*La 1e Division française libre, les premiers soldats
Général Bernard SAINT-HILLIER
Répondant à l’Appel du général de Gaulle, l’Empire vient au secours de la Métropole en regroupant dans les rangs de la Première Division française libre les restes de l’armée française (légionnaires vainqueurs de Narvik, Bataillon d’Infanterie de marine du Levant, Escadron de Spahis marocains de Syrie) avec les Africains des bataillons coloniaux formés en Afrique noire, le bataillon nord-africain où combattent côte à côte Tunisiens, Algériens, Marocains, des Africains et des Malgaches au Régiment d’Artillerie, des Antillais aux forces terrestres antiaériennes, des Libanais et des Syriens aux ateliers de réparation, des Indochinois au Train, des Pondichériens aux transmissions, et des Français évadés de toutes les provinces de France ou venus des colonies.
A l’ambulance Hadfield Spears , des médecins français et quelques spécialistes étrangers venus de tous les continents, travaillent avec des « nurses », des conductrices anglaises « les spearettes », et des quakers américains.
Dans toutes les unités de la division il y a des aumôniers de différentes confessions qui soutiennent le moral des combattants.
Les généraux ayant commandé la Division sont les généraux LEGENTILHOMME, de LARMINAT, KOENIG, BROSSET et GARBAY .
Au palmarès des victoires remportées par la Division est inscrit d’abord l’engagement du bataillon d’infanterie de marine à Tobrouk, puis la participation de l’escadron de Spahis marocains d’une part et de la brigade française d’Orient d’autre part à la fin de l’Empire italien d’Afrique orientale : conquête de l’Érythrée, Kub Kub première victoire de la France libre et ouverture de la Mer Rouge aux navires chargés de ravitaillement des armées alliées du Moyen-Orient. Prise de Gondar, ancienne capitale d’Éthiopie.
« La brigade française d’Orient », des bataillons de marche venus d’Afrique équatoriale française ainsi que le bataillon de fusiliers marins seront regroupés en avril 1941 à Qastina dans le delta égyptien pour constituer la 1e DFL. La division et le groupement du général Collet interviendra en juin et juillet 1941 au Levant pour s’opposer à l’utilisation par les Allemands de ces territoires sous obédience vichyste, que les « Protocoles de Paris » signés par Darlan avaient soumis à la collaboration avec l’ennemi. Ce sont des éléments de la 1e DFL qui occupent Damas le 21 juin. Fin septembre 1941 est créé un groupe de deux divisions légères dont de Gaulle obtient, non sans mal, l’engagement en Libye au sein de la 8e armée. La première division légère devenue brigade, placée sous les ordres du général Kœnig, va s’illustrer magnifiquement à Bir Hakeim en juin 1942.
Reconstituées après ces combats de juin, les deux brigades et la Colonne Volante (chars et automitrailleuses) sont engagées à El Alamein dans la région d’Himeimat. La DFL sera réunie en Tripolitaine puis participera en mai contre les forces germano-italiennes qui s’accrochent encore en Tunisie.
Installée depuis septembre 1943 en Tunisie, la division complètement réorganisée fin mars 1944, sera prête pour faire campagne en Italie sous les ordres du général Brosset où elle débarque fin avril. Là, elle participa aux côtés des divisions d’Afrique du Nord au retour de l’armée française dans le camp des vainqueurs. Puis la Division toute entière » accomplit la tâche la plus rude » dans la bataille de Provence, comme l’a dit le général de LATTRE
Poursuivant l’ennemi sans relâche, la Division libère Lyon et atteint les Vosges « La Première armée restera dans l’histoire le vainqueur de Belfort, la 1e DFL étant l’élément de tête ayant réalisé la « percée », déclare le général Eisenhower venu à la Division qui a perdu son chef le général Brosset, tué accidentellement.
Les maquisards, résistants FFI, viennent relever les soldats du Pacifique et les tirailleurs d’Afrique noire que l’hiver paralyse et renforcer la 1e DFL qui défend Strasbourg. « La DFL aura sauvé Strasbourg après que la 2e DB l’a conquise », écrit le général Leclerc. Aussitôt après, elle libère Colmar.
La DFL finira son épopée dans les Alpes, où elle s’empare de l’Authion, franchit la frontière et termine la guerre aux portes de Turin pavoisée aux couleurs françaises. Tende, La Brigue et Molières demandent leur rattachement à la France dont ce sera le seul gain territorial.
De tous les sacrifices consentis par la 1e DFL pendant cinq ans de souffrance et d’espoir , de cette longue série de victoires amassées au prix de lourdes pertes, demeurent le souvenir de milliers de kilomètres parcourus dans le sable, la boue, la neige, le culte de 4 000 morts de la Division mais aussi l’exemple de tous ces artisans de la reconquête, anciens de Narvik, jeunes évadés de France et ralliés du Pacifique, de l’Afrique équatoriale, de Djibouti et la Syrie, étrangers évadés de métropole et engagés volontaires surgis des maquis de l’Ain, de l’Isère, du Vercors, et des prisons de la Gestapo.
La Division est fière de ses 358 compagnons de la Libération.
La première Division Française Libre (DFL) – Les premiers soldats du général de Gaulle , Espoir n°124, 2000
*BIBLIOGRAPHIE
La 1e DFL, les français libres au combat
GRAS Yves
La France au combat, de l’appel du 18 juin à la victoire
BROCHE François, MURACCIOLE Jean-François, CAITUCOLI Georges
Perrin
2007
La France libre : actes du colloque international tenu à l’Assemblée nationale, Paris les 15 et 16 juin 2004
organisé par la Fondation de la France libre et la Fondation Charles de Gaulle
Fondation de la France libre Lavauzelle
Des hommes libres
RONDEAU Daniel et ROGER Stéphane
Les premiers soldats du Général de Gaulle
SAINT HILLIER Bernard, Général
La 1e Division française libre Revue Espoir, n°124
Octobre 2000
Français libres à l’épreuve de la Libération
Guillaume PIKETY