*Texte du Général CHAVANNES
Nous sommes heureux de diffuser un texte dans lequel le Gal Chavannes, ancien Chef de Corps, situe le 1e RIMA a dans les traditions des Troupes de Marine et de la 1e D.F.L. Au moment où le CEMAT étudie les possibilités de confier à une grande Unité, à créer, la mémoire de notre chère Division, il est essentiel de rappeler et de resserrer nos liens avec les Unités issues de la 1e D.F.L. Le (très) vieux fantassin que je suis, en profite pour adresser au 1e et au 2e RIMA, l’expression de son affectueuse. amitié. Col. (H) Pierre Robédat Président de l’ADFL Ancien du BM 4 Le 14 Septembre 2015 Cher Président et ami, En réponse à votre aimable invite, je suis heureux de vous livrer mon sentiment sur le 1e Régiment d’Infanterie de Marine que j’ai eu, comme colonel de 1973 à 1975, l’honneur et le grand plaisir de commander. A son retour d’Algérie, il avait été implanté dans le Cotentin à Granville, dans la caserne du Roc, dominant la haute ville. Il était là, entièrement motorisé et à base de 1 000 jeunes appelés solidement encadrés dont une compagnie était détachée à Dinan. C’était le temps du service militaire. Héritier des 100 compagnies ordinaires de la mer créées par Richelieu au XVIIe siècle pour protéger les côtes de Cherbourg à Brest, le 1e RIMA a effectivement pris naissance comme tel en 1822 à l’instar de son frère jumeau, le 2e RIMA. Les deux régiments restent ainsi dans l’histoire, deux des plus beaux fleurons de la Normandie et de la Bretagne. Selon le général Armel Le Port, président de la Fédération Nationale des Anciens d’Outre-Mer et Anciens des Troupes de Marine, (FNAOM-ACTDM), le 1e RIMA devrait rejoindre la 9e Brigade d’Infanterie de Marine en 2016. Nous en serions ravis car ce retour rappellerait, non seulement sa vocation amphibie dans le Grand Ouest, mais en outre, son prestigieux passé au sein de la Division Bleue , lors des combats menés jusqu’aux dernières cartouches à Bazeilles en 1870. Et l’on ne peut évoquer le passé du 1e RIMA sans mettre l’accent sur les liens étroits qu’il a noués avec la 1e Division Française Libre, puisque notre régiment, écrasés par les nazis en 1940 a, tel un Phénix, été recréé en 1945 à partir des fameux bataillons de la 4e Brigade – notamment le 1e Bataillon d’Infanterie de Marine – qui, au cours de la deuxième guerre mondiale, ont victorieusement combattu en Afrique du Nord (Tobrouk, Bir-Hakeim), en Italie (Garigliano) puis ont débarqué en Provence et ont percé le front allemand à Belfort et dans l’Authion. Cette filiation explique l’amitié qui ne cesse de se renforcer entre jeunes et anciens du 1e RIMA et de la 1e D.F.L. Transféré de Granville à Angoulême en 1984, le régiment a été transformé en 1988 en formation blindée sur A.M.X.10RC. Désormais doté de matériels puissants, modernes et performants, actionnés par 900 marsouins professionnels, il s’est parfaitement intégré à la Charente tout en intervenant sans solution de continuité à l’extérieur. En 2013, il s’est de nouveau particulièrement distingué lors de l’opération Serval au Mali dans la bande sahéro-saharienne, en empêchant de ce fait la jonction entre les terroristes d’Afrique du Nord et ceux de Boko Haram en Afrique Noire. S’ajoutant à son impressionnant palmarès, ses actions remarquables lui ont valu la croix de la Valeur Militaire avec deux citations. Depuis cet été, le 1e RIMA est commandé par le colonel Loïc GIRARD, jeune et brillant officier supérieur qui a déjà commandé son escadron d’éclairage et d’investigation puis a dirigé son bureau d’opérations et d’instruction. C’est lui qui pourrait, éventuellement, relater dans votre prochain bulletin la nouvelle aventure du 1e RIMA qui va être projeté en Côte d’Ivoire en novembre. (…) Amicalement vôtre. Général (2S) Gilbert Chavannes Président d’Honneur de l’Amicale du 1e RIC – 1e RIMA et des Anciens des Troupes de Marine
*Dissolution du 1e RAMA
Ce 30 juin 2015 devrait être une belle journée. Malgré ce temps magnifique, notre porte-drapeau Patrice et moi-même quittons la Gare de l’Est pour Chalons-en-Champagne, avec une certaine tristesse dans le cœur. Nous allons assister à quelque chose d’impensable, la dissolution de notre 1e Régiment d’Artillerie de Marine, le plus ancien régiment d’artillerie de Marine, créé en 1622 par le Cardinal de Richelieu, qui plus est, compagnon de la Libération, dont l’étendard comporte les plus belles et dures batailles de notre pays. Comme à l’accoutumée, nous sommes bien accueillis à notre arrivée. Cette gentillesse nous fait oublier notre tristesse. Nous sommes tout de suite dirigés où sont stationnés les soldats, prêts depuis fort longtemps j’imagine, pour la dernière revue . Les bâtiments de ce Quartier sont tellement beaux sous le soleil que tout semble irréel. La foule est silencieuse. Je regarde les yeux humides de Pierre GAUTHIER, un Ancien du 1e RA. Je le comprends. Le colonel FRENTZ, commandant en second, accueille le colonel MALOD qui commande le régiment. L’étendard et sa garde se mettent en place et, tous les deux passent les troupes en revue. Les hommes sont impeccables. Arrivent les Autorités – le général Bosser, CEMAT, et le général BELLOT des MINIÈRES cdt la 1e Brigade Mécanisée, M. Benoist APPARU, député-maire de CHÂLONS-en- CHAMPAGNE, M. Jean-François SAVY, préfet de la Marne et le colonel Fred MOORE, chancelier de l’ordre de la Libération – visages fermés, mais belle allure. Ils rejoignent nos grands Anciens, 94 ans tous les deux, Jean-Mathieu BORIS, jeune aspirant à BIR-HACHEIM, et Pierre GAUTHIER, sans oublier Jean GILBERT, toujours jeune, aussi ancien du RA qu’il a rejoint après un parcours spectaculaire. Ceux-là même par qui le 1e R.A. a mérité la Croix de la Libération. Sans doute, à ce moment là, ont-ils une pensée pour leur camarade Roger NORDMANN disparu il y a peu de temps. Après les présentations d’usage aux personnalités, un grand moment se prépare : la remise de la Croix de la Légion d’Honneur au colonel MALOD. Intense émotion pour ce chef qui reçoit la Légion d’Honneur et qui voit, le même jour, la dissolution de son régiment. D’autres remises de décoration suivent : Médaille Militaire, Rosette de l’ordre du Mérite, Croix de la valeur Militaire… Après un très beau défilé, sous une chaleur accablante, les troupes reprennent leurs places. Le moment le plus émouvant approche. Le colonel MALOD remet l’étendard du 1e RAMA au général d’armée Jean-Paul BOSSER, Chef d’Etat-Major de l’Armée de Terre, qui le confie au capitaine de CARNÉ qui, après l’avoir savamment enroulé, l’emporte dignement vers d’autres cieux…. Tout cela s’est passé dans un silence religieux. L’atmosphère se détend peu à peu et nous sommes invités à rejoindre les tentes fort bien décorées, elles aussi, pour le verre de l’amitié. Après les discours d’usage tout aussi émouvants et les échanges de magnifiques cadeaux, nous nous retrouvons autour d’un copieux cocktail. L’ambiance est très sympathique et même gaie, animée par les danses polynésiennes dont j’ai oublié le nom, de certains militaires venus des îles. Jean-Mathieu ne manque pas, avant son départ, de nous dire quelques mots sur le colonel LAURENT-CHAMPROSAY de même que M. COHEN. Que peuvent penser tous les soldats, Officiers, sous-officiers et bigors. Ils rentrent de la R.C.A. et d’autres sont encore à la Réunion… Quelle tristesse pour eux tous, si attachés à leur régiment. Patrice et moi rentrons à Paris, le cœur très serré, malgré l’amicale et fraternelle chaleur de tous ces hommes. Notre train est parti trop tôt et, sans doute, avons-nous manqué le traditionnel Hymne des Troupes de Marine. Yvette QUELEN-BUTTIN
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