1944 : Vers Belfort

1944 : Vers Belfort

Pendant deux mois, toutes les unités tiendront les lignes en permanence dans des conditions physiques très dures, déplacées sans cesse d’un secteur à l’autre, travaillant sans relâche à organiser un terrain aussitôt abandonné, engagées sous bois ou dans les villages ouvriers de RONCHAMP dans des combats de détail mais souvent très meurtriers. Jeunes recrues incorporées de la veille et anciens formés et durcis par cent combats rivalisant d’endurance, de calme et de bonne humeur surmontent toutes les difficultés.
Il est impossible de narrer par le détail toutes les relèves et tous les combats, choisissons en quelques uns.

Le 26 septembre, le BM 4 attaque ANDORNAY. La résistance ennemie est farouche. En face ce sont des SS bien abrités dans leurs trous aménagés avec soin, des fanatiques auxquels leurs chefs ont promis l’épaulette s’ils tenaient . Aussi l’avance est elle lente et coûteuse : canons automoteurs, mortiers et armes automatiques de l’ennemi font des ravages parmi les Sénagalais et leurs cadres. La 1ere Compagnie parvient néanmoins à la lisière d’Andornay : il reste maintenant à nettoyer le village et ce n’est pas le travail le plus simple : dans chaque maison il y a des Allemands obstinés qui ne se rendent pas.

La section de l’Aspirant GEOFFROY est chargée de nettoyer un pâté de maisons. L’officier -blond, rose, imberbe et joli comme une fille, mais admis par les plus vieux grognards comme un baroudeur extraordinaire – est un vétéran de l’Italie et de Toulon ; il en a vu d’autres !
Il se met avec entrain à la besogne. Et de ferme en ferme, il progresse, se tenant lui-même à l’avant-garde. Peu à peu, tous les Allemands y « passent » les pertes sont lourdes. Une villa transformée en blockhaus résiste obstinément. GEOFFROY prend un groupe et répartit les hommes : il emmène avec lui les servants du F.M tandis que les autres fixent la résistance. Mais, malgré toutes les précautions prises, l’officier et ses tirailleurs sont vus. Le tireur au F.M est tué. Va-ton attendre le reste de la section ? Non, le temps presse : il faut en finir avant la nuit. Et puis, on a jamais vu cet aspi se dégonfler. Il prend le F.M lui-même et continue sa manœuvre d’un air résolu. Les tirailleurs suivent leur chef. L’ennemi tire de plus belle, l’avance continue. Mais soudain GEOFFROY tombe, les bras en croix. Il ne bouge plus. Une balle au cœur.

Le 27 septembre, le Bataillon de Marche n 21, parti la veille de PALANTE, s’est emparé de CLAIREGOUTTE après un combat qui a duré toute la matinée. Les Allemands qui n’ont pas été pris ou tués se replient précipitamment vers les bois. Le désarroi est dans leurs lignes. Laissons ici, parler le Lieutenant GRAS, chef de section au BM 21.

Deux sections de la 32e compagnie sont désignés pour pousser une pointe vers FREDERIC-FONTAINE en liaison avec un peloton de chars légers.

Les tirailleurs prennent aussitôt la formation en colonne par un, puis, vêtus de leur imperméable maculé de boue et coiffés de leur casque anglais, ils s’en vont d’un pas lent et flegmatique en portant allégrement leur indescriptible barda alourdi de tous les niama-niama dont peut se charger le Sénégalais. Le tireur au bazooka ferme la marche, son tuyau de poêle en bandoulière et les quatre obus rangés religieusement pliés dans un mouchoir qu’il porte à la main. Nous nous acheminons ainsi vers la droite de CLAIREGOUTTE au milieu des murs en ruines et des maisons éventrées qui témoignent encore de l’acharnement du combat.

Nous rejoignons les fusiliers marins de l’Enseigne de Vaisseau BARNODUN , qui, avec leurs petits chars M3, armés d’une mitrailleuse de 7,6 mm et d’un canon de 37 mm doivent opérer avec nous. Devant eux s’ouvre la route de MAGNY-JOBERT . Sur la gauche, une grande prairie bordée de vergers monte en pente douce vers le Sud-est. Au fond, vers le Sud, c’est la forêt, tout à l’air calme, rien ne décèle la présence de l’ennemi. Ce n’est qu’apparence, car un fusilier marin en béret, caché derrière une haie guette, la mitraillette au poing. Il y a des Allemands dans la praire à côté de la route . Et il désigne un point à environ 200 mètres. Ils sont là dans des trous à ras du sol .

Le Sous lieutenant TOMMASI met sa section en place derrière le talus de la route de FREDERIC FONTAINE . Les fusiliers marins mettent en marche les moteurs de leurs chars. Lorsque tout le monde est prêt les deux chars ouvrent le feu. Tout en tirant, ils avancent le long de la route de Mangy-Jobert et les tirailleurs s’élancent à leur suite.
A quelque distance de la position repérée, les deux chars s’arrêtent et cessent de tirer, nous les dépassons au pas de course en criant aux Allemands de se rendre. Soudain, à 10 mètres devant nous, 3 Allemands surgissent du sol en levant les bras et viennent vers nous en hésitant, les yeux hagards et les traits crispés par l’angoisse et l’affolement. Le mouvement est donné : d’autres se lèvent au fur et à mesure que nous avançons et il y en a bientôt 30. Quelques rafales de mitraillettes : ce sont les tirailleurs qui tuent les Allemands trop lents à sortir de leurs trous.
Le troupeau des prisonniers emportant ses blessés est acheminé vers l’arrière et nous reprenons la progression ; tout à coup, un tirailleur qui s’était un peu écarté sur la gauche est pris à partie par des Allemands qui lancent des grenades. Le sergent-chef MAHAMAD dirige aussitôt le feu de son F.M sur eux. Mais l’arme s’enraye et deux allemands en profitent pour s’enfuir.
Le lieutenant en abat un d’une rafale de mitraillette et l’autre est tué presque aussitôt par le char de BARNODUN qui s’est détourné de sa route pour le poursuivre. Tout près de là, nous tombons sur des trous où de jeunes allemands de 17 à 18 ans qui n’osent pas prendre un parti aussi courageux nous regardent avec affolement, ne sachant s’ils doivent sortir du trou comme je le leur crie en allemand, ou lever les bras pour montrer qu’ils veulent se rendre. L’air farouche de nos tirailleurs a tôt fait de leur faire retrouver une agilité qu’un séjour prolongé sous la pluie aurait dû cependant leu faire perdre.
Le terrain est maintenant nettoyé. Plusieurs cadavres jonchent la position conquise. Au pied d’une haie, un Oberlieutenant, la tête fracassée râle et son corps se soulève encore de quelques soubresauts d’agonie. Un peu partout, traînent des casques, des armes, des équipements abandonnés sur le terrain.

La 3e Section, un peu dispersée par la capture de tant de prisonniers, revient vers CLAIREGOUTTE où elle se regroupe avant de partir.

En effet, d’autres Allemands ont été repérés en haut de la prairie. Nous leur tirons dessus et ils disparaissent dans des trous ; enhardis par le succès, nous décidons de gagner FREDERIC FONTAINE . La 1ère Section suivra en deuxième échelon avec un autre peloton de chars et n’interviendra qu’en cas de besoin. La mitrailleuse et le mortier de 60 qui sont à ma disposition, resteront en appui sur la route de MAGNY-JOBERT et, en cas de besoin, protègeront notre repli.

A 15 h 30, la 3e Section est les chars s’ébranlent. Mitrailleuses et mitraillettes balayent le terrain devant nous, obligeant les Allemands à baisser la tête. La progression est si rapide que nous devons presque courir pour suivre les chars. Cette course effrénée reprend de plus belle en haut de la prairie et lorsque les chars s’arrêtent, les tirailleurs se précipitent en hurlant vers les trous, d’où les Allemands sortent, en jetant leurs armes. Une quarantaine de prisonniers est bientôt faite. Les tirailleurs, qui croient que le combat est fini, s’attardent autour d’eux pour les fouiller.

Cependant au-delà de la route d’ ANDORNAY , nous apercevons des Allemands qui s’enfuient vers la forêt. Nous leur tirons dessus de longues rafales et plusieurs d’entre eux tombent, mais lorsqu’ils arrivent à la lisière, ils se tournent contre nous, et bientôt les balles claquent à nos oreilles. Nous sommes obligés de nous coucher et de nous installer sur la route d’ANDORNAY.

Le sous-Lieutenant TOMMASI occupe alors les premières maisons de FREDERIC FONTAINE , puis regroupe la Section à l’entrée du village.

Pendant ce temps là je fais avancer la 1ère section ( sous-lieutenant COMPAIN ) sur la route d’ ANDORNAY pour tenir les Allemands de la forêt et nous protéger contre les infiltrations sur notre droite.

Il s’agit maintenant d’entrer dans FREDERIC FONTAINE. Un groupe de la 3e Section tâte le terrain et s’engage avec un char dans la rue principale. On lui tire dessus sans qu’on puisse déterminer d’om viennent les coups. Le village est désert. Tout indique qu’il est occupé par les Allemands. Les tirailleurs de la 3e Section essaient de progresser de maison en maison, mais avec beaucoup de prudence car nous sommes à 1 kilomètre et demi du reste de la Compagnie et il ne nous est pas possible de nous engager à fond dans une bataille de rues, avec une seule section, j’envoie donc un compte-rendu au capitaine lui indiquant notre situation et lui demandant de nous rejoindre avec la 2e Section et les mitrailleuses, et d’amener des tanks destroyers.

Peu après le Sergent SABRE nous envoie un prisonnier qu’il a fait en fouillant une des premières maisons du village. Il révèle que les Allemands sont bien encore dans FREDERIC FONTAINE, mais qu’ils sont complètement désorganisés par leur défaite du matin et que le plus grand désordre règne chez eux.

Si le renseignement est exact, et il l’est très probablement, il ne faut pas laisser aux Allemands le temps de se ressaisir et de s’organiser dans le village.

Nous tentons alors à nouveau de progresser dans la rue principale.

La 3e Section s’y engage en deux colonnes rasant les murs. Deux chars M3 nous suivent au plus près pour nous appuyer. Nous avançons rapidement de chaque côté de la rue en fouillant les maisons d’où nous extirpons des Allemands qui sont encore abrutis par le bombardement d’artillerie qu’ils viennent de recevoir. Les habitants sortent de leurs caves pour nous acclamer. Quelques uns nous font cadeau d’Allemands qui s’étaient réfugiés chez eux, apeurés, à l’abri des bombardements. D’autres brandissent des bouteilles de goutte et nous avons toutes les peines du monde à nous en défaire pour continuer notre progression.

Nous arrivons enfin au bout de ce village interminable et nous sommes encombrés de prisonniers qui nous suivent les mains en l’air. A la sortie du village, le lieutenant TOMMASI s’installe en bouchon face à la forêt. Les chars s’embossent dans les vergers, sur la défensive.

Pendant que nous occupions ainsi FREDERIC FONTAINE , la 1ère Section était restée à l’entrée Ouest, face aux Allemands de la forêt et s’accrochait sérieusement avec eux. Elle recevait également un tir d’arrêt qui lui causait quelques pertes.

Le sous-lieutenant CAMPAIN était lui-même blessé ainsi que le sergent-chef COLONNA et deux autres sous-officiers de la section. Un soldat européen était tué et un obus malheureux, tombant par malchance dans la tourelle d’un tank destroyer, le mettait en feu.

Ce tir d’arrêt arrivait trop tard. La 3e Compagnie s’installait en position défensive et constituait immédiatement un solide point d’appui bientôt renforcé par l’arrivée de chars légers, de tanks destroyers, de mitrailleuses lourdes et de mortiers.

La 2e Section ( sous-lieutenant ALBOSPEYRE ) était axée vers le nord, la 3e Section ( Sous-lieutenant TOMMASI) restait en position à la sortie du village et la 1ère, dont je venais de prendre le commandement, s’installait face au Sud à l’entrée de FREDERIC FONTAINE.

La nuit vint vite, et avec elle, le calme et le silence, nous permettant d’achever notre installation et de nous reposer un peu.

Outre les nombreux morts qui restaient sur le terrain et parmi eux, un sous-lieutenant, 140 prisonniers étaient tombés entre les mains de la 3e Section ainsi que 6 mitrailleuses L.M.G. ; un ofenrohr, des panzerfausts et de nombreuses armes individuelles.

Ce n’est que le lendemain matin vers 7 heures que les Allemands vont chercher à reprendre FREDERIC FONTAINE . Ils ouvrent tout d’abord un feu violent d’artillerie et de mortiers. Les obus pleuvent sur le village et au bout d’une heure, la Compagnie a une trentaine d’hommes hors de combat, dont le sous-lieutenant TOMMASI qui est sérieusement blessé.

Vers 8 heures, l’Infanterie attaque, appuyée par des mitrailleuses lourdes et des chars qui, embossés dans le bois, tirent à obus perforants sur les maisons. Un groupe de la 1ère Section est obligé de se replier de plusieurs maisons. Mais le débouché de l’attaque est stoppé par deux mitrailleuses lourdes qui se trouvent avec la 1ère Section, et par le tir d’arrêt de notre artillerie.

Les Allemands surpris en plein terrain découvert refluent précipitamment vers leur base de départ en abandonnant beaucoup de morts sur le terrain.

Pendant plusieurs heures, le bombardement continue, nous causant de pertes, mais la position demeure intacte et FREDERIC FONTAINE reste entre nos mains .

Article sur les combats de Frédéric Fontaine (documents Joseph Sigward)

Ce sont des combats comparables qui mènent le BIMP à MAGNY-JOBERT, le BM 11 à LOMONTOT, le 2e Bataillon de légion au col de la CHEVESTRAYE .

Dans la région d’EBOULET, le 22e BNA est durement éprouvé. Son aumônier, le Capitaine BIGOT , toujours en 1e ligne, apporte le réconfort de sa présence. En allant chercher le corps d’un de ses tirailleurs, il est fait prisonnier, le lendemain, son corps est retrouvé.

Il a été assassiné d’une rafale de mitraillette dans le dos ainsi que les 4 tirailleurs qui l’accompagnaient. Les tirailleurs musulmans adorent leur Padre, coïncidence curieuse, pendant plus de quinze jours, le bataillon ne ramènera pas un seul prisonnier. Au début d’octobre, les combats sont particulièrement durs autour de RONCHAMP .

C’est au cours d’un de ces combats que le capitaine-vétérinaire Jean MATHIEU , qui avait rendu ses galons, est tué à la tête de sa section d’infanterie.

Il est malheureusement impossible de monter une action d’ensemble, car, après l’essence, ce sont maintenant les munitions qui font défaut.

Les vosges et Belfort

Avant le 19 novembre, il n’y aura pas d’opération d’envergure dans l’ensemble du secteur tenu par la Division.

Rien que des actions locales incessantes, une guerre d’embuscade dans la pluie, la boue et la neige. Les troupes s’enterrent, creusent des abris, posent des barbelés et des mines, organisent solidement les positions protégées par des abatis et des barrages au long d’un front distendu et derrière lequel il n’y a pas de réserve. Les trous se remplissent d’eau. Transports et ravitaillement sont pénibles. Il faut souvent recourir aux mulets.

Les points d’appui à 800 ou 900 mètres d’altitude, assez éloignés les uns des autres, sont reliés par des patrouilles qui doivent progresser tantôt sur des pistes défoncées ou des fondrières, tantôt sous bois.

L’artillerie ennemie continue à être active. Les relèves sont à peu près inexistantes, presque impossibles.

Le monotonie de cette longue période n’est rompue que par l’échange de coups de feu, les embuscades, les arrivées d’obus et de mortiers et les quelques tirs d’arrêt que doit déclencher l’artillerie lorsque les Allemands cherchent à s’infiltrer trop profondément. Tous les jours cependant, le compte-rendu des opérations mentionne des pertes, des tués, des blessés, des évacués. L’épreuve est dure pour tous et surtout pour les coloniaux qui ont à souffrir du paludisme.

Le commandement ne l’ignore pas qui connait la faiblesse du dispositif et suit avec anxiété les réactions de l’adversaire.

Presque toutes les unités perdent leurs vieux tirailleurs sénégalais parfaitement instruits et connus par leurs chefs. Il a fallu les remplacer du jour au lendemain, pour l’hiver, par des « jeunes » engagés de la Métropole, des éléments F.F.I., des escadrons du 11e Cuirassiers , le maquis de Chambarand et les bataillons du Charolais et du Morvan , jetés immédiatement dans la bataille sans avoir pu parfaire leur instruction technique, presque toujours insuffisante, tandis qu’en face, où le moral est certainement moins élevé, on compte en majorité des sodats aguerris, solidement encadrés qui croient fermement à l’entrée en action imminente des nouvelles armes secrètes.

Relève indispensable, parce que les combattants coloniaux ont été au delà de leur limite de résistance à l’hiver ; relève pébible au coeur de bien des gradés qui voient avec tristesse s’éloigner les anciens tirailleurs, modestes et bons artisans de la Libération, relève sacrée, car, avec des jeunes gens venus de la Résistance, de l’Université ou de l’atelier , plus riches de foi que d’expérience, c’est le peuple français enfin libre qui se dresse pour la Victoire.

La pénurie d’habillement, de vêtements chauds, de couvertures ne tarde pas à se faire sentir.

La tenue de débarquement a été allégée au maximum et les véhicules des 3e, 4e et 5e vagues renfermant les sacs « B » rejoigent tardivement.

En un mois cependant les cinq bataillons noirs seront « blanchis » ainsi que les services et armes annexes.

Les tirailleurs sont dirigés sur les camps du Midi. Le Bataillon du Pacifique passera l’hiver à Paris.

L’introduction dans le dispositif de plusieurs unités F.F.I ne possédant acun véhicule tous terrains, pas d’armes lourdes ni de moyens de transmissions, avec un armement individuel disparate ne simplifie pas la tache des cadres ; mais les Free French ne sont pas pris de court. Grâce à ces nouveaux bataillons, des relèves plus fréquentes pourront être organsiées parmi les troupes en ligne. Certains d’entre eux fusionnent complètement avec les unités aguerries. Malgré les difficultés résultant du temps et du mauvais état sanitaire, malgré la fatigue des pionniers et des sapeurs attelés à leur travail de Pénélope sur des itinéraires qu’il faut sans cesse adapter ou refaire entièrement, le secteur sera solidement tenu et les positions seront même améliorées.

Le front est de plus en plus linéaire et distendu. (La 2e Brigade doit s’étirer sur 15 kilomètres).

Le 23 octobre , le front s’allonge encore de 5 kilomètres environ englobant au Nord Rupt-sur-Moselle et la Tête du Géant.

Le 1e novembre, le 1e B.L.E, sous les ordres du commandant de SAIRIGNE , passe provisoirement à la 3e Division africaine voisine pour le dégagement de la route de REMIREMONT nécessaire au ravitaillement.

Il participera ainsi jusqu’au 9, dans des conditions extrêmement brillantes, à une action offensive et brisera ensuite les violentes contre-attaques ennemies lancées sur la position qu’il a réussi à occuper.

Mais à son retour à la Division, quelques jours plus tard, il aura perdu 200 des siens, tués ou blessés.

Le 8 novembre, les ponts provisoires sont endommagés par les crues et le GENIE, déjà surchargé par les travaus d’organisation défensive et d’entretien des pistes, doit procéder d’urgence à leur consolidation ou à leur remplacement.

Le même jour on signale en face de la Division nord-africaine, qui se trouve à gauche, l’arrivée d’une Division allemande fraîche venant de Norvège. Aussi, pour permettre à l’unité voisine de s’organiser plus solidement, le front est encore une fois étiré pour atteindre une longueur de 35 kilomètres.

Le front des Vosges ne pourra s’allumer à nouveau que lorsque le rétablissement des lignes de ravitaillement avec les côtes de Provence aura permis de reconstituer les dépôts suffisants.

On comprend mieux maintenant que la quinzaine perdue entre LYON et DIJON par suite du manque d’essence a permis aux Allemands de préparer au maximum leur défense et d’amener des renforts.Un temps d’arrêt est absolument indispensable pour terminer la remise en état des installations portuaires, la réparation des voies ferrées et la pose d’un pipe-line le long de la VALLEE DU RHONE. Ces moyens à grand débit permettront seuls d’amener à pied d’oeuvre les énormes quantités de matériel, munitions, essences et vivres nécessaires à la reprise de l’offensive.

A partir du 10 novembre commencent les préparatifs d’une action générale, en direction de la Haute-Alsace.

Le 14, de MONTBELIARD A BELFORT , le 1e CA attaque. La 1e DFL doit bientôt entrer en action à son tour avec le 2e CA du Général de MONTSABERT .

Elle doit s’emparer de CHAMPAGNEY et de GIROMAGNY.

La neige brille sur les contreforts des Vosges ; le temps est clair et froid. L’avance du 1e CA prend de l’ampleur. Le nom de la LISAINE devient celui d’une victoire, HERICOURT et MONTBELIARD sont libérés .

Chacun attend le jour J avec une impatience croissante.

Enfin l’ordre arrive : 19 novembre.

L’offensive de la Division sera menée par trois groupements tactiques constitués (Regimental Combat Team).

–   le RCT 3 du Colonel RAYNAL (4e Brigade et Groupement blindé), qui agira sur l’axe CHAMPAGNEY-PLANCHER-BAS-AUXELLES-BAS-GIROMAGNY et exploitera en direction de ROUGEMENT LE CHATEAU.

–   le RCT 2 du Lieutenant-colonel BAVIERE (2e Brigade et Groupement blindé) attaquera sur l’axe FRESSE-COL DE LA CHEVESTREYE-AUXELLES HAUT-GIROMAGNY.

–  le RCT 1 du Colonel DELANGE (1e Brigade et Groupement blindé) n’entrera dans la bagarre qu’à partir du 24 et reste provisoirement en réserve.

Les éléments des groupements blindés seront fournis par le 1e Régiment de fusiliers-marins et le 8e Régiment de chasseurs d’Afrique.

Le 18 à 17 h30, les patrouilles de la 4e Brigade, très actives, signalent que l’ennemi se replie.

Le lendemain la situation se présente comme suit :

–  Au R.C.T 3 on part à l’attaque avec confiance. Les premières positions ennemies sont abandonnées. Mais dès 9h30 le BIMP  qu’entraîne le Commandant MAGENDIE et qui progresse dans un terrain accidenté et entièrement boisé, se heure à une sérieuse résistance ; le capitaine BRAZO est blessé et peu s’en faut que le Général BROSSET , toujours aux premières loges, ne le soit aussi.

A 11 heures, tout le BIMP  est au contact de défenses solides et difficiles à repérer.

Plus au Sud, l’avance est relativement facile malgré les mines, à 10 heures, le BM 21 occupe le village de SOUS-LES-CHENES , à 10h30, il entre en premier dans CHAMPAGNEY en présence du Général, qui semble être troujours en tête et partout à la fois ; à midi le BM 24 , dont le Médecin-capitaine JUGUET est blessé, dépasse CHAMPAGNEY par le Nord ; à 2 heures, LE MAGNY est occupé par le BM 21.

Mais à partir de 3 heures, les premiers éléments se heuretent à une sérieuse résistance dans le bois de PASSAVANT  ; le Lieutenant ROBERTSON du BM 22 est tué. Des résultats substantiels sont rapidement acquis en dépit des mines, pièges, destructions et des inondations.

–   Au RCT 2 à 15h30, après une violente préparation d’artillerie, le BM4, qui occupait le versant sud du Col de la CHEVESTRAYE, s’élance et enlève les positions devant lesquelles il était arrêté depuis des semaines et auxquelles l’ennemi s’est accroché pendant toute la préiode précédente.

Le BM 5, qui tenait les crêtes séparant la vallée de la FRESSE de la vallée de CHAMPAGNEY, s’avance jusqu’à dominer le village de PLANCHER-LES-MINES .

Dans l’ensemble, l’ennemi qui ne dispose pas d’effectifs considérables a résisté dur en utilisant au mieux le terrain boisé qu’il a pu organiser parfaitement.

Le 20, les résultats de la veille rendent plus facile la progression. Tandis que le 1e CA aborde BELFORT et le SALBERT , le succès va se décider si nettement qu’il dépassera les espoirs les plus optimistes.

–   Au R.C.T. 2 le 22e BNA, retardé par la traversée de champs de mines, s’empare du Col de la CHEVESTRAYE , permettant ainsi au GENIE d’entreprendre le déminage et le déblayage de la route qui descend en lacet vers PLANCHER-LES-MINES .

BM 4 et BM 5 continuent leur progression, franchissent la vallée et poursuivent sans désemparer sur AUXELLE-HAUT et la crête du Mont SAINT-JEAN.

–   Au RCT 3, le BIMP. atteint le village de PRE-BRESSON .

Le Général BROSSET est au premier rang ; il lance aussitôt sur PLANCHER-BAS l’escadron BARBEROT, un peloton de tanks-destroyers en deux sections portées. Les Allemands fuient en abandonnant les ponts minés, mais non détruits, ils essaient vainement de se rétablir avant AUXELLE-BAS qui est enlevé à 1 heure de l’après-midi.

2 kilomètres après AUXELLE-BAS les blindés trouvent une coupure infranchissable tandis que plusieurs antichars se dévoilent ; force est de s’arrêter et d’attendre l’infanterie.

Pendant ce temps, le BM 21 et le Groupement Gastines occupent successivement les GRANGES-GODEY, ERREVET, BAS-EVETTE, la CHAPELLE-SOUS-CHAUX.

L’avance est plus rapide, les résultats encourageants, et le Général BROSSET stimule par sa présence les troupes engagées. Il est plus actif que jamais, pressentant le succès de l’opération qu’il a longuement préparée.

Le Colonel GARBAY, commandant l’infanterie divisionnaire, prend le commandement de la Divsion.

C’est un colonial qui a mis sur pied, organisé le BM 3, l’a mené à la victoire en Erythrée et en Syrie, et n’a cessé depuis de participer, avec la 2e Brigade, à toutes les campagnes de la Division.

Son premier ordre du jour se termine par un appel qui ne sera pas lancé en vain :

 » Les opérations se poursuivent. Nous resterons dignes de nos Morts . »

La bataille entre dans une phase décisive. L’ennemi a vu le point faible et sa riposte brutale ne se fait pas attendre. Dans un effort désespéré il va essayer de couper l’axe de ravitaillement de la 1ere D.B. contrainte de se retrancher dans MULHOUSE en attendant l’arrivée de son essence et de ses munitions.

Avec des unités prélevées sur le secteur des VOSGES , le commandement allemand lance sans répit des contre-attaques pour bloquer la route de DELLE à MULHOUSE . Plusieurs actions sur la droite de la Division pour dégager cet axe n’aménent pas de résultats décisifs.

Cette situation critique ne sera rétablie que lorsque le Plateau BURNHAUPT-LE-HAUT atteint, on pourra occuper la rocade CERNAY-ALTKIRCH et réaliser la liaison avec l’infanterie du 1e Corps, venant du Sud.

Il faudra plusieurs jours de combat, pour que la 1e DFL s’acquitte de cette tâche épuisante.

Le 20 au soir, le BM 24 a franchi la coupure de la route de GIROMAGNY.

Le 21, dans un terrain détrempé, l’avance se poursuit et les éléments blindés appuient au mieux l’Infanterie dans ces zones fangeuses et infestées de mines.

Le BM 4 termine le nettoyage du Mont SAINT-JEAN .

Le BM 5 occupe Le PUIX-GY et au Sud, une usine de tissage, coupant ainsi la route vers le BALLON d’ALSACE  ; le B.M 24 enlève à la baïonnette une tranchée entre TETE-DES-PLACHES et TETE-D’HANUS et atteint le cimetière de GIROMAGNY .

Le BM 21 arrive aux lisières Ouest de la CHAPELLE-SOUS-CHAUX. La progression en terrain détrempé se heurte à une forte résistance et au Sud, en particulier, à des réactions de mortier de 88.

Le GENIE est sans cesse sur la brèche, reconnaissant la fosse antichars, aménageant le terrain en déminant.

Le 22 novembre, les efforts de la veille sont couronnés de succès.

Au petit jour, les patrouilles du BM 5 pénètrent dans GIROMAGNY hâtivement évacuée.

C’est de nouveau l’avance sur toute la ligne. Pendant que le BM 5 ramasse force prisonniers, le BM 24 et le Groupement blindé du chef d’escadron de GASTINES traversent GIROMAGNY .

Le pont principal est détruit, mais sur les indications des habitants, deux ponts secondaires, situés à l’intérieur des usines sont utilisés sans perdre un instant.

VESCEMONT est occupé par le BM 24 . Le contact est repris à ROUGEGOUTTE où l’ennemi tient encore tête sur une quatrième ligne organisée ; à 16 heures, ROUGEGOUTTE est entre les mains du BM 24 .

Le BM 21 tout en devant désembourber les voitures des attelages de boeufs, occupe CHAUX, SERMAMAGNY , où la 2e Compagnie surprend un point intact sur la SAVOUREUSE .

Le BIMP attaque sur une forêt de la VAIVRE en direction d’ELOIE  ; une batterie de 105 vient prendre position à 600 mètres de l’objectif : la quatrième ligne allemande est encore enfoncée sur ce point malgré inondations et fossés antichars.

Les FFI qui tenaient au Nord le secteur qualifié de passif progressent eux aussi occupant LA PILE, BELMONT, LA FONDERIE.

C’est le 22, après la prise de GIROMAGNY , que prend corps une nouvelle articulation de la Division.

Au matin, avant de partir comme il le fait chaque jour inspecter la première ligne et donner sur place des ordres de détails, il a envoyé à ses troupes le message suivant :

 » Aux officiers, sous-officiers, légionnaires, matelots, sapeurs et soldats de la 1e DFL.

La droite de la 1e Armée française vient d’atteindre le RHIN, au Sud de MULHOUSE.

Comme en Italie, comme à TOULON, les Allemands n’ont pas pu se rétablir sur leurs lignes de défense aux noms pompeux.

Dans les jours qui suivront, on compte sur vous, les plus vieilles et les plus jeunes troupes de la Nouvelle Armée française, pour enlever GIROMAGNY et atteindre le RHIN au Nord de MULHOUSE « .

Ce message sera, hélas, le dernier.

Cette journée de victoire se terminera dans le deuil.

Le Général, ayant entre PLANCHER-BAS et GIROMAGNY troqué sa jeep enlisée contre celle d’un détachement de circulation routière, veut à 16 heures éviter un fourneau de mine, donne un brusque coup de volant. La voiture mal réglée dérape sur un terrain gluant, se retourne sur le parapet du Rahin , tombe dans le torrent aux eaux grossies par le dégel et les pluies.

L’aspirant Jean-Pierre AUMONT , assis à l’arrière, et le chauffeur assis à la droite du Général, peuvent se dégager avant que la votiure ne soit complètement submergée.

Des sapeurs tentent vainement de sorrit la jeep, puis en formant la chaîne dans l’eau, de se saisir du corps du Général qui part à la dérive emporté par le courant bourbeux et très violent.

Effarante nouvelle pour tous les combattants, à tous les postes, que celle de la mort d’un tel guerrier, acteur et témoin du succès, dont la constante présence en première ligne était depuis longtemps devenue symbole d’offensive et garantie de victoire.

–   Le RTC 1 du colonel DELANGE, jusqu’ici réservé, dépasse la 2e Brigade que notre succès initial oblige à maintenir en flanc-garde.

Il devra avec l’appui des blindés s’infiltrer vers le BRINVAL, DOLLEREN et SEWEN , débordant le Ballon d’Alsace.

–   Le RTC 3 du colonel RAYNAL est renforcé par le BM 5 et doit soutenir la 5e Division Blindée opérant des FONTAINES vers CERNAY .

Ces groupements disposeront chacun d’une compagnie de génie, de deux groupes de 155 et de deux groupes de 105.

La Brigade de choc GAMBIEZ les assistera pour certains coups durs.

Le même jour le BM 21 prend possession de la CHAPELLE SOUS CHAUX et de SERMAMAGNY .

Le BIMP . attaque à la corne nord-est du bois du HAUT DU MONTS, réusssit à franchir une fosse antichars en causant de lourdes pertes aux Allemands et pénètre jusqu’à la ligne des étangs de la forêt de la VAIVRE .

Les fusiliers marins du groupement blindé occupent le carrefour sud du bois du HAUT DU MONT .

Au Nord et au Sud de la DFL, les unités voisines ont peu progressé. La Division va donc se couvrir sur ses flancs, tandis que l’ennemi dégarnit son front dans la montagne pour résister sur les routes de la Trouée de Belfort.

Le 23 novembre, il pleut.

Le 1e BLE occupe l’hôtel dU Ballon et le carrefour du Ballon de la GRANGE.

Le BM 11 arrive en vue de SEWEN, atteint le col de CHANTOISEAU et la vallée de la DOLER de même que la MILANDRE , se heurte à une vive résistance à LERCHENMATT.

Le commandant Xavier LANGLOIS, dont les deux frères ont été tués, l’un lieutenant au Garigliano et l’autre en tenant de traverser les Pyrénées, se porte audacieux, comme de coutume jusqu’à la témérité, avec les premiers éléments de son unité, près de la ferme alsacienne de FENMAT.

Il est abattu à bout portant par une rafale de mitraillette alors qu’il allait ramasser le lieutenant de FONTGALLAND, tué quelques minutes plus tôt.

Au groupement RAYNAL, le BM 24, frnachissant la fosse antichars, arrive à proximité de GROSMAGNY , occupe une corne de CHAUME-FORET , détruit trois canons et arrive dans les parages de LA CHAPELLE NOTRE DAME.

Le BM 21 occupe la partie nord de la forêt de la VAIVRE .

Quant au BIMP, il tient la corne nord-ouest du bois de HAUT DU MONT et se trouve bloqué dans ELOIE par une contre-attaque. Le combat a lieu maison par maison.

La Demi-bridade de choc GAMBIEZ est sur la MADELEINE. Les groupements blindés sont arrêtés par les destructions, la boue et les inondations.

Le corps du général BROSSET, retrouvé la veille près de Champagney et qui a été déposé dans une chapelle ardente de l’ambulance Spears, est conduit à l’église de LURE où ont lieu les obsèques en présence du général de MONTSABERT, commandant du IIe Corps d’armée.

Au chef de la DFL le général de LARMINAT adressera un adieu où tout est dit de ce que voudraient exprimer ceux qui ont servi sous les ordres de ce prestigieux brasseur et entraineur d’hommes.

Le 24 novembre, le Quartier Général est installé dans les casernes de GIROMAGNY.

–   Au groupement DELANGE, le 1e BLE s’empare du BALLON D’ALSACE, le BM 11 atteint les lisières de SEWEN.

La Demi-Brigade de choc pousse vers la MADELEINE SAINT NICOLAS où elle enlève un état-major et de là, sur la piste d’ETUEFFONT HAUT , aux lisières de ROUGEMONT LE CHATEAU.

–   Plus au sud, le BM 5 enlève la CHAPELLE NOTRE DAME. Le CHASTELLET et atteint les abords de PETIT MAGNY .

Le BM 24 et le Groupement de GASTINES nettoient GROSMAGNY, dernière position de la ligne principale de résistance, où l’ennemi se défenc avec acharnement au cours de violents combats de rue. L’attaque du BIMP à Eloie est bloquée par les destructions et inondations.

L’intrépide commandant MIRKIN, chef d’état major de la 4e Brigade , rallié dès juillet 1940, blessé en Syrie, fait chevalier la Légion d’honneur, pour avoir obtenu seul la reddition de 800 prisonniers, blessé à nouveau devant BELFORT , est tué d’une balle dans la tête alors que dans GROSMAGNY il entraîne à l’attaque une compagnie d’assaut.

C’est encore un des premiers et des plus typiques parmi les Français libres qui disparait. La fin du commandant MIRKIN l’avait conduit sur tous les champs de bataille. Il était à l’attaque de Bardia et de Tobrouk avec le BIM, avec les libérateurs de Damas en Lybie, au Garigliano.

En avant de toutes les avant-gardes, à Toulon, il avait seul fait capituler les bataillons retranchés dans le quartier de Saint Jean du Var. Irrésisistiblement attiré par le combat, il cherchait constamment en première ligne une justification à son travail d’état-major. L’action était la défense, le feu son élément. Trois jours plus tôt, il disait : « le général est mort dans l’ambiance d’un grand succès. C’est une belle fin ».

Mais les évènements se précipitent encore. Dès le lendemain, la débâcle allemande s’accentue :

–   Au Nord, le BM 11 et le Groupement du Corail enlèvent SEWEN, occupent DOLLEREN, et atteignent le carrefour d’OBERBRUCK. Renforcé du 22e BNA, le RCT 1 va nettoyer la vallée, du BALLON D’ALSACE à MASSEVAUX.

–   Au Sud, le BM 24 s’installe à PETIT MAGNY ; le BM 5 avec les commandos de France, qui enlèvent quatre batteries d’artillerie, occupe ESTUEFFONT HAUT et BAS . Poursuivant seul, il s’empare d’ANJOUTEY, tandis que le BM 21 prend d’assaut ROUGEMONT LE CHATEAU.

En fin de matinée le général Eisenhower et le Général de LATTRE DE TASSIGNY viennent féliciter le Colonel GARBAY , qui, nommé général, est maintenu dans le commandement de la Division.

Celle ci a rempli sa mission, percé les défenses de l’ennemi qui recule partout. La 5e D.B. doit dépasser et exploiter le succès.

Le 26 parvient à la 1e DFL, un message du Général DE GAULLE .

« Votre chef, le général BROSSET, vient de mourir pour la France dans vos rangs. Ma pensée et mon coeur sont avec vous dans ce chagrin.

Le général BROSSET était mon bon compagnon, mon ami. Jamais je n’eus de lui que des preuves indéfiniment prodigues d’ardeur, de désintéressement, de confiance. Il était de la noble et chère plalange qui s’était dans les premiers jours groupée autour de moi pour accomplir notre mission au service de la France et dans laquelle la mort l’a si terriblement frappé.

Ses derniers regards furent ceux d’un vainqueur puis qu’il vous conduisait à l’une des plus glorieuses victoires de cette guerre. Il est tombé sur le sol reconquis par vous sous son commandement. ; c’est ainsi, je le sais, qu’il souhaitait mourir. Honneur au général BROSSET , commandant de la 1e DFL, mort pour la France ».

Le 1e BLE envoie 24 des patrouilles au nord de la DOLLER, s’installe défensivement le 28 à RIMBACH, près MASEVAUX , atteint le 29 le Bois DES PERCHES , progresse le 30 jusqu’au MOLLAU, se met en liaison avec les éléments de la DIA à URBES et libère définitivement la vallée le 1e décembre.

Le 22e BNA  place un bouchon antitank à HORDEN ke 26, occupe le cimetière et la fabrique d’ OBERBRUCK ainsi que les lisières de HOHHUL et avance vers WEGSCHEIN, où les Allemands ont fait sauter le pont le 27, progresse jusqu’à NIEDERBRUCK le 28, occupe LANENFELD et pousse des patrouilles à BRONDESKOPF et ENTZENBERG le 29.

Le 2e BLE vient en renfort de la Demi-brigade de choc GAMBIEZ contre-attaquée à MASEVAUX le 26, attaque le SEEGENKOFF le 27, relève EICHBOURG , la fabrique LE FOURNEAU, STIFT SEMEGEN, SEEGENKOFF et LAUUW le 28, repousse une contre-attaque, atteint le KOLLEWALD le 1e décembre.

Le 3e BLE arrive à NIEDERBUCK, envoie des patrouilles au nord de la DOLLER et s’installe à SICKERT le 29, patrouille dans la forêt de MASEVAUX le 30, fait sa jonction avec le BM 11 au ROSSBERG le 1e décembre.

Le BM 11 relève le BNA à HORBEN, le 27, s’arrête à la nuit à la SATTEL HUTTE et tient le STAHLBERG le 29, est accroché sur le ROSSBERG le 1e par l’ennemi qui se replie ensuite sur le THANNER HUBEL.

Mise à la disposition de la 1e DFL le 21 novembre, la Demi-Brigade de choc du commandant GAMBIEZ n’a cessé de faire preuve d’un âpre amour de la lutte, enlevant un emplacement de Q.G. à LA MADELEINE SAINT NICOLAS le 24, des batteries d’artillerie à PETIT MAGNY le 25, tenant MASEVAUX le même jour dont elle occupe la forêt le 26 au prix de lourdes pertes, s’empare de la chapelle et du château le jour suivant.

Les cavaliers divisionnaires ( 1e RFM, 11e Cuirassiers, 8e RCA) ont partout foncé avec fougue et mëstria en dépit de la boue, des destructions et des fosses antichars.

Le 8 décembre, il ne reste en ligne avec la 2e DMI, qui relève la 1e D.F.L, que deux pelotons du 8e RCA, à RAMMERSTADT .

Au cours de cette poussée victorieuse de 35 kilomètres, réalisée dans des conditions invraisemblables, la Division a perdu 300 tués et plus de 1 300 blessés.

Mais le but est atteient et l’ennemi à durement payé ces sacrifices par de nombreux tués et blessés, 750 prisonniers, la perte de plusieurs batteries d’artillerie et d’un matériel important.

*EN SAVOIR PLUS

Les combats de la 1e DFL en Franche Comté par le Général Saint Hillier. Zoom : 60 ans après, Champagney se souvient. Témoignages d’anciens interviewas par les enfants de l’Ecole primaire du village. L’Epopée de la DFL – De Champagney à l’Authion​ : Revue de la France Libre n°41