L’insigne de la 1e Section des Sapeurs-Mineurs avait été dessiné par son chef, le lieutenant Desmaisons, en Angleterre en juillet-août 1940 ; bien entendu, il n’avait pu le faire réaliser à cette époque : c’est seulement à Damas, au cours du second semestre de 1941 que cet emblème métallique sera frappé pour la 1e Section devenue alors 1e Compagnie.
quand à l’insigne du bataillon, il a une curieuse origine que voici : en Libye en avril 1943, le sous-lieutenant Gaussen, un des chefs de section de la 6e Compagnie, fit peindre sur les portières des véhicules de son unité, avec les moyens du bord, un emblème particulier : sur fond blanc rectangulaire étaient appliqués au pochoir successivement, une croix de Loarraine bleue, puis s’y accrochant, le symbole de l’Arme, le pot-en-tête et la cuirasse, en rouge. Aussi lorsque le commandant Tissier demanda au sous-lieutenant Gaussen de créer un insigne pour le Génie de la 1e D.F.L, s’inspira-t-il tout naturellement du dessin précédent : il réalisa sa maquette et, celle-ci adoptée, fit frapper les exemplaires métalliques par une maison du Caire en novembre 1943.
(Les Français Libres et leurs emblèmes par B. LE Marec. Lavauzelle).
*Son rôle
**En période offensive.
Son rôle principal consiste dans le rétablissement des communications à savoir :
Déminage des itinéraires en sondant le terrain à la baïonnette (sortie de Bir-Hakeim), à l’aide du détecteur de mine (campagne d’Italie) malheureusement inefficace contre les mines en bois ou en plastique.
Déblaiement des abattis avec le treuil des Half-Track, scie à moteur.
Le franchissement des brèches suivant leur nature et leur importance se faisait à l’aide de bateaux pneumatiques, du pont léger Raft-lnfantry (franchissement du Garigliano), le pont Bailey très utilisé en Italie et en France, le Treadway éléments de pont blindé pour le franchissement des faibles brèches mis en place par un camion grue.
Le bulldozer permettait le franchissement des brèches sè ches. Italie. Giromagny, Masevaux.
**En période défensive.
Le rôle du Génie consistait dans rétablissement de champs de mine, de réseau de barbelés, abattis (Rossfeld en Alsace)
Mise en place, entretien des dispositifs de destruction des ponts et mise à feu.
Le plus bel exemple a été la destruction, en Alsace, des ponts sur le canal et sur l’Ill car ces destructions ont joué un rôle important au cours de l’offensive de Von Rustedt
**Pour résumer le rôle du Génie nous citerons sa devise :
« Parfois détruire Souvent construire Toujours servir »
*Récit des opérations du Génie de la 1e DFL depuis le mois de septembre 1943
Depuis le milieu de 1943, en Tunisie, le Génie Divisionnaire se réorganise et s’entraîne à l’utilisation des matériels nouveaux, d’origine américaine.
En Italie, lorsque la 1e DFL arrive sur le front de Garigliano, de très nombreux travaux d’organisation avaient été réalisés par les unités du C.E.F.
Dès le déclenchement de l’attaque du 10 mai 1944 le Génie entreprend les tâches habituelles d’accompagnement des autres armes et intervient pour dégager des champs de mines et faciliter le franchissement des brèches sur les itinéraires. Il lance également un pont flottant léger sur le Garigliano.
Dans la progression vers Pontecorvo le 1e Bataillon du Génie aide au dégagement de la route qui suit le Liri et le rio Forma Quesa, il rétablit le passage sur cette rivière et démine les itinéraires aux abords de Pontecorvo.
Au cours de la progression vers Rome qui aboutit à l’entrée d’éléments de la 1e Division à Tivoli le 7 juin , le Génie continue à assurer son rôle de rétablissement des communications et. en particulier, lance pour la première fois un pont Bailey à Campanelle.
La poursuite au-delà de Rome nous amènera après Viterbe à traverser de nombreuses rivières qui, à cette époque de l’année, n’ont que peu d’eau, leur franchissement est assuré, la plupart du temps, par des déviations aménagées grâce aux bulldozers qui font merveille, quelques ponts Bailey ou Steel Treadway sont cependant utiles, en particulier près de Montefiascone. Les mines obligent également les sapeurs à se dépenser La variété des nouveaux modèles de mines et les pièges empêchent malheureuse ment, parfois, d’éviter quelques accidents.
Août 1944 – En France le Génie Divisionnaire commence à débarquer dans la région de Cavalaire et ne dispose au début que de peu de matériels mais il peut faire face à la situation. Les destructions ne sont pas très nombreuses et les cours d’eau sont à peu près à sec.
Après l’occupation de Toulon, la 1e DFL entre dans un groupement chargé d’opérer sur la rive droite du Rhône et nos sapeurs participent aux franchissements de cours d’eau Ils établissent un pont en charpente sur le canal de Craponne et un pont flottant sur la Durance près du pont détruit de Rognonas Ensuite ils aménagent les appontements pour le passage par portières de péniches à Arles : ils assurent, par leurs moyens organiques un passage discontinu sur le Rhône à Aramon.
A partir du 1er septembre 1944 deux compagnies accompagnent les groupements tactiques sur la rive droite du Rhône et la 3e compagnie accompagne le 1e Régiment de Fusiliers Marins sur la route nationale 86 vers Lyon assurant le dégagement de la route et le franchissement de plusieurs brèches. Elle permet le passage de la Saône à Lyon sur deux ponts mal détruits et établit un passage sur le pont Wilson sur le Rhône.
Vers la mi-septembre 1944 le Génie Divisionnaire, dont une compagnie a accompagné un groupement tactique jusqu’à Autun et Montceau-les-Mines se regroupe dans la région de l’Isle sur le Doubs.
La compagnie 1/1 participe aux avances sur les hauteurs au nord de Ronchamp exécutant des déminages, des enlèvements d’abattis, des constructions de ponts et de passerelles, des aménagements de pistes et des poses de mines. A partir du 14 octobre dans la vallée de Presse elle aménage des pistes en montagne et exécute des opérations de déminage en avant de l’infanterie. En fin octobre elle lance des ponts à Luce et Lehsey.
La compagnie 1/2 participe aux opérations de contact dans la région de l’Isle sur le Doubs puis dans la vallée de Presse, elle aménage des pistes enlève des mines et des abattis, construit des obstacles jusqu’à la vallée de la Moselotte.
La Compagnie 1/3 participe aux opérations de contact entre Athenans et les hauteurs de Ronchamp puis dans le secteur nord (Servance) et la vallée de Presse.
Le 19 novembre 1944 la 1e DFL entre en action en direction de Masevaux. Le Génie rencontre de nombreuses mines dans les régions Ronchamp. Champagney, Ballon d’Alsace, Bourbach. Des passages de rivières sont réalisés : passage du Rahin à Champagney par un pont Bailey, passage sur des ouvrages détruits à Plancher-Bas, Rougegoutte, Giromagny et Masevaux. Des ponts de charpentes sont construits sur certains cours d’eau.
En décembre 1944 la 1e DFL est relevée dans les Vosges, elle fait une courte apparition dans le secteur de Royan et elle se retrouve le 1e janvier 1945 dans le secteur Sélestat-Erstein. Jusqu’au 22 janvier la période défensive est surtout marquée pour le Génie par l’aménagement de dispositifs de destruction sur des coupures (Canal du Rhône au Rhin et III). Des dispositifs jouent au cours de la poussée allemande vers Erstein. Mais l’offensive de Colmar se prépare et le 1e Bataillon du Génie étudie les passages de très nombreux cours d’eau et canaux sur les axes Saint-Hippolyte-Ohnenheim et Guemar-Eisenheim. Pour l’offensive il sera renforcé par des éléments d’Armée (Bataillon 1/17, sections du 13e Btn du G 6e Btn, camions Brockway américains, etc…). L’opération nécessitera le lancement de 6 ponts Bailey, 10 ponts Treadway et 3 ponts en charpente.
Le travail effectué en présence d’un ennemi actif est rendu extrêmement pénible par une température très basse et les pertes du Génie sont élevées.
Le 12 mars 1945 la 1e DFL prend le secteur des Alpes-Maritimes, de Menton au col des Fourches. Pour l’attaque du massif de l’Authion, deux compagnies du Génie assurent le rétablissement des itinéraires de la Division et la troisième accompagne l’infanterie pour l’attaque des forts de l’Authion.
Entre Sospel et Breil le Génie aménage rapidement au bulldozer le passage d’une brèche dans la montée du coi de Brouis et de trois autres dans la descente. Entre Breil et Fontan les brèches sur la Roya sont trop importantes pour être aménagées rapidement. Toutefois une piste peut être tracée au bulldozer empruntant la route nationale puis montant par une pente assez douce jusqu’à la plate-forme de la voie ferrée (il faut déposer celle-ci) puis redescendant, vers Saorge sur la route par une pente assez raide. La Roya est ensuite franchie une première fois par un pont Bailey puis une deuxième fois par la construction d’une passerelle.
Entre Fontan et San Dalmazzo Di Tenda on emprunte la route et la voie ferrée (en traversant par un tunnel hélicoïdal). Un pont de charpente est ensuite construit avec l’aide de main-d’œuvre civile.
A l’autre extrémité du secteur de la Division, une attaque commence le 25 avril 1945 à Isola. Le Génie organise une piste pour rejoindre la route italienne qui monte au col de la Lombarde. Sur la face nord de ce dernier, plusieurs mètres de neige doivent être dégagés au bulldozer sur plus de trois kilomètres pour permettre aux véhicules de descendre dans la vallée de la Stura Di Démonte en direction de Borgo San Dalmazzo et de Coni.
Au-delà de la limite de la Division le Génie prête également main forte à l’unité voisine pour l’attaque du col de Larches par la vallée de l’Ubaye.
Du débarquement à Cavalaire jusqu’à la fin de la campagne le Génie Divisionnaire a eu :
37 tués 29 disparus 150 blessés dont 6 officiers.
*EN SAVOIR PLUS
Zoom : historique du 1e Bataillon du Génie par le Capitaine GINOUX, Commandant la 1ere Compagnie du génie Zoom : Les Sapeurs du Génie de la 1e DFL par Jean FONTANA En route avec la DFL : article consacré au sytème de défense organisé à Bir Hakeim par le Capitaine GRAVIER Photothèque du Génie Photothèque du Génie à Bir Hakeim
*RESSOURCES EXTERNES
Si vous passez par ANGERS, n’hésitez pas à visiter le MUSEE DU GENIE. A découvrir en ligne sur ce site.