Quelques mois après celui du B.M.1, l’emblème du B.M XI fut également frappé à Damas (1941). On reprit simplement le dessin du B.M. 1, dont une partie du personnel était issu, et cela d’autant plus volontiers que les Mossi avaient le même goût pour les balafres que les Sara. Un premier modèle fut réalisé avec la mention A.E.F. ; mais il fut décidé de changer et l’on prit la légende : A.F.L. (Afrique Française Libre) plus conforme à la réalité puisqu’une grande partie des tirailleurs n’étaient pas originaires d’Afrique Equatoriale.
Un deuxième insigne du B.M. XI fut donc frappé, et ces deux tirages furent faits par l’orfèvre de Damas qui avait déjà réalisé celui du B.M.1. Une nouvelle frappe fut faite au Caire, puis en 1944, chez Augis à Lyon, une troisième commande fut passée ; mais la forme de ce dernier insigne respectait assez peu le premier modèle.
(Les Français Libres et leurs emblèmes par B. LE Marec. Ed. Lavauzelle).
*L’HISTORIQUE
Le B.M 11 a été créé à la date du 1e octobre 1941 au Levant avec des éléments issus du B.M 1, de jeunes Français et des combattants sénégalais d’A.O.F ralliés à la France Libre.
Le Capitaine Xavier LANGLOIS bien que blessé en prend le commandement. Il se dépense sans compter pour que ce bataillon devienne une unité d’élite.
Le centre accéléré d’élèves aspirants de DAMAS forme des chefs de section qui se distingueront au combat.
En avril 1942, le B.M 11 part en LYBIE avec la 2e Brigade ( Lieutenant Colonel GARBAY ).
Jusque fin juillet il participe aux opérations sous les ordres du commandant BAVIERE.
Le Capitaine LANGLOIS déploie ses qualités de méhariste et lance des patrouilles lointaines, il occupe DJARABAOUD aux confins EGYPTE-LYBIE.
Pendant ce temps, la 1e Brigade défend héroïquement la position de BIR-HAKEIM qui est évacuée dans la nuit du 10 au 11 juin. La 2e Brigade qui s’est portée en avant , recueille les unités qui ont décroché dans la nuit.
Puis le B.M 11 reçoit l’ordre de pousser sur DJALO à 300 kilomètres au Sud-Ouest avec des artilleurs français et des automiitrailleuses hindoues.
Il doit se replier avec la 8e Armée.
C’est alors qu’il effectue une manoeuvre en retraite au compas solaire et à la boussole, en plein désert. Il lance ses camions, ses canons, ses chenillettes dans la dépression de QATTARA, large de 150 kilomètres, lac asséché, au sol friable, crevassé, mouvant, amalgame de sel et de boue .
Au terme d’une randonnée de près de 1 000 kilomètres, ce Bataillon arrive au CAIRE , stupéfiant les états-majors qui croyaient infrachissable cette fameuse dépression.
En octobre-novembre 1942, avec la 2e Brigade, le B.M 11 commandé par le commandant LANGLOIS participe activement aux combats d’EL ALAMEIN et de l’HIMEIMAT, combats acharnés et victoires qui vont changer le sens de la guerre.
En 1943, la 1e D.F.L traverse la CYRENAIQUE, la SYRIE et la TRIPOLITAINE, pour gagner le SUD TUNISIEN et achever la destruction de l’Armée de Rommel.
Le B.M 11 entraîné par son chef tient une place fort honorable dans les opérations offensives dirigées par le Colonel BROSSET en TUNISIE.
La victoire est totale, l’armée de Rommel n’existe plus.
Immédiatement, le Général BROSSET met la division à l’entraînement en vue des débarquements tant attendus, en ITALIE et en FRANCE.
**CAMPAGNE D’ITALIE – 18 avril au 22 juillet 1944
Le B.M 11, complètement réorganisé et doté de matériel américain, débarque à NAPLES le 20 avril et prend part à la vigoureuse offensive de l’armée Juin dans la boucle du GARIGLIANO .
Dans le secteur qui lui est assigné le long du LIRI, en liaison avec les Canadiens de la 8e Armée britannique, il enfonce les lignes GUSTAV et HITLER et occupe au prix de lourdes pertes les quartiers sud de PONTECORVO permettant aux canadiens de s’emparer de la partie Nord de la ville.
Lors des combats pour ROME, le Bataillon culbute sur les Allemands à l’ouest de TIVOLI et prend part à la prise de MONTEFIASCONE , ainsi qu’aux durs combats à l’est du lac de BOLSENA .
Aux prix de pertes sévères, 56 tués, 210 blessés et 8 disparus, le B.M 11 remplit avec héroïsme et intelligence toutes les missions qui lui sont confiées sous le commandement du Commandant LANGLOIS bien que blessé sur le LIRI . A noter que le jeune frère du Commandant Langlois, Lieutenant évadé de France avait été tué le 13 mai 1944 au 22e B.M.N.A, lors d’une attaque au CASSINO.
Le médecin-capitaine HERVE, médecin-chef du Bataillon depuis sa créaton, a trouvé une mort héroïque le 17 mai 1944 à CHIAIA en secourant des blessés sous le feu de l’ennemi.
La Campagne d’Italie s’achève pour la 1e D.F.L par la prise de RADICOFANI, perte de la TOSCANE, du 18 au 21 juin 1944.
La Division regroupée dans la région de NAPLES à ALBANOVA prépare par une instruction intensive son prochain débarquement.
Une grande partie de ses unités, dont le B.M 11, embarque à TARENTE, où le Commandant LANGLOIS retrouve un de ses frères, médecin de Marine, sur un des bâtiments qui assure la protection du transport de la 1e D.F.L.
**DEBARQUEMENT EN FRANCE
Le 15 août 1944, le gros de la D.F.L débarque à CAVALAIRE.
La 2e BRIGADE, dont le B.M 11 est en tête avec le Général BROSSET et son Etat-Major, et tout de suite, c’est la poussée vers TOULON.
A droite du dispositif de la Division, le B.M 11 progresse en direction de LA CRAU et s’empare de deux collines fortifiées. Dès le lendemain, l’action reprend.
Le Général BROSSET exploite le succès de la 2e Brigade. Avec la participation des navires de la flotte, les faubourgs d’ HYERES sont atteints, tandis que plus au nord, le B.M 11 flanqué du 22e B.M.N.A enlève de haute lutte le village de la CRAU, où il recueille un accueil enthousiaste.
Le 22 août, la progression continue.
Vers midi, le B.M 11 s’empare des cotes 79.2 en y perdant son troisième Commandant de compagnie en deux jours. Elles sont furieusement contre-attaquées mais conservées grâce à l’appui de chars légers du R.F.M.
La 2e Brigade (R.C.T 2) s’empare de la VALETTE : puis TOULON est atteint.
La dernière ligne de défense ennemie est enfoncée. Le 24 au soir, en avance de plusieurs jours sur les prévisions, la 1ere D.F.L a accompli sa mission.
L’ennemi en pleine retraite a décroché, et pourchassé est décimé par notre aviation.
La Vallée du Rhône est remontée , malgré le manque d’essence. LYON est occupé .
Entre-temps, toutes les troupes Allemandes du midi et du sud-ouest reculent, à marche forcée, vers la trouée de BELFORT pour éviter leur capture.
Le 17 septembre, la Division vient prendre sa place à hauteur de l’ISLE SUR LE DOUBS où elle prélève les unités de la 45e division américaine.
Le B.M 11 combat vigoureusement à LOMONTOT, MIGNEFANS et à FRESSE .
La situation générale exige que temporairement la Division s’étire sur un très large front et, avant le 19 novembre, il n’y aura pas d’opération d’envergure, mais des actions locales incessantes. La 2e Brigade tient 15 km.
Les Africains devenus de parfaits combattants ne supportent pas le froid et la neige, il faut les diriger sur la Côte d’Azur et les remplacer par de jeunes F.F.I volontaires.
A partir du 10 novembre commencent les préparatifs d’une action en Haute-Alsace . Pour des raisons d’équilibre entre les Brigades, le B.M 11 est affecté à la 1e Brigade (Colonel DELANGE) en compensation du 22e B.M.N.A passé à la 2e Brigade (Colonel GARDET).
Le 20 novembre au matin entre PLANCHER-BAS et CHAMPAGNEY, sur un morceau du RAHIN devenu torrent, le Général BROSSET donne un brusque coup de volant pour éviter un fourneau de mines et est précipité dans le torrent. Son corps ne sera retrouvé que 48 h après. Sans délai, il est remplacé par le Général GARBAY .
Le B.M 11 dans le cadre du R.T.C 1 du Colonel DELANGE arrive en vue de SEWEN par des chemins forestiers. Il atteint la vallée de la DOLLER et se heurte à une vive résistance.
Le 23 novembre, le Commandant Xavier LANGLOIS se porte, audacieux, avec les premiers éléments de son unité devant la ferme alsacienne de FENMAT par un brouillard épais. Il est abattu à bout protant par une rafale de mitraillette alors qu’il allait ramasser le Lieutenant de FONTGALLAND , tué quelques minutes plus tôt.
Le Capitaine BOUCARD prend le commandement du B.M 11 et continue sa mission d’occupation de la vallée de la DOLLER.
Après ses succès en Haute Alsace, la 1e D.F.L reçoit l’ordre de se porter dans la région de BORDEAUX pour débarasser la côte atlantique d’unités allemandes sérieusement retranchées dans les poches de ROYAN et de la POINTE DE GRAVE.
Pendant que les unités de la Division arrivent successivement et font leur reconnaissance en vue de l’attaque projetée, l’offensive allemande de Von Runstaedt enfonce le front et pénètre profondément en Belgique.
La 1e D.F.L renonçant à l’attaque de ROYAN doit se porter au sud de STRASBOURG pour rendre disponible la 2e D.B. Elle joue un rôle décisif pour la défense de STRASBOURG et la libération de COLMAR.
Le B.M 11 est en ligne du 3 janvier au 8 février 1945.
La Bataille défensive atteint son paroxisme à partir du 7 janvier.
Le 8 janvier, il contre attaque en direction d’OBENHEIM à partir d’OSTHOUSE et le 9 janvier, à partir de SAND .
Le Capitaine BOUCARD se distingue particulièrement à BENFELD , position essentielle qu’il réussit à garder intacte.
A partir du 12 janvier, le B.M 11 ainsi que les autres unités de la 1e D.F.L organisent la ligne de défense de l’ILL , mais l’ennemi n’attaque pas. L’amélioration de la situation permet même d’envisager la reprise de l’offensive.
Du 16 au 20 janvier, la première Brigade dont le B.M 11, prend position à GERSTHEIM et BORSCHWIHR.
Le 23 janvier, la Division attaque, et le B.M 11, bien commandé, combat à ILLHAEUSERN, ERLEN et ELSENHEIM.
Le 31 janvier, l’ennemi amorce sa retraite ; la poursuite commence aussitôt et le nettoyage du secteur de la division jusqu’au RHIN est réalisé le 1e février.
C’est ainsi que s’achève la bataille pour COLMAR.
Les pertes sont sévères : en 10 jours de combat, le B.M 11 a perdu 20 tués, 143 blessés, 35 disparus et de nombreux évacués pour pieds gelés.
**LA CAMPAGNE DES ALPES
Après la dure bataille d’Alsace, le 28 février, la 1e D.F.L est mise sous le commandement du Général DOYEN, commandant le Front des Alpes.
La 4e Brigade passe sous le commandement du Colonel DELANGE.
Elle comprend à cette époque :
le B.M 11 Commandant BRISBARRE le B.I.M.P Commandant MAGENDIE le B.M 21 Capitaine OURSEL
Le Capitaine FOURNIER est chef d’Etat major.
Le B.M 11 se distingue dans ce nouveau secteur du 10 au 15 avril 1945, pour la conquête du MASSIF DE L’AUTHION . Malgré des difficultés considérables dues au terrrain, aux ouvrages farouchement défendus par un ennemi résolu, le B.M 11 commandé par le Commandant BRISBARRE, conquiert tous ses objectifs en liaison avec le B.I.MP s’emparant de CABANNES VIEILLES, point vital du système défensif, du FORT DES MILLE-FOURCHES , de VAIERCAOUT DE LA PARPELLA , de l’ouvrage de PLAN CAVAL et de la TETE DE LA SECCA, assurant ainsi le succès de l’ensemble de l’opération aux prix d’efforts constants et de sévères sacrifices consentis d’enthousisasme.
Les trois bataillons de la 4e Brigade, dans le cadre de la réorganisation de l’Armée, sont incorporés, avec leurs traditions et fanions, dans le 1er Régiment d’Infanterie Coloniale.
Général R. DELANGE
*EN SAVOIR PLUS
Photothèque du BM XI 1 Grande figure du BM XI : le Commandant Xavier LANGLOIS
**Bibliographie
Fascicule historique sur le site D.F.L
Nom
Auteur
Édition
Année
Aventures sous l’uniforme
Robert Arqueros
La Pensée Universelle
1998
Routes d’amitié
J.M.F Birac (Jacques Tabuteau)
Renaissance du livre
1948