15 août 2022, la tradition est respectée. Nous sommes à La Croix Valmer, selon le vœu de nos anciens. M. le maire nous accueille avec joie, nous nous connaissons bien. Bernard Michel, en uniforme, a le sourire. Plus d’anciens cette année. M. Grima, ancien conservateur de la stèle de La Croix-Valmer, n’est pas loin, mais ne peut se déplacer ; sa belle fille et son fils sont présents.
Dans mon allocution, je fais part de notre projet de labélisation des villes, villages, traversées et concernées par de la 1re DFL, à réaliser pour 2024. Nous échangeons immédiatement sur le 80e anniversaire, et rendez-vous est pris, dans les jours à venir, pour les préparatifs de ce grand moment. Puis, la tradition, toujours, au restaurant Le P’tit Zinc, où nos anciens aimaient se retrouvaient, les pieds dans le sable, et nous nous remémorons les moments forts où les langues se déliaient et le passé surgissait. Nous étions tous de retour en 1944.
Nous n’avons pu assister à la cérémonie officielle, maintenant annuelle, à la nécropole de Boulouris car nous maintenons la tradition de nous retrouver à La Croix-Valmer, plage du débarquement de la 1re DFL.
Ce soir, 16 août, à Pierrefeu, M. le maire m’a demandé de lire l’ordre n° 9 de De Lattre de Tassigny. Bien que la commune n’ait pas été libérée par la DFL, nous savons que celle-ci l’a traversée et contournée. Aujourd’hui, le buste de De Lattre trône au milieu de la place du village. Le discours de M. le maire relata l’épopée de De Lattre.
Nous arborons nos polos de la mémoire de la 1re DFL. Devant ce signe distinctif, nombre de gens nous questionnent, et c’est une excellente façon de perdurer la mémoire, nous en sommes fiers. Michel Kempf, porte-drapeau de la Fondation France Libre, et Sylvie, son épouse, notre photographe, et bien sûr Patrice Armspach, porte-drapeau de la DFL, sont fidèles.
Le 17 août, une pluie torrentielle contraint à reporter à l’après-midi les cérémonies de La Londe-les-Maures, où nous nous inclinons devant le cimetière divisionnaire de la DFL et chantons a capella l’hymne de la division, suivi de La Marseillaise.
N’ayant pu assister le 15 août à la cérémonie à la nécropole de Boulouris, nous nous rendons sur place le 20, en compagnie du président du Souvenir Français de Saint-Raphaël, Charles Maguin, et de Roland Delsol, fils de compagnon de la Libération que nous affectionnons tout particulièrement. Située sur le territoire de la commune de Saint-Raphaël, la nécropole nationale de Boulouris regroupe les corps de 464 soldats morts pour la France lors des combats d’août 1944. De toutes origines et confessions, ces soldats appartenaient à l’armée B conduite par le général de Lattre. En mars 1960, Raymond Triboulet, ministre des Anciens Combattants, acceptait le don, par la municipalité de Saint-Raphaël, d’un terrain situé à Boulouris, à l’entrée de la forêt de l’Esterel, afin d’édifier une nécropole commémorant le débarquement de Provence. Les travaux se déroulèrent de 1962 à 1963 et, en mars 1964, débutèrent les opérations de regroupement des corps exhumés dans les cimetières communaux du Var (Toulon, Hyères, Cogolin, Saint-Tropez, la Londe-les-Maures…). La nécropole fut inaugurée le 15 août 1964 par le général de gaulle, le même jour que le mémorial du Mont-Faron, pour le 20e anniversaire du débarquement, avant de tomber dans l’oubli. C’est le souvenir français de Saint-Raphaël qui entreprit récemment les travaux de rénovation, aboutis pour le 75e anniversaire.
Le 21 août, pour la libération d’Hyères, nous avons effectué le parcours traditionnel au cimetière, à la stèle de la Libération, puis au blockhaus de Saint-Nicolas-de-Mauvanne, avec une allocution du représentant des commandos d’Afrique. L’étape suivante fut le mémorial national de la 1re DFL, où Michel Magnaldi lut un poème. Cette année, je souhaitais lire un extrait d’une lettre anonyme d’un jeune officier de la DFL qui avait lue le 21 août 1945 par le maire de Hyères au milieu des morts de la division :
« Je veux vous dire que nous avons été frappés de l’accueil enthousiaste dont nous fûmes l’objet : jamais nulle part ailleurs nous n’avons constaté tant de joie à notre arrivée, tant d’audace et de courage chez les hommes qui nous sont venus en aide, et chez les femmes qui portèrent secours à nos premiers blessés.
Hyères était notre premier combat en France, et la plupart d’entre nous s’étaient évadés de France très jeunes pour continuer le combat ; d’autres étaient vétérans de 1940, de Bir Hakeim et d’ailleurs, c’est vous dire à quels hommes vous aviez à faire et quelle était l’ardeur de leur élan.
La ville d’Hyères n’a pas déçu notre espoir et l’accueil que vous nous avez réservé en plein combat, cette participation à la bataille nous fut le meilleur soutien après trois jours de lutte acharnée, comme vous le savez.
Quand nous avons quitté la Provence pour prendre le chemin de Strasbourg nous connaissions votre piété pour nos morts.
Croyez-moi ce fut pour tous les combattants un grand réconfort que de savoir que s’il nous arrivait « d’y laisser notre peau », il y aurait des hommes pour creuser la fosse, des femmes pour prier, des enfants pour fleurir notre tombe, tandis que notre mère, bien loin de là, ignorant où nous étions tombés, n’aurait pas la consolation de venir s’agenouiller sur ce qui reste de leur fils.
Aussi, et c’est son titre de gloire, nous considérons la ville d’Hyères comme la mère de tous nos morts tombés pour sa libération. »
Le 22 août, pour la libération de La Garde, après un parcours des stèles en Jeep, je prononce un éloge de la DFL au Thouars, où 91 de nos soldats périrent. Au Pradet, les fusiliers marins lurent les noms des 41 morts, et le chant de la DFL retentit.
Le 23 août, à La Valette, après un dépôt de gerbe au cimetière, nous avons fait étape sur chacun des sites qui rappellent la libération de la ville pour nous y recueillir. À Solliès-Pont, M. le maire fit dans son allocution un récit très détaillé de l’épopée de la 1re DFL. À l’invitation de M. Jérôme Guervin, directeur de l’ONACVG 83 et président du Mémorial du Mont-Faron, le consul des États Unis à Marseille nous présenta le film sur le débarquement. Puis notre conclûmes notre périple à Toulon, où les autorités, nombreuses, donnèrent un lustre particulier au 78e anniversaire de la libération de la Provence. Vive la 1re DFL.