*Commémoration du 70e anniversaire de la remise de la croix de la Libération au 2e RIMA de Champagné près du Mans.
Après la traditionnelle cérémonie du 18 juin, qui a vu cette année la commémoration du 75e
anniversaire de l’appel du général de Gaulle, cinq représentants de l’ADFL se sont rendus au Mans.
Le président Pierre Robédat était l’invité d’honneur de ce régiment, placé sous les ordres du colonel Pascal Georgin, qui a appartenu à la 1e DFL. Il était accompagné de la secrétaire générale de l’Amicale, Mme Yvette Buttin-Quelen, de son conseiller Pierre Saint-Hillier, de Marie-France Gonnord, administrateur et de Patrice Armspach, porte-drapeau.
Nous avons visité le camp d’Auvours, située dans un beau site rural à quelques kilomètres du Mans, guidés par des cadres du régiment et par le capitaine Perpère, qui représente le régiment au conseil d’administration de l’ADFL.
A 21 heures, nous étions tous en place pour la cérémonie qui se tenait sous les murs de la cathédrale du Mans, place du jet d’eau. De nombreuses personnes ont interrogé Yvette Buttin-Quelen et Pierre Saint-Hillier, qui pour la circonstance et fort opportunément, portaient à droite la croix de la Libération de leur époux André Quelen et père, Bernard Saint-Hillier. Peu connaissaient cette croix et ses traditions.
De nombreuses personnalités étaient présentes : le préfet de la Sarthe, Mme Corinne Orzechowski, qui présidait la cérémonie, M. le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, le maire du Mans, M. Jean-Claude Boulard, le général Vincent Guionie, commandant la 9e Brigade d’Infanterie de Marine, et bien sûr, le colonel Pierre Robédat. Après la revue des troupes, il fut procédé à la lecture des messages officiels, celui du secrétaire d’état aux Anciens Combattants, M. Jean-Marc Todeschini fut lu par Mme le Préfet, puis le ministre Stéphane Le Foll adressa quelques mots de félicitations au régiment. Il fut ensuite procédé à un dépôt de gerbes au pied de la croix de Lorraine installée devant le grand escalier où avaient pris place les nombreux porte-drapeaux présents. La cérémonie de remise de décorations aux officiers, sous-officiers et hommes de rang distingués put alors commencer. Dans un brillant ordre du jour, le colonel Pascal Georgin retraça l’histoire et les faits d’armes du régiment et de sa mascotte le Bélut. Le porte-drapeau de la 1e DFL, fut alors appelé à se placer seul au centre de la place avant que le colonel Pascal Georgin, accompagné du colonel Pierre Robédat ne procède à la remise des insignes du 2e RIC aux commandants d’unités. Patrice Armspach, très digne, semblait fier que la 1e DFL soit ainsi honorée. La cérémonie se termina par la traditionnelle présentation des honneurs aux autorités, puis au drapeau.
Nous fûmes conviés à un abondant et cocktail au théâtre de la Ville. Nous y fîmes de belles rencontres après que le colonel Pascal Georgin et la colonel Pierre Robédat nous aient présenté quelques faits historiques et anecdotes concernant les marsouins. Nous avons pu constater la grande acuité des souvenirs de Pierre Robédat.
Dès le lendemain, le régiment ouvrait ses portes au public, avec démonstration de matériels, nombreuses activités, divers stands et tombola. Nous regrettions bien de devoir rentrer…
*Allocution du colonel Pascal Georgin, commandant le 2e RIMA.
Comme je le disais dans l’ordre du jour, le 2e RIMA – autrefois 2e RIC – est l’héritier d’un lourd passé historique. Les campagnes de la conquête coloniale, de la grande Guerre, de l’Indochine et de l’Algérie se mêlent sur la soie de notre drapeau aux campagnes de la 2e guerre mondiale : Kub Kub en Erythrée en 1941, El Alamein en Libye en 1942, Takrouna en Tunisie en 1943, Ponte-Corvo en Italie en 1944, Toulon sur cette terre de France que certains n’ont jamais connu en août 1944, Belfort puis Colmar en janvier 1945, et enfin l’Authion en avril de la même année.
C’est toute l’histoire de la reconquête et de l’épopée de la 1e DFL qui est illustrée à travers ces inscriptions. C’est toute l’histoire de la France Libre qui figure sur notre drapeau.
Dès 1940, les volontaires issus de l’Empire se regroupent en Palestine pour constituer les premiers bataillons de Français libres. En 1942, à l’invasion de la zone libre, le 2e RIC est dissous et de nouveaux volontaires rejoignent ceux déjà en Syrie pour former bientôt la 2e BFL.
Cette 2e BFL va s’illustrer à de nombreuses reprises et ses bataillons seront maintes fois cités à l’ordre de l’Armée.
Le 08 mai 1945, la 2e BFL participe au défilé de la victoire à Nice.
Le 15 mai 1945, le 2e RIC renaît par changement d’appellation de la 2e BFL.
Enfin, le 24 septembre 1945, à Chelles, le général de Gaulle remet la Croix de la Libération au drapeau du 2e Régiment d’Infanterie Coloniale : comment ne pas s’émouvoir à la lecture de l’ordre du jour du général de Gaulle, lui qui a décoré tant de valeureux marsouins de l’Ordre de la Libération. 92 compagnons de la Libération ont appartenu au 2e RIC…
Alors, comment souligner ce passé exceptionnel et comment entretenir cette mémoire ? Nous avons souhaité montrer que les inscriptions sur le drapeau du régiment ont été chèrement acquises par l’action de ces bataillons, de cette 2e BFL. Nous avons donc souhaité ressusciter l’insigne historique du 2e RIC, qui reprend en fait l’emblème de la 2e BFL. Il fut reconnu et toléré par une décision ministérielle de 1947, et comportait à l’époque la Croix de Lorraine, symbole des unités participant à la reconquête sous la bannière de la France Libre. Cet insigne qui figure désormais sur notre fourragère comportait également un animal bien étrange : le Bélut dont je vais vous lire l’histoire : Après Bir Hakeim, Rommel marche sur Alexandrie. A la 2e Brigade Indépendante, en cet année 1942, le moral est bas ; un jour pour définir le cafard, sorte de coup de bambou bien connu des vieux coloniaux, mais dénommé différemment selon les régions (en pays Druze, si rocailleux, on appelait cela la parpaingite ), le lieutenant-colonel Garbay, qui commande alors l’infanterie de la 2e BFL, reprit le mot qui avait cours au Maroc lors de son séjour en 1925. Ils ont, dit-il, le Bélut. Le mot fit fureur parmi les officiers de la brigade et le médecin lieutenant-colonel Reilinger, médecin-chef des F.F.L. dans le Western Desert, rédige et lit à la popote des officiers un canular médical : une description clinique de cette nouvelle maladie, le Bélut syndrome contagieux épidémique à manifestations d’ordre cérébral qui ravage la 2e Brigade. Le major Garrick, officier de liaison de l’armée britannique crayonne un jour la silhouette de l’être vivant responsable de cette affection, le redoutable Bélut. Le médecin colonel Reilinger conseille de lui ajouter sur le dos la boussole solaire (système Cole) qui était placée sur de nombreuses voitures d’officiers. La silhouette de cet incroyable animal qui semble avoir une tête de canard, un corps de chameau et des pattes de dinosaure, devint si populaire que quelques mois plus tard le colonel Garbay l’adoptait à son tour. Il le faisait peindre au pochoir en rouge sur fond blanc dans un cercle bleu sur tous les véhicules de la Brigade dont il devenait ainsi l’emblème. Mais il semble que l’origine de ce fameux Bélut se soit perdue et bientôt certains l’expliquèrent ainsi : c’est un animal imaginaire… destiné à guider le combattant free french perdu dans les sables, d’où la boussole solaire qu’il porte sur le dos.
Lorsqu’à la fin de la guerre, la 2e Brigade devint le 2e Régiment d’Infanterie Coloniale, on voulut garder le Bélut comme emblème et un insigne métallique avec ancre d’or, croix de Lorraine rouge et Bélut blanc, fut réalisé par Arthus Bertrand. Mais sur cet insigne, on avait oublié l’essentiel de l’animal : la boussole solaire. Il n’avait donc plus rien à voir avec l’emblème original !
Voilà l’histoire avec un petit H qui renoue avec l’histoire avec un grand H, si je peux dire ainsi.
Et l’Ordre de la Libération aujourd’hui ?
18 unités des forces françaises libres (17 encore existantes)
5 communes (Nantes en 1941, Grenoble en 1944, Paris en 1945, Vassieux-en-Vercors en 1945 et l’Île de Sein en 1946),
Et surtout 1038 compagnons de la Libération qui ont tous rendu des services exceptionnels pour libérer la France.
Aujourd’hui, l’Ordre de la Libération a été transféré au conseil des communes à travers le conseil national des communes Compagnon de la Libération . Elles sont chargées d’assurer la pérennité des traditions de l’Ordre de la Libération et de conserver la mémoire des Compagnons disparus ; d’organiser les commémorations chaque année et enfin de veiller sur le Musée et les archives de l’Ordre de la Libération.
A notre modeste niveau, nous voulions contribuer à perpétuer l’esprit de cet Ordre et honorer la mémoire des Compagnons de la Libération dont seulement 16 sont encore en vie aujourd’hui et dont certaines descendants nous font l’honneur d’être parmi nous ce soir.
La mémoire, c’est un outil […] qui doit permettre aux jeunes de devenir demain des citoyens éclairés, et […] de leur montrer que rien n’est jamais acquis, que tout se construit disait monsieur le secrétaire d’Etat aux anciens combattants, M. Jean-Marc Todeschini. J’espère que nous contribuons à permettre à nos jeunes de devenir des citoyens.
Mes remerciements vont à Monsieur le Sénateur de la Sarthe et maire du Mans qui a rendu possible cette très belle cérémonie, non pas sur la place d’Armes mais ce sera pour une prochaine fois.
A Mme la préfète de la Sarthe, Mme Orzechowski, qui a tout de suite adhéré à l’idée de commémorer et l’appel du 18 juin et cet anniversaire un peu particulier.
Enfin, au général Guionie, commandant la 9e brigade d’infanterie de marine qui nous fait l’honneur de présider cette cérémonie. Je voudrai aussi saluer la présence du général de division Soyard, qui nous fait l’amabilité d’être présent ce soir et qui joue un rôle particulier pour notre régiment puisqu’il a servi voilà plusieurs années comme commandant de compagnie du 2e RIMA…
Je voudrais enfin remercie le colonel Robédat, président de l’Amicale de la 1e DFL, et qui nous apporte son soutien quotidien dans le cadre de nos relations avec le monde combattant et pour la préparation de cet événement. Je lui cède d’ailleurs respectueusement la parole.
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