, le B.I.MP à gauche, le B.M 24 à droite, le B.M 21 en réserve derrière le B.M 24.

Toutefois, canons et mortiers allemands réagissent rapidement. Au cours du mouvement, le lieutenant ZAFIROPOULO , du B.M 21 est tué.

Lorsqu’à minuit trente, l’heure à laquelle le 4e R.T aurait dû enlever le GIROFANO, le B.I.M.P franchit la base de départ, le barrage des mortiers se déclenche sur la compagnie de gauche ; en quelques minutes les aspirants ANGLADE, WATRIN, LAVERDANT sont blessés  : puis ce sont les lieutenants ANGLADE et de BLOIS, le capitaine de LABORDE mortellement atteint , une section pratiquement anéantie ; tous les officiers sont hors de combat.

Le commandant MAGNY donne à l’adjudant chef DELSOL l’ordre de faire replier l’Unité.

La compagnie réservée, le P.C du bataillon sont également éprouvés, l’aspirant JOCHEM est tué , le médecin-lieutenant ESCALE, blessé .

La compagnie PERRAUD exécute néanmoins sa mission. A 1 heure la section tahitienne du lieutenant BELLEC attaque à la grenade le blockhaus de la cote 290, le combat se termine par un corps à corps terrible après lequel la garnison du fortin est totalement détruite ; à 2h15, la section LOAREC prend d’assaut à son tour l’ouvrage de la cote 541.

Les premiers objectifs, quoique chèrement payés sont atteints.

Mais à gauche, la position clé de GIROFANO est demeurée entre les mains de l’ennemi, mortiers et mitrailleuses s’acharnent sur la compagnie PERRAUD, à 4 heures les allemands contre attaquent sur la cote 541 ; la situation est intenable, à 4h15, le chef de bataillon donne l’ordre de repli.

Le B.I.M.P a perdu en 4 heures : 41 tués dont 3 officiers et 84 blessés ; dont 6 officiers.

De son côté, le B.M 24 a d’abord atteint ses premiers objectifs, les compagnies SOULE-SUSBIELLE et TENCE occupent à 5 heures la crête de FONTANELLE , mais découvert par le repli du B.I.M.P, contre attaquée à son tour, dans le brouillard matinal qui favorise les mouvements d’un ennemi connaissant bien le terrain, le B.M 24 est encore pris à partie par l’artillerie et perd plus de 60 tués et blessés, parmi lesquels les sous lieutenants LEBRUN, GRANIER, FAUROUX, ce dernier mortellement touché .

Enfin, à huit heures, l’observatoire d’artillerie signale que les Allemands descendant du GIROFANO s’infiltrent vers la cote 433, position de départ de la 4e Brigade. Cette menace est sérieuse.

L’échec du GIROFANO enlève de plus toute possibilité de manœuvre offensive. Le colonel RAYNAL donne l’ordre de se mettre sur la défensive.

Que le GIROFANO tombe enfin et l’on pourra repartir de l’avant. Dans la nuit du 12 au 13, les ordres sont donnés. Cette fois, le B.M 24 sera à gauche, le B.M 21, à droite, le B.I.M.P , en réserve.

Le 13 mai à 6 heures, la 4e Brigade remet ça.

A 8 heures le GIROFANO est pris par la 2e D.I.M.

Libéré de cette menace, le B.M 24 recommence l’attaque exécutée la veille par le B.I.M.P ; il fait jour et l’ennemi qui a réoccupé le blockhaus n’a pas de doute sur les intentions de ses assaillants.
A la grenade, à l’arme blanche, les tirailleurs du Tchad renouvellent quand même l’exploit des soldats du Pacifique.

Armé d’un F.M ne tirant plus que coup par coup, l’aspirant TRIPIER , de la 1e compagnie, réduit à lui seul une résistance ; à 11 heures, la cote 541, dont les pentes brulées sont jonchées de cadavres allemands, est définitivement conquise par le B.M 24 qui dénombre force prisonniers.

Plus bas, profitant du brouillard, le B.M 21 s’est infiltré à travers les champs de mines et a nettoyé le bois de FONTANELLE . A 10 heures, la croupe de VALOGNA est prise d’assaut, l’aspirant BARJOU s’empare à la grenade d’une mitrailleuse. Grièvement blessé, immobilisé sous le feu, le sergent chef sénégalais NAKIENA- BAMBA continue pendant trois heures, à commander le tir de son groupe.

A 15 heures la cote 99 est enlevée à son tour – 19 prisonniers. Reste le village de SAN ANDREA, au sommet d’un rocher à pic ; la position paraît formidable, mais l’ennemi ne se manifeste pas.

L e capitaine FOURNIER décide d’envoyer d’abord une reconnaissance de 18 volontaires, commandés par le capitaine MULLER, le lieutenant TABUTEAU , l’aspirant ROSTAND . Elle part après une concentration massive des feux de toute l’artillerie divisionnaire. On observe son escalade avec anxiété : aucune réaction ; l’adversaire aurait donc décroché ? A 18h30 la reconnaissance signale 62 prisonniers, dont 1 officier.

SAN ANDREA est pris. La rupture de la ligne GUSTAV est consommée ; la première bataille est gagnée.

Le Général de Gaulle sur le front d’Italie avec le Général Brosset, le Général Juin, et le Commandant Saint Hillier (en béret à gauche).

Le général BROSSET et les généraux alliés font le point devant le Général de GAULLE

*VERS PONTECORVO

Le Lieutenant colonel GARBAY prend la charge du secteur d’attaque de la 1e DFL. Il dispose : au nord, du BM 11, avec le 8e RCA (Régiment de tanks destroyers) et le 1e RFM (régiments de reconnaissance de la Division), plus 2 compagnies de chars medium américains ; au sud du BM 24 , qui a pris liaison avec la 3e DIA . Celleci attaque le MONTE d’ORO à 5 heures.

L’attaque du BM 24 débouche à 6h45, celle du BM 11 à 17 heures 15, en direction de CASTELLO CHIAIA. Elle progresse lentement, en raison des difficultés rencontrées. Difficultés de terrain d’abord : on ne dispose que d’une mauvais piste, le plus souvent bordée de talus et de haires ; les chars ne peuvent donc pas se déployer. La visibilité est mauvaise au milieu de ces cultures et de ces boqueteaux.

Il est à peu près impossible de repérer les tireurs ennemis, qui, bien postés, ont beau jeu et et peuvent viser à loisir. L’ennemi est disséminé partout, dans les taillis, dans les arbres, dans les maisons.

Toute la journée le combat fait rage avec des hauts et des bas. Les tentatives de débordement et de manoeuvres de l’infanterie restent sans succès. Ce n’est qu’à 17 heures, après une préparation d’artillerie très violente et l’appui des chars qui ont réussi à s’avancer au prix de pe mille difficultés, que le village est pris. Les maisons sont pleines de cadavres allemands ; de nombreux prisonniers, dont plusieurs blessés, sont capturés, mais le gros des défenseurs avec leurs chars se sont repliés en direction de PONTECORVO .

Les bataillons poussent sans dicontinuer sur le mont SANTA MARIA , où ils s’installent pour la nujit, qui est calme, le contact étant à nouveau perdu. Cependant, le BM 4 borde le LIRI en deuxième échelon, remplissant une mission de flanc-garde vers le Nord. Dans la soirée, le BM 5 se porte en avant, dépasse le BM 24 et continue son mouvement sur le MONTE CALVO, àtravers un terrain escarpé et par nuit noire ; il arrive au sommet à 5h30 du matin.

La liaison est perdue avec la 3e DIA, qui est arrêtée devant MONTICELLI. Le BM 4 , relevé de sa mission de de flanc-garde par un bataillon de la 4e Brigade, gravit la pente qui mène au col situé entre le MONTE SANTA MARIA et le MONTE CALVO , puis redescend vers le rio FORMA QUESA pour nettoyer la vallée. Ses éléments qui débouchent du col sont soumis à des tirs violents de Nebelwerfer et de 88, mais n’en avancent pas moins. Grâce à cette action, nos voisins de gauche enlèvent à 18 heures SAN OLIVA.

Vers 16 heures, le BM 11 reçoit l’ordre d’exécuter un coup de main sur le poste ennemi qui tient le pont sauté sur le rio FORMAQUESA.

Ce poste a, dans la matinée, détruit 2 Jeeps d’une patrouille du 8e R.C.A. et mis hors de combat leurs occupants.

Le capitaine TAGGER est volontaire pour cette mission.

Profitant d’un tir violent d’artillerie sur le poste ennemi, la section d’assaut traverse la rivière, beaucoup plus profonde qu’on ne le croyait, des armes sont perdues ; les munitions mouilées. Dès les premières maisons, la résistance s’avère sévère ; le capitaine TAGGER est blessé, 2 hommes sont tués.

Le 18, le Général de Gaulle, en inspection sur le front, décore quelques uns des plus brillants auteurs du succès initial.

Tombe d’un soldat Alsacien de la 1e DFL qui a succombé la veille de la prise de Pontecorvo.

Toute la journée du 19 , le B.M 11 reste bloqué devant le RIO FORMA QUESA  ; toutes les patrouilles qui tentent le passage sont repoussées avec des pertes. Au B.M 4 , une tentative de la compagnie CHABERT de franchir la rivière et de s’emparer de la cote 80 échoue malgré l’aide apportée par les chars de la 3e D.I.A qui avancent sur la route SAN OLIVAPONTECORVO.

A 16 heures, le général BROSSET décide sur place que le BM 11 attaquera sur-le-champ pour créer une tête de pont. Il disposera de l’appui des chars. A 17 heures, après une préparation d’artillerie de 10 minutes, les Shermann s’avancent sur la piste qui longe le rio FORMA QUESA , leursarmes braquées sur la rive nord. 300 mètres avant le pont, le char reçoit un coup direct d’antichar et prend feu. A cause des sinuosités de la route, les suivants ne peuvent prendre à partie l’adversaire. On décide de reprendre l’opération : nouvelle préparation d’artillerie, nouvelle tentative. Un char dépasse celui qui brûle toujours, à son tour il est touché. Pendant ce temps, les mortiers et les 88 allemands arrosent les positions. Enfin, à la tombée de la nuit, un char allemand se montre sur la rive nord. Après une longue tirailerie assez désordonnée, il semble que l’ennemi se retire.

La 3e Compagnie franchit aussitôt le rio FORMA QUESA et occupe les maisons du pont. Ce succès est inattendu. Il va permettre au GENIE de rétablir le passage pour la reprise de la progression, le 20 au matin.

Le Général CLARK, commandant de la 5e Armée U.S félicite le général BROSSET à son P.C.

Le départ n’a lieu que le 20 vers 10 heures. La 2e Brigade franchit le rio Forma Quesa , que l’artillerie ennemie arrose sporadiquement : le B.M 11 pousse à droite sur la route de PONTECORVO, le BM 5 au centre en direction du Mont MORONE et le BM 4 à gauche pour garder la liaison avec la 3e D.I.A, dont l’objectif est le MONTE LEUCIO . Le BM 24 reste en flanc-garde le long du LIRI .

Les escadrons du 1e RFM marchent avec nos élément de tête.

A 15 heures, le BM 11 se heurte au monastère de CAPUCCINI, transformé en point fort, tandis que l’aile marchante poursuit son avance sans perte ; l’artillerie et les Nebelwerfer sont actifs. Les Allemands cachés dans les haies et derrière les talus s’efforcent à coups de mitraillette de retarder le mouvement.

Nénamoins , la route PICO-PONTECORVO est atteinte et dépassée, et à 18 heures, le B.M 5 s’empare du MONTE MORONE, tandis qu’à sa gauche le B.M 4 occupe la cote 160, dominant ainsi le LIRI et menaçant le flanc droit de l’ennemi.

Mais celui-ci tient toujours dans PORTECORVO , que les Britanniques s’efforcent d’enlever. Aussi l’ordre est-il donné au B.M 11 , le 21, de s’emparer de la partie sud de PONTECORVO.

A cheval sur la rivière, la 5e Compagnie dépasse CAPUCCINI, que les fusiliers marins ont pris dans la nuit, et à midi, les premiers éléments du batiallon sont dans les faubourgs sud de la ville, dont les Allemands occupent la partie nord, de l’autre côté de la rivière.

Les deux autres bataillons consolident leurs positions et s’edfforcent d’agir sur la rive nord du LIRI.

La 13e Demi-Brigade vient alors prolonger la gauche du dispositif jusqu’au MONTE LEUCIO, piton boisé que domine un vieux monastère. L’ennemi réagit toujours violemment. Ses mortiers, son artillerie, de nombreux chars qui manoeuvrent del’autre côté du LIRI, s’acharenent. Une violente contre-attaque appuyée par une dizaine de chars balaie les pentes du LEUCIO . Les éléments avancés subissent de lourdes pertes. Le combat est très dur. Les compagnies de tête contre-attaquent quatre fois, mais, à bout de munitions, doivent se replier de quelques centaines de mètres malgré l’efficacité du tir d’arrêt aussitôt déclenché par l’artillerie.

A la nuit l’ennemi abandonne la partie laissant deux chars et 40 tués sur le terrain.

Le surlendemain, la 13e Demi-Brigade attaque en direction de MADONE DELLA SELVA qu’elle atteint dans la journée. Ce sera la pointe extrême atteinte par la Division.

Les Britanniques à droite, la 3e D.I.A à gauche s’alignent alors et font la liaison devant le front de la D.F.L qui passe en réserve et formera flanc-garde fixe de la 3e D.I.A tandis que la VIIIe Armée s’efforcera de faire sauter le pilier de PONTECORVO .

Le 22 mai, le secteur de la 2e Brigade reste calme, l’action principale étant menée par les Britanniques contre PONTECORVO, dont ils atteignent enfin les premières maisons à 17 heures.

Les mortiers prennent à partie les éléments ennemis qui se replient vers l’Ouest, mais la ville n’est définitivement conquise que dans la journée du 23 mai, et c’est dans une cité en ruines que les cloches sonnent la victoire le 24 au matin.

Le commandant LANGLOIS voulant aider les Canadiens sur la rive nord du LIRI traverse la rivière et se porte à leur rencontre à la tête d’une patrouille, il est blessé et évacué.

Le fait que la 2e Brigade ait perdu 100 tués et 360 blessés pour progresser de 15 kilomètres en cinq jours, donne une idée de l’opiniatreté qui a été nécessaire pour les surmonter.

Le 25 mai, l’ampleur des succès alliés se dessine. Après la percée des lignes GUSTAV et HITLER, la chute de PONTECORVO, la trouée de FORA SIMONE est ouverte. La jonction avec ANZIO est opérée.

L’armée Allemande se replie et c’est l’avance générale sur les routes étroites du LATIUM, encombrée de matériel abandonné, dans la poussière étouffante et l’âcre odeur des incendies mal éteints.

Peu à peu la Division va se trouver coincée et en quelque sorte asphyxiée par les Anglais et les Américains qui se précipitent pour entrer les premiers dans ROME. L’étape a été de 70 kilomètres.

Le 30 mai, la 2e Brigade se porte dans la région de CASTO DEL VOLSCI , à 40 kilomètres de PONTECORVO, tandis que le Corps expéditionnaire Français poursuit son avance en direction du Nord-Ouest, parallèlement à la rivière SARCO.

Le 4 juin , le mouvement est repris à une allure foudroyante. Alors que le convoi de la Brigade avance sur l’itinéraire CECCANO, COLLEFERRO, VALMONTONE , la nouvelle se répand de la prise de ROME .

Des ordres successifs, dictés par l’évolution rapide de la situation parviennent au lieutenant -colonel GARBAY.

Le convoi est dirigé sur PALESTRINA, puis sur ZARAGOLO , où s’installe le P.C . Les renseignements sur l’ennemi sont très vagues, le contact ayant été perdu. On suppose qu’il se trouve dans la région de TIVOLI, et à l’Est de cette localité. C’est la nuit que les bataillons débarquent des camions qui les ont transportés et commencent la marche d’approche, précédés par les Scouts Car du 1e RFM.

Le B.M 5 se porte au carrefour de l’OSTERIA CAPANELLE, le B.M 4 s’installe face à GALLICANO, auquel il ne peut accéder, le pont étant détruit. Le B.M 11 suit le B.M 5. Chaque bataillon a été renforcé à priori d’antichar de la C.A.C et d’une section de 105 de la C.C.I. Au lever du jour, le B.M 5 reprend la progression vers PONTE LUCANO, qu’ont atteint les premiers éléments du 1e R.F.M. 

La 1e Compagnie, à gauche, parvient à la rivière ANIENE, la 2e Compagnie, à droite est arrêtée par des tirs d’arme automatiques et de mortiers provenant de la Villa ADRIANA.

Après maintes tentatives infructueuses, sans moyens, l’aspirant DEMOREST , malgré le fort courant et la largeur d’eau, réussit au milieu de l’après-midi à passer avec une corde et de l’eau jusqu’au cou, suivi de quelques tirailleurs. Il est pris à partie par des armes automatiques et de mortiers provenant de la Villa ADRIANA.

Devant ces difficultés, une attaque est montée avec la 3e Compagnie.

A 14h30, profitant d’une concentraion d’artilerie, elle démarre. La progression est lente et coûteuse. Toutefois, avec l’intervention des tanks-destroyers du 7e R.C.A, l’objectif est pris d’assaut.

La 1e Compagnie arrive à 19 heures à PONTE LUCANO. La situation étant encore confuse, le bataillon réalise pour la nuit un dispositif interne, resserrant la 3e Compagnie sur la 1e.

La Villa ADRIANA , ainsi dégarnie, est réoccupée par l’ennemi qui déclenche en outre un violent tir d’artillerie et de mortiers sur le carrefour de PONTE LUCANO.

Cependant le B.M 4 occupait le carrefour de l’OSTERIA CAPANELLO, flanc-gardant le B.M 5 à droite ; et le B.M 11, ne rencontrant pas de résistance, progressait sur la gauche jusqu’à LUNGHEZZA, franchissant l’ANIENE sur le pont de chemin de fer réparé en hâte par le GENIE de la 3e D.I.A et arrivait à la route n°5 (Via TIBURTINA), ramassant une quarantaine de prisonniers à BAGNI.

Le 6 juin au matin, la 1e Compagnie du B.M 5 , accompagnée par des chars des fusiliers marins, attaque à son tour la Villa ADRIANA et enlève l’objectif. Ordre est donné au B.M 5 de se disposer au nord et au nord est des carrefours de PONTE LUCANO pour assurer la protection vers l’Est et le Nord-Est. Ce dispositif est réalisé dans la soirée, sous le tir incessant des mortiers et de l’artillerie ennemie.

Le lendemain matin, la 4e Division Britannique commence son dépassement. Les patrouilles françaises ne rencontrent plus personne. elles pénètrent dans TIVOLI à 9 heures sans opposition.

Le 8, le Général BROSSET est fait commandeur de la Légion du Mérite américain par le Général CLARK

*LA POURSUITE

L’ennemi poursuit sa retraite générale en direction du Nord-Ouest.

La reprise du mouvement est décidée le 9 au matin. Un corps de poursuite, composé de deux divisions françaises (3e D.I.A et 1e D.F.L) et placés sous le commandement du général de LARMINAT est lancé dans le sillage des divisions britanniques et américaines.

La 2e Brigade constituera l’avant-garde de la 1e D.F.L, qui a pour mission de poursuivre l’ennemi sur la route n°2, ROME-VITERBO.

Le B.M 11 et des éléments de reconnaissance forment la tête de cette avant-garde.

Après avoir traversé ROME, l’avant-garde s’avance sur la route n°2, passe successivement à SUTRI, à VETRELLA et arrive à la nuit sans avoir trouvé le contact.

Dès le lever du jour, l’approche recommence, VITERBO est dépassé.

La progression est ralentie par les destructions et les mines que l’ennemi laisse derrière lui. Une colonne britannique progresse à droite sur la route VITERBO-BAGNO REGGIO . A midi, les éléments de reconnaissance du 1e R.F.M reçoivent les premiers coups de feu.

Le B.M 11 se déploie et avance en direction de MONTEFIASCONE , vieille cité perchée sur une éminence qui offre aux allemands un observatoire de premier choix. La réaction ennemie se fait plus forte au fur et à mesure de l’avance et les progrès du B.M 11 sont lents.

Le lieutenant-colonel GARBAY décide alors, pour aider sa progression, d’envoyer le B.M 4 sur sa gauche. Il atteint sans encombres le carrefour de la route MARTA-MONTEFIASCONE, puis, prenant liaison avec la 3e D.I.A en envoyant la 1e Compagnie à MARTA , il porte le gros du bataillon vers MONTEFIASCONE qu’il menace ainsi de flanc.

A 17 heures, le général donne l’ordre de s’emparer de MONTEFIASCONE avant la nuit.

Le commandant FOUGERAT lance l’attaque avec deux compagnies soutenues par des tanks-destroyers.

Dès le début du mouvement, les éléments de tête de la 2e compagnie qui marchent sur le village sont pris à partie par des armes automatiques et des chars situés aux lisières.

Les tanks-destroyers leur ripostent et après une heure de combat, les chars se retirent.

A 18h30, la 2e Compagnie atteint les premières maisons et entame le nettoyage. La 3e Compagnie essaie de remonter les pentes Ouest le long de la route qui mène au lac de BOLSENA.

A la nuit, une patrouille ennemie parvient jusqu’au P.C de la 2e Compagnie et tue le capitaine DANIEL. Mais le terrain conquis est conservé et après que la 1e Compagnie, sa mission à MARTA terminée, est venue rejoindre le gros du bataillon, le village peut être complètement nettoyé pour 5h30 du matin. Le spumante de ses caves servira pendant plus de quinze jours à désaltérer la Division. Le Génie est mandaté d’urgence pour réparer les routes et les ponts que l’ennemi a fait sauter et permettre ainsi aux éléments motorisés de reprendre le mouvement.

Au cours de l’avance sur MONTEFIASCONE , le capitaine de frégate HUBERT AMYOT D’INVILLE, qui n’a que trente-cinq ans, saute sur une mine avec son véhicule de combat. Ainsi disparaît en pleine action celui qui avait été le second de DETROYAT dans ce bataillon de fusiliers marins destiné à sauvegarder les traditions de gloire de ceux de Dixmude, ce grand jeune homme blond, un peu grêle, au front haut, au regard perçant, avec un profil d’oiseau de proie, à la casquette rendue violette sous la triple influence du vent, de la pluie et du sable, qui, blessé sous DAMAS, a commandé le 1e Bataillon de fusiliers marins à Bir Hacheim, ce qui lui a valu d’être fait Compagnon de la Libération.

Ce capitaine au long cours qui a rallié dès 1940, ce baroudeur intrépide et obstiné que ses hommes nommaient le PACHA et ses pairs L’AMIRAL et qu’on voyait toujours flanqué de son chien-loup Bob, avait obtenu pour ses matelots transformés en cavaliers porteurs de l’insigne de l’hippocampe, des véhicules, des appareils de radio, des tanks, et pour son premier régiment de fusiliers marins, la charge périlleuse de régiment de reconnaissance divisionnaire.

Il s’agira encore une fois d’une marche d’approche, jusqu’à ce que l’on rencontre des éléments retardateurs qui tiennent pendant la journée, se replient la nuit, prennent position quelques kilomètres plus loin et donnent au gros de l’Armée allemande le temps nécessaire pour organiser une position de résistance plus au nord. La destruction, les mines, les automoteurs sont à la base de cette manœuvre.

La Brigade empruntera deux axes : à gauche, la route n°2 de MONTEFIASCONE A BOLSANO pour le groupement du Lieutenant-colonel BAVIERE (à l’Ouest), comprenant le B.M 4 renforcé d’éléments de toutes armes ; à droite, la route n°71 de MONTEFIASCONE A ORVIETO , pour le groupement du lieutenant-colonel GARDET ( à l’Est) comprenant le B.M 5 du commandant BERTRAND, l’escadron de reconnaissance LANGLOIS, le groupe d’artillerie JOUXE.

Le groupement Est a pour mission de prendre liaison avec la Division blindée sur-africaine, qui doit attaquer à BAGNO REGGIO.

Le 11 juin à midi, le mouvement reprend : le groupement BAVIERE parvient sans difficulté au FOSSO d’ARLEAN, à mi-chemin entre Montefiascone et Bolsena, où il trouve un pont coupé et où la nuit l’oblige à s’arrêter. Par contre, le groupement GARDET rencontre une vive opposition au carrefour de BAGNO REGGIO .

La 2e Compagnie notamment, est prise sous le feu d’un canon ennemi qui tire à vue directe sur elle. Par une habile manœuvre, le sous-lieutenant BELL , dont la section antichar accompagne le B.M 5, parvient à amener une pièce au défilement d’une crête et le tireur, le Caporal-chef MERCEUR, détruit en quelques coups l’arme ennemie.

Le général, qui était de fort méchante humeur dans la matinée, annonce dès 17h30 au lieutenant-colonel GARDET que les Anglais occupent BAGNO REGGIO . Il ne s’agit là, malheureusement que d’une fausse nouvelle.

La progression reprend à 20 heures, appuyée par trois tanks-destroyers du 7e R.C.A. A 21 heures, le bataillon s’installe défensivement pour la nuit au carrefour. La 1e compagnie du lieutenant CHRETIEN est en flèche sur la côte 652, qui fait face au Mont NADO , à 1 kilomètre au nord du carrefour.

Après avoir essuyé à 3 et 5 heures des tirs nourris d’artillerie, la poussée mal commencée par le groupement Est finit bien, mais les hommes sont tellement épuisés que le lieutenant-colonel demande la relève du B.M 5 pour le lendemain. Il faut presser la contre-attaque ; le Colonel GARBAY donne des ordres aux deux groupements. A 5h15, la compagnie CHRETIEN est attaquée. Tirs d’artillerie et de mortiers bientôt suivis d’une infiltration de fantassins qui utilisent les fourrés, les broussailles, les rochers. L’attaque est contenue jusqu’à 17h15, mais un groupe d’Allemands parvient à s’approcher, dans une langue de bois, et à donner l’assaut à la 2e Compagnie, la refoulant et s’installant sur le rebord du plateau. Les tirailleurs surpris ont lâché pied, deux chefs de groupe européens ayant été mis hors de combat. La situation pour le 1e Compagnie est grave, elle est trop isolée pour qu’un renfort puisse lui parvenir. La 1e section contre-attaque à la grenade et à la mitraillette, le sous-lieutenant DESCHAMPS, l’aspirant DEMOREST sont grièvement blessés, le sergent-chef MAGROS adjoint, tué, 15 tirailleurs sont hors de combat.

La contre-attaque allemande est stoppée. Au cours du répit qui suit, le lieutenant CHRETIEN, un doigt brisé, dépêche un sous-officier au P.C du Bataillon, dans une maisonnette à 200 mètres du carrefour et où le commandant d’artillerie JONAS reste aux ordres du lieutenant-colonel GARDET, et fait tirer son groupe à bouche que veux-tu, sous les objectifs qu’on lui signale. Un renfort est demandé par le lieutenant CHRETIEN qui réorganise sa Compagnie et à 8h45, ordonne à la 3e section du sous-lieutenant LE GAC de contre-attaquer à son tour. La section perd son chef, tué par grenade, mais réussit à repousser l’ennemi à 40 mètres.

Un peloton de Shermann nettoie les bois qui ceinturent au Nord et à l’Ouest la cote 562, mais ne parvient pas, pris à partie par les antichars, à contraindre au repli une douzaine d’allemands qui restent accrochés à l’extrémité Nord-Ouest du plateau qui descend en pente douce de la cote 652 et qui est pris en rasance par les 88 tirant sur la ferme au sommet de la colline chaque fois qu’une tête apparaît aux embrasures de fenêtres. Cependant, toute velléité des Allemands est momentanément calmée. L’ennemi ne réagit plus que par artillerie. A 15h30, un obus atteint de plein fouet la maisonnette du P.C, arrive dans la pièce attenante à celle om le lieutenant-colonel donne ses ordres pour l’attaque du MONTE RADO par le B.M 11 .

Cette attaque, appuyée par des chars, est lancée à 17 heures. Les moyens sont puissants, le MONTE RADO est atteint sans difficulté et sans pertes.

La nuit est assez calme et permet à tous de se reposer un peu.

Cependant, le 12 au petit jour, le B.M 4 a repris le mouvement. Dès le début du FOSSO D’ARLENA, quelques coups de mortiers arrivent. Jusqu’à 8 heures, la progression est relativement facile, malgré le terrain coupé, mais bientôt mitrailleuses, mortiers et antichars ennemis se déclenchent, arrêtant la progression et causant des pertes.

Le chef de bataillon FOUGERAT est tué à la tête de son bataillon par une rafale de mitrailleuse. Des tirs de concentration sont demandés à l’artillerie. Des chars et des tanks-destroyers arrivent en soutien.

A midi, on observe quelques chars et voitures qui se replient vers BOLSENA, et l’avance peut se poursuivre jusqu’au FOSSO MELONA .

Le bataillon, pour progresser de 1.500 mètres dans la journée, a perdu son chef, un commandant de compagnie, le lieutenant AUNE, 16 tués et 40 blessés.

Le lendemain, on atteint à 18 heures une ligne située à moins de 1 kilomètre de BOLSENA . Le succès de l’aile droite à BAGNO REGGIO détermine le repli de l’ennemi, qui évacue le village.

Le 13, la progression du groupement Est reprend de chaque côté de la route n°71. Les combats de la journée sont d’arrière-garde. Les Allemands ont décroché vers 2 heures du matin devant le B.M 5 épuisé. N’ayant pu garder le carrefour des routes 71 et de la route vers BAGNO REGGIO, perdant enfin cette ville dans l’après-midi, l’ennemi n’a plus rien à faire dans la région. A la nuit, le groupement GARDET a atteint les abords de APPARITA , encore défendu.

Dans la nuit, la Légion relève le B.M 4 et la 4e Brigade, le BM 11, et le 14 au matin, toute la 2e Brigade se trouve rassemblée au repos au bord du lac de BOLSENA.

Les opérations en Italie sont terminées pour elle.

Dans cette deuxième série d’opérations, elle a perdu 70 tués et 270 blessés, ce qui porte à 800 hommes dont 170 tués, le chiffre total de ses pertes.

Depuis le 16 mai, elle est restée constamment en point de la Division.

A partir du 13 juin, la Division marchera sur deux axes, la 1ere Brigade à gauche, la 4e Brigade à droite. Dans la nuit du 13, le 1e Bataillon de Légion, qui est en tête sur l’axe de la route nationale n°2 s’infiltre dans BOLSENA et l’occupe.

La poursuite continue.

Le 1e  BLE est sur la route, le 22e  BMNA le couvre à droite en liaison avec la 4e  Brigade . Dans ce pays accidenté, l’ennemi a accumulé les destructions.

Le Génie travaille remarquablement. L’artillerie suit au plus près la progression rapide des fantassins. SAN LORENZO, CASTELGIORGIO, ACQUOPENDENTE sont libérés.

On sent cependant que l’ennemi se reprend. La résistance est plus âpre. Les tirs sont plus nourris, les destructions plus complètes. Le 17 juin, sur tous les fronts, de RADICOFANI au Mont COLCINAJO , la Division se heurte à une ligne fortement tenue et bien organisée.

Et l’offensive recommence pour la 4e  Brigade, renforcée d’un groupement blindé, encadrée à gauche par la 1e Brigade, à droite par une Division blindée sud-africaine de la VIIIe Armée.

Chaque jour de nouveaux objectifs sont désignés.

Tous comprennent que la mission générale consiste à poursuivre énergiquement l’ennemi à travers la zone montagneuse qui barre l’accès de la TOSCANE .

Tous vont donner à fond, malgré le terrain des plus mouvementés, malgré la rareté des chemins qui contrarie transports et ravitaillements, malgré les coupures incessantes devant lesquelles les blindés doivent s’arrêter, malgré les violentes réactions de nouvelles unités allemandes accourues pour barrer la route du C.E.F.

Premier engagement le 14 : le peloton de mitrailleuses portées sur le B.M 24 est accroché au cours d’une pointe sur le terrain d’aviation de CASTEL SAN GIORGIO  ; l’aspirant MOYNE est tué. Le lendemain, le B.M 24 attaque le village de TORRE ALFINA  ; les Allemands, des parachutistes, défendent cette importante position avec opiniâtreté, infligent des pertes sensibles au B.M 24, où le sous-lieutenant ANDRIOT est blessé, l’aspirant BORRET, tué  ; une fois de plus, ils doivent néanmoins décrocher pour éviter l’anéantissement, et le colonel commandant le 10e Régiment de parachutistes échappe de peu à la capture ; TORRE ALFINA est conquis.

Le soir même, le B.M 24 et le B.M 21 sont poussés en avant, au-delà de la rivière PAGLIA, en pleine montagne. Mortiers et mitrailleuses à dos, après une marche harassante, le B.M 21 couronne à minuit le MONTE RUFFANO, tandis que le B.M 24 occupe le 16 au matin le MONTE SPANO.

En avant, toujours à la poursuite de l’ennemi qui se replie. A travers monts et ravins, trébuchant sous les fardeaux, les tirailleurs du B.M 21 atteignent le 16 à midi TREVINANO ; aussitôt après les objectifs suivants sont assignés : CELLE SUL RIGO pour le B.M 21, SAN CASCIANO DE BAGNI pour le B.I.M.P. De nouveau, l’ennemi fait tête ; son artillerie et ses mortiers pilonnent les ravins par lesquels on avance péniblement. Au B.M 21 le lieutenant ROUYER est tué, l’aspirant BEADLE , blessé.

A la nuit tombante, force est de s’arrêter ; nouveau repli de l’adversaire, nouvel effort en avant le 17  ; CELLE SUL RIGO est atteint par le B.M 21 et le 22e  B.M.N.A ; le B.I.M.P capture 4 canons à SAN CASCIANE DE BAGNI. Il faut maintenant atteindre le MONTE CALCINAJO , dernier somment avant la TOSCANE , pendant que la 1e Brigade va attaquer RADICOFANI. L’unique route est coupée en plusieurs endroits, bombardés par l’ennemi ; bien que le Génie s’affaire sous les obus, blindés et véhicules doivent rester en arrière ; matériel à dos, toujours, le B.M 21 repart à travers la montagne, sous la pluie qui glace les tirailleurs et transforme les pentes en patinoires ; ralenti par une résistance, le B.M 21 ne peut atteindre le CALCINAJO le 17 au soir ; il est néanmoins très en flèche, car le B.M 24, qui devait progresser sur sa gauche, sur la route, a vu ses véhicules immobilisés par les destructions et a dû rester en-deçà de SAN CASCIANO.

Le 18, le B.M 21 reprend son mouvement sur le CALCINAJO à travers un terrain dont les dénivellations atteignent 500 mètres. Au centre, la compagnie COUTIN occupe l’objectif à 10 heures, sans rencontrer de résistance ; à gauche, la compagnie MAROIS se heurte à une vive opposition et ne peut arriver à hauteur de sa voisine ; de l’autre côté, la compagnie MARNAY qui progresse en colonne, rencontre de nombreuses résistances et doit faire face à droite pour couvrir le flanc du bataillon.

A midi, la situation ne donne aucune inquiétude, mais le front du bataillon s’est étiré sur plus de 4 kilomètres ; la distance et les accidents de terrain isolent les unités.

A la compagnie COURTIN, sur le CALCINAJO, tout est calme. 14 heures, des nuages épais passent lentement sur la montagne ; ils couvrent peu à peu le sommet d’un brouillard silencieux. 14h30, de vagues silhouettes émergent de la brume, dans bruit ; elles se rapprochent, toujours indécises.

Un gradé croit reconnaître des casques américains ; il se lève et va la main tendue vers l’ombre la plus proche ; une rafale sèche l’abat. Brutalement au corps à corps, le combat s’engage avec des hurlements. Les fantômes appartiennent au 3e

Régiment de chasseurs parachutistes ; ils ont reçu l’ordre de reprendre le CALCINAJO à tout prix et ont l’avantage d’une surprise totale. Le sous-lieutenant CHIARI est mis hors de combat, le capitaine COUTIN, mortellement blessé, une section perd tous ses cadres et est débordée ; malgré la visibilité qui revient, la confusion commence ; l’ennemi gagne du terrain ; le lieutenant TABUTEAU entraîne sa section à la contre-attaque ; galvanisés, les tirailleurs se battent au coupe-coupe ; les Allemands commencent à fléchir devant cette furieuse résistance. Mais les pertes sont graves de notre côté , le lieutenant TABUTEAU est atteint à son tour ; tués, l’adjudant ESCUSA , l’adjudant indigène KALI, 16 gradés sont à terre, dont les 3 officiers, il ne reste que 2 sous-officiers européens de la compagnie. Cependant, seul au poste de radio, le soldat PIECHINI ne perd pas son sang-froid, la mitraillette dans une main, le combiné dans l’autre, il demande des tirs d’arrêt au bataillon, ne s’arrêtant de préciser la situation que pour faire le coup de feu sur certains d’entre eux qui arrivent à vingt pas de lui ; après le lieutenant TABUTEAU , il contribue pour beaucoup à rétablir la situation. Décimé par nos obus, l’ennemi lâche pied et reflue sur la pente du CALCINAJO . Quelques heures avant de mourir, le capitaine pourra dresser sur sa civière et rendre compte au chef de bataillon : nous avons été contre-attaqués, mais la Compagnie a bien tenu .

En même temps que toute l’artillerie divisionnaire engage le CALCINAJO de puissants tirs d’arrêt qui clouent l’ennemi au sol, le colonel RAYNAL donne au B.I.M.P l’ordre de venir dégager le B.M 21 à l’ouest et au B.M 24 de l’épauler à l’Est.

Car la situation n’est pas encore éclaircie ; à gauche, des blindés apparaissent ; ils sont d’ailleurs pris à partie par des tanks-destroyers du 8e R.C.A, qui en détruisent deux ; à droite, l’ennemi venant de FONTE VETRIANA, tente encore de s’infiltrer mais est stoppé par les mitrailleuses du lieutenant BUNTZ ; à tout le moins, les positions respectives demeurent incertaines dans l’esprit des Allemands puisqu’une de leurs voitures transportant un officier d’état-major passe tranquillement entre la 2e  et la 3e  Compagnie du B.M 21 pour aller se faire prendre par la 3e.

Les mouvements prescrits s’exécutent avec difficulté, au B.I.M.P éprouvé par l’artillerie ennemie, le capitaine BLANCHET est tué , le B.M 24 ne peut enlever DONTE VETRIANA . Néanmoins, le soir du 18 juin, l’adversaire a du s’incliner ; la 4e  Brigade a remporté sur les croupes chauves du CALCINAJO un succès chèrement disputé. Reste à l’exploiter, ce qui va être fait sans tarder.

Le 18 au matin, l’attaque est déclenchée sur le village de RADICOFANI, dont la tour perchée sur un piton abrupt domine tout le paysage. Les blindés sont arrêtés sur la route.

Les légionnaires du 1e  B.L.E manoeuvrent à pied. La 3e  Compagnie du capitaine de la HAUTIERE enlève de haute lutte le Château MEDICIS dont les murs épais, défiant toute artillerie, abritent une importante garnison.

Le sous-lieutenant POIREL réussit à y pénétrer par une fenêtre et suivi de 3 hommes seulement, se battant de pièce en pièce, repousse les 90 occupants jusqu’aux caves, où ils se rendent enfin.

De son côté le sous-lieutenant JULLIAN escalade seul le piton qui domine le village et tient en respect toute la garnison de la tour, qui s’étant abritée dans une pièce qui ne comporte qu’une issue, a commis la faute de ne pas se garder s’imaginant encore largement en sûreté.

Le village entier est rapidement nettoyé et organisé, tout est bientôt prêt pour recevoir la contre-attaque, qui ne manque pas de se produire et est repoussée avec des pertes sévères pour l’ennemi.

Le 22e  B.M.N.A pendant ce temps manœuvre dans l’intervalle qui sépare la 4e Brigade de la 1e, portant secours à l’un puis à l’autre au prix de marches forcées et de rudes combats.

C’est ce jour là qu’en fin d’après-midi disparaît un des plus fiers compagnons de la France Libre, le capitaine Paul-Emile MEZAN du B.N.A, tué par un obus au carrefour de MADONE DELLE VIGNE, alors qu’il organisait la défense antichar de la position.

Echappé de Casablanca et venu à Gibraltar à bord d’un Luciole, passé par l’Angleterre et la Tunisie, MEZAN qu’on voyait toujours à l’avant dans les barouds, toujours ganté de blanc, toujours altier et railleur, contempteur des sots et des mous, aimait à répéter et à prouver par ses actes que les Free French sont des seigneurs.

En raison de l’avance rapide les liaisons se font mal. Un des héros de la première heure, le colonel LAURENT-CHAMPROSAY, chevalier de la Légion d’honneur à vingt-six ans, cinq fois cité à l’Ordre de l’Armée, commandant à trente-six ans l’artillerie divisionnaire et le 1e Régiment d’artillerie, s’en va lui-même reconnaître une route vers SCOTTE MORTE afin d’assurer le contact avec le gros de la Division, qui se trouve sur la gauche du Régiment. Il saute sur une mine. Transporté à l’hôpital divisionnaire, il meurt des suites de ses blessures après avoir été fait (in extremis) commandeur de la Légion d’honneur. Sa dépouille est conduite au cimetière de SAN LORENZO. Il pleut. Le Général BROSSET , pourtant si rude à l’accoutumée, étranglé par l’émotion, peine à s’exprimer. Le général de LARMINAT cite en exemple le jeune colonel, assurant que la France Libre saura glorifier sa mémoire. Les derniers honneurs sont rendus. Obsèques simples. Les artilleurs sont peu nombreux, car il fallait rester aux postes de combat. La canonnade même ses plaintes aux prières liturgiques.

Le 19, le B.M 24 reprend son avance, s’empare de FONTE VETRIANA et pousse jusqu’au MONTE CETONA  ; bien que la résistance ne soit plus très vive de ce côté, le bataillon perd encore l’aspirant TRIPIER, l’un des héros du 13 mai.

A gauche, le B.I.M.P effectue une avance profonde ; malgré l’opposition de l’adversaire, qui contre-attaque à la nuit tombante, le mauvais temps, les mines les obstacles, la rivière ORCIA est atteinte, à 5 kilomètres au nord de CALCINAJO . Le 2e Bataillon de légion est passé en tête et sous une pluie diluvienne a occupé le POGGIO REGGIANO .

Le 20, au petit jour, la rivière est franchie et un dernier effort permet au B.I.M.P entraîné par le colonel RAYNAL et le capitaine MAGENDIE, d’atteindre en combattant PIAGGIO VILLANOVA, ultime objectif de la Division.

Nul obstacle gênant ne peut maintenant interdire l’accès de la plaine de TOSCANE. La 1e D.F.L, par la brutalité et la rapidité de son action, a rempli la mission qui lui avait été confiée.

Elle a obtenu la rupture irrémédiable de l’ensemble du système défensif allemand.

Dans la poussière, le régiment de reconnaissance a frayé le passage à l’infanterie. La progression s’est faire presque constamment en terrain difficile et montagneux, mal desservi du point de vue routier.

A tour de rôle les brigades d’infanterie ont effectué les chocs décisifs, appuyées efficacement par l’artillerie du lieutenant-colonel LAURENT-CHAMPROSAY qui l’avait formée à son image : ardente, dévouée, jusqu’au sacrifice, adoré du fantassin qui se sentait compris, soutenu, constamment aidé, poussant avec audace ses batteries au plus près des lignes, dépêchant ses observateurs jusque dans le no man’s land, tirant juste, vite et sans répit, toujours sur la brèche avec tous ses moyens, gagnant à elle seule maints combats, sortant de situations désespérées, clouant au sol presque toutes les contre-attaques.

Les groupements tactiques, les groupements de blindés et d’infanterie, les Combat Command Teams sont venus à bout des Kampfgruppe, de Kesselring. Les bataillons se sont relayés en tête du dispositif d’attaque pour avancer dans la poussière des mauvaises pistes.

Tandis que les fantassins se relevaient, le Train, les Forces Terrestres Antiaériennes qui servaient aux transports en camion, le Génie, toujours occupé à réparer brèches et ponts, à déminer les zones dangereuses, tous les services n’ont pendant cette campagne jamais connu de repos, de jour comme de nuit, dans un terrain difficile et montueux, au long des sentiers, ravins et chemins poudreux, rocailleux et défoncés. Sans eux les combattants des premières lignes n’auraient pus poursuivre, talonner et frapper à coups de butoir les Allemands qui avaient admirablement préparé leur défense.

Tandis que les éléments du 8e Régiment de chasseurs d’Afrique menaient à bien et rapidement les opérations de poursuite, les chars américains qui renforçaient la Division, apportaient une aide précieuse pour toutes les opérations de rupture.

La plus enthousiaste des armées, les soldats les plus ardents à se porter dans la mêlée ne valent que par leurs chefs. Pour son premier engagement d’envergure dans le cadre des armées alliées, dans le corps expéditionnaire du général JUIN qui devait définitivement prouver à nos alliés que rien n’était perdu des vieilles vertus militaires françaises, la 1e D.F.L dont chaque unité donnait enfin toute sa mesure, était conduite, entraînée au combat par un grand guerrier.

C’est en Italie que le général Diego BROSSET, descendant de lyonnais et de Liégeois, gendre de MANGIN, qui a profité du long séjour en Tunisie pour fondre, organiser, instruire les éléments valeureux, mais disparates, de la Division dont il a pris le commandement le 2 août 1943, a donné toute sa mesure.

Ce Maixentais, camarade de promotion de DELANGE et DE ROUX, breveté d’état-major, s’est en 1915 engagé à 17 ans dans un corps franc du 68e bataillon de chasseurs alpins, en est revenu avec cinq citations, a connu l’occupation en Rhénanie, parcouru le Sahara, d’Algérie au Maroc, de Mauritanie au Soudan, mené à bien des explorations et des contre-rezzous Il a reconnu le premier avec la compagnie de la Saoura, Tindouf la mystérieuse, en 1925 ; fait ses preuves comme Officier des Affaires étrangères dans l’extrême Sud marocain où il a préparé seul dans un poste l’Ecole de Guerre, où i l a été reçu en 1937.

Débordant de force et de vitalité, ce lecteur acharné, qui parle couramment l’anglais, l’espagnol, l’arabe et apprend l’allemand, ce passionné de littérature, ami de Bruller (le Vercors du Silence de la mer), a dans un roman fait ses adieux au Sahara avant de nouvelles expériences.

Chef du 2e Bureau en 1940, il a dès 1940, adressé une lettre d’avertissement à Weygand pour le mettre en garde et lui dire ce qu’on attendait de lui et une lettre de ralliement à de GAULLE, refusant de s’abriter derrière le paravent de la discipline, prenant le plus grand risque pour mieux servir, optant pour la France Libre au moment le plus difficile, après Mers-El-Kebir, après Dakar.

On le dirait nourri des rêveries sur l’art de la guerre du Maréchal de Saxe, tant il semble en se jouant des difficultés mêler la fantaisie de l’improvisation aux sévères rigueurs de la logique, nourris son infatigable ardeur physique et morale de la substance même des combats et du feu de la bataille.

On le voit partout, en première ligne, toujours avec les unités engagées qu’il lance dans la bagarre, toujours en liaison par radio avec son chef d’état-major, modifiant sans cesse sur le terrain emplacements, situations et ordres, communiquant son enthousiasme et son feu à ses troupes, qui connaissent ses réparties tantôt brutales, tantôt pleines de fantaisie et de familiarité, son amour de la course à pied, du ballon et de la natation, l’habitude qu’il a de circuler, presque toujours en short et sans jamais abandonner le képi, quels que soient le temps et l’occasion, à toute vitesse, dans une jeep à sirène hurlante qu’il conduit lui-même jusque dans le no man’s land.

La Campagne d’Italie s’achève le 21 juin pour la 1e DFL, qui doit déjà songer à se recompléter avant de regagner TARENTE et BRINDISI, d’où elle partira pour la France.

En 45 jours de combat, la Division a perdu plus de 2 000 blessés dont 200 officiers.

Le long des routes qui conduisent à NAPLES au seuil de la TOSCANE, elle laisse près de 700 tombes. 49 officiers ont été tués, dont 2 colonels et 2 chefs de Bataillon tombés à la tête de leurs unités.

*EN SAVOIR PLUS

Photothèque de la Campagne d’Italie Film INA : La campagne d’ITALIE ; 01h34min23s

**PUBLICATIONS

** Références bibliographiques

La campagne d’Italie : les victoires oubliées des Français, 1943-1944 NOTIN Jean Christophe. Perrin, 2002

**Liens externes

Article : Les français dans la Campagne d’Italie sur le site Chemins de mémoire Discours du pape Jean-Paul II à un Groupe d’anciens combattants de la DFL le 26 mai 1986 Photographies : http://hsgm.free.fr/montecassinophotos.htm