*La Campagne d’Alsace du 21e Groupe Antillais de DCA
par le Colonel FLORENT
Au cours de cette campagne et plus que partout ailleurs le Groupe de DCA s’est toujours trouvé constamment mêlé à la vie, à la peine et aux combats de la Division.
Le 2 janvier 1945, les reconnaissances du 21e Groupe Antillais de D.C.A. préparent l’installation des batteries dans le secteur de leur Division :
la batterie « A » dans la région de Benfeld, la batterie « B » à Val de Ville et Thannenkirch.
L’ordre du commandement des F.T.A. précisait d’avoir à tenir compte pour le choix des emplacements de ce que la mission de D.C.B. avait une importance presque égale à celle de D.C.A.
Aussi les Commandants de Batterie étaient-ils invités par le Commandant de Groupe à se tenir en liaison étroite avec les Commandants des Brigades d’infanterie voisines. En fait, la forte pression exercée par l’ennemi sur le front très étendu de la Division allait subordonner toute action à la nécessité de s’organiser en points d’appui fermés.
C’est dans le cadre de cette mission qu’agiront les éléments les plus avancés.
Une section, aux avant-postes, dans le P.A. d’ Herbsheim du 7 au 11 janvier.
La batterie « A », dont la mission d’abord mixte (D.C.A. et D.C.B.) finira par n’être plus que solidaire des différents P.A. de Haussern, Sand et Benfeld.
**Rôle de la section d’infanterie du groupe de D.C.A.
Incluse dans le P.A. d’Herbsheim (d’après les extraits des journaux de marche des batteries A et D).
Le 7 janvier 1945 à 19 heures, l’aspirant RASPAUD porte au P.C. du Groupe à Saint Pierre Bois, l’ordre d’envoyer d’urgence un élément d’effectif, environ 50 hommes, pour étoffer les éléments défendant Herbsheim.
L’ordre est donné aux batteries « B » et « D » de fournir chacune une demi-section, aux ordres des adjudants VALBON, batterie « D » et Grand, batterie « B », le plus ancien, l’adjudant VALBON, commande l’ensemble. Elles reçoivent dans la nuit, du Capitaine OLIVIER du BIMP , l’ordre de prendre position au petit jour, la demi-section GRAND, à l’intérieur du village, face au Sud, la demi-section VALBON sortie Ouest, qu’il faut tenir.
Deux pièces de la batterie « A » sont d’ailleurs installées en DCB tout près. Au cours d’une visite dans la matinée du 8, le Commandant du Groupe décide d’envoyer le sous-Lieutenant MARTINI prendre le commandement de l’élément d’Infanterie. Suivons les deux semi-sections au cours de cette affaire.
1. L’adjudant GRAND commande une vingtaine d’hommes constitués en deux groupes aux ordres des maréchaux des logis BOURG et ACINA, et armés, l’un d’une mitrailleuse 12/7, l’autre de deux brenn- Gunn. Arrivé dans la nuit, ce sous-officier reçoit entre autre mission d’interdire le carrefour. Il place les hommes à l’abri dans une maison pour la nuit. Au petit jour, il procède à la reconnaissance des lieux.
D’abord il place le F.M., puis ayant achevé sa reconnaissance il se ravise, s’étant rendu compte que l’arme installée aurait une action plus efficace, il la fait déplacer, c’est alors qu’il est touché par un gros éclat de mortier qui l’atteint au coeur. Le maréchal des Logis chef DRACIUS prend alors le commandement.
Les hommes aux ordres du Maréchal des Logis BOURG , les canonniers DRACIN, MINA et SABATIER se précipitent vers leur chef et emportent le corps dans la grange. Par la suite, il sera transporté ainsi que ceux de ses camarades tués à Herbsheim dans l’église du village.
Héroïque simplicité d’un vieux sous-officier français pour qui le travail et le devoir sont un, les déplacements de l’adjudant GRAND se sont effectués sous un violent bombardement.
En effet, quand il se porte de la grange du carrefour, puis d’un emplacement de tir à l’autre, chef de section et chefs de groupes sont à trois reprises couverts par les gravats et les débris de tuiles qui tombent des murs et des toits. Nul ne s’en soucie.
Quand les hommes emportent leur chef, le tir des mortiers ennemis est intense. Quand le canonnier JURAVER va rendre compte de l’événement à l’adjudant Valbon, les coups tombent sans arrêt. Rien n’empêche l’un ou l’autre d’accomplir sa mission. Après avoir tenu les lignes pendant 47 jours dans les Vosges, les décéistes de la 1e D.F.L. sont aguerris et tiennent à l’honneur de montrer qu’ils ont le cœur à l’ouvrage et s’honorent des risques qu’ils ont été conviés à partager quand cette Grande Unité mène des combats héroïques.
2. L’adjudant VALBON, qui commande la demi-section de la batterie « D », amène dans Herbsheim ses hommes, en chef averti. Il s’est déjà fait remarquer dans les Vosges.
C’est un jeune et ardent sous-officier, insouciant du danger. Son élément comportait 38 hommes répartis en trois groupes : une 12/7 aux ordres du maréchal des logis COUBEL, un brenn-gun aux ordres du maréchal des logis TUAILLON, des grenadiers aux ordres du maréchal des logis INGARGIOLA. Pendant que leur chef prend les ordres, l’ennemi canonne le village. Trois hommes sont blessés presque dès l’arrivée, les canonniers ARROUVEL, SAGNE et FANCISQUIN (les deux premiers mourront à l’hôpital).
Aussitôt, le maréchal des logis INGARGIOLA les fait ramasser et évacuer dans le plus grand calme. Au lever du jour, le 8, l’adjudant VALBON ramène ses hommes du centre du village où il les avait fait abriter dans les maisons, vers les emplacements de combat qu’il fixe au fur et à mesure qu’il répartit les missions. La mitrailleuse lourde battra les lisières du bois, le fusil mitrailleur prendra sous son feu une barricade et la route venant de Benfeld.
Sûr de lui, il n’hésite pas, hélas il sera tué quelques heures plus tard, ainsi que le sous-lieutenant MARTINI à qui il expliquait les dispositions prises. Le maréchal des logis INGARGIOLA, le plus ancien, prendra donc, dans l’après-midi du 9, le commandement de la section.
Mais, dans la nuit, le Commandant du P.A. la confiera au sous-lieutenant DIDIER du BIMP, de son côté le maréchal des logis TUAILLON fait ouvrir le feu de son F.M. sur deux allemands qui, sortant des maisons situées à l’est du village, tentaient de regagner le bois. L’un est tué, l’autre blessé est fait prisonnier. Le maréchal des Logis COUBEL , fait à son tour des prisonniers mais sans ouvrir le feu, deux autres allemands qui atteignaient les lisières du village à proximité de sa pièce. Il sera blessé à sa pièce le lendemain vers 9 heures, alors qu’il intervenait contre une patrouille ennemie cherchant à pénétrer dans le village.
Le 10, à 17 heures, une action plus sérieuse de l’ennemi trouve nos hommes à leur place de combat et qui, postés aux fenêtres des maisons, participent à les repousser.
Sans arrêt, entre de violents bombardements, nos hommes sont soumis à des tirs de harcèlement. Ils se comportent fort honorablement et pas plus dans leur secteur qu’ailleurs, l’ennemi ne pénétrera dans Herbsheim tant que le Commandement aura décidé de tenir, le village reste encerclé pendant quatre jours.
Le 10 à 23 heures, à la faveur d’une intervention menée par le BLE pour les débloquer, ils reçoivent l’ordre de se préparer à décrocher. Le 11 à 3 heures, la manœuvre s’exécute en bon ordre, toutes les armes automatiques sont ramenées, y compris les brenn-gunn dont les munitions étaient épuisées.
La Division part à l’attaque dans la nuit du 22 au 23 janvier 1945.
Malgré la neige, les obstacles posés par l’ennemi, l’opiniâtreté de la défense allemande, le Rhin est atteint dans les derniers jours du mois.
**Ordre général n°317
Le général de brigade Garbay, commandant la première Division Française Libre cite à l’ordre de la Division
21e Groupe de F.T.A.
Groupe Antillais d’élite, sous l’impulsion du chef d’escadron de Kœnigswarter, commandant les F.T.A. Divisionnaires et le commandement énergique du chef de bataillon Lanlo, a toujours fait preuve des plus belles qualités militaires. Après avoir participé à la campagne d’Italie, a été utilisé à maintes reprises pendant la campagne de France comme unité anti char ou d’infanterie. Premier Groupe de F.T.A. débarqué à Cavalaire, a pris une part active dans la réduction des forts de Toulon, faisant de nombreux prisonniers. A tenu, au prix de lourds sacrifices, un front étendu de positions d’infanterie devant Giromagny. A montré une belle ardeur combative pendant la défense d’Herbsheim où un fort détachement du Groupe est resté encerclé pendant trois jours, résistant sans défaillance malgré la perte de plusieurs de ses pièces atteintes par des coups directs de char et la mort de la plupart de ses officiers et chefs de section. A Benfeld, les jours suivants, a repoussé toutes les attaques de l’ennemi, détruisant des chars et faisant des prisonniers.
Cette citation a été approuvée par le général de corps d’armée commandant le 2e Corps d’Armée sous n°1223/1-P.O. en date du 13 mars 1945.
Liste des Morts du 21e Groupe :
Lieutenant ELIE Louis | Aspirant MARTIN François |
Sous-lieutenant MARTINI Jean-Pierre | Lieutenant MICHAUD Marcel |
Adjudant GRAND Emile | Adjudant VALBON Désiré |
Brigadier DINGA Irénée | Brigadier VANDAL Thimotée |
Canonniers : | |
ARROUVEL Robert | GUIMS Joseph |
LAJARTHE André | LESUPERBE Gabriel |
LOUSSASSA François | MARSAUDON Camille |
MOUTOU Roger | SAGNE Raoul |
SIGAUD Louis | VINGADAPATY Pierre |
CAMOUT Louis | CAROLINI Joseph |
CELINI Saturnin | CHAM Maurice |
COQUILLE de MONCOURT | CRIMÉE Maurice |
DOLMAR Louis | PINEDE Simon |
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