Monsieur Alain Jacquot-Boileau est directeur de l’école élémentaire de Champagney : une école de 7 classes avec 170 élèves vont il a en charge les CM2. Une année sur deux ( l’autre année, les élèves sont conduits en Alsace au Hartmannwillerkopft – le Vieil Armand- pour évoquer la guerre de 14-18 ), Alain Jacquot-Boileau conduit l’ensemble des CM à Rougemont (25) pour un hommage à Diego Brosset et aux soldats de la 1ère DFL. Le 5 octobre 2012 cela concernait 62 élèves. Le Directeur de l’Ecole est aidé par le Souvenir Français et le Ministère de la Défense.Par ailleurs, Alain Jacquot Boileau anime un blog sur le patrimoine naturel historique et culturel de sa région dans lequel il a publié une douzaine d’articles relatifs au général Diego Brosset dont il est un fervent admirateur. Toutes les photos de cette page aimablement communiquées à l’A.D.F.L par Alain Jacquot Boileau sont issues de son blog.
*Général Diego Brosset – la dernière image
Né à Buenos Aires en 1898 – mort à Champagney en 1944 Sur cette photo prise par un Champagnerot alors adolescent – Georges Péroz – le Général Brosset est pour une fois à l’arrêt et, étrangement, songeur. Il se trouve à l’entrée de Champagney dans le virage avant le pont sur le Rahin. Nous sommes le 19 novembre 1944, Champagney vient d’être libéré. Le Général trouvera la mort le lendemain, dans le tournant de Passavant, au volant de sa jeep basculant dans le Rahin en crue.
*Le Général Diego Brosset
Diego Brosset est né le 3 octobre 1898 à Buenos Aires dans une famille de magistrats lyonnais. Il rentre en France à l’âge de deux ans. Engagé volontaire le 7 septembre 1916 dans les Chasseurs à pieds, il termine la guerre comme sergent, titulaire de quatre citations. En octobre 1921, il sort de Saint Maixent avec le grade de sous-lieutenant. En 1922, Diego Brosset part comme officier colonial, méhariste en Afrique où il sert pendant 15 ans. Il sillonne le Soudan, la Mauritanie, le Sud algérien et le Sud marocain. Promu capitaine en 1930, cinq citations lui sont à nouveau décernées. En avril 1940, son anticonformisme le fait envoyer comme professeur de stratégie et tactique à l’Ecole Supérieure de guerre de Bogota en Colombie. Ralliant le général de Gaulle dès le 27 juin 1940, il quitte la Colombie pour l’Angleterre en octobre et se voit condamné à mort par contumace par un tribunal militaire du gouvernement de Vichy. A Londres, il sert d’abord à l’Etat-major du général de Gaulle. Il est promu lieutenant-colonel en décembre 1940. En mission en Ethiopie en juillet 1941, il devient chef d’Etat- major du général Catroux. Promu colonel en octobre, il reçoit le commandement de l’Est syrien, puis, en janvier 1943, celui de la 2e Brigade Coloniale. Il se bat en Libye, traverse la Cyrénaïque, la Tripolitaine, prend part aux combats de Tunisie. Nommé général de brigade le 1e juin 1943, le 1er août il prend le commandement de la 1e Division Française Libre. En avril 1944, la 1ère DFL débarque en Italie et participe aux combats de rupture de la boucle du Liri, à la bataille du Garigliano et perce le 18 mai la ligne « Gustav ». En juin, elle prend part à la prise de Rome et aux combats de Toscane. La 1e DFL débarque en Provence le 16 août 1944, participe à la prise de Toulon et d’Hyères, à la poursuite dans la vallée du Rhône, et enfin le 3 septembre à la prise de Lyon, Autun, et Dijon. Brosset est alors promu général de division. Il commande ensuite la DFL lors de la Bataille des Vosges du 20 septembre au 20 novembre 1944. Le 20 novembre au matin, il adresse un message à ses soldats : Dans les jours qui suivent, je compte sur vous, les plus vieilles et les plus jeunes troupes de la nouvelle armée française, pour atteindre Giromagny et le Rhin au nord de Mulhouse. Ce même jour, dans l’après-midi le Général trouvera la mort à Champagney ici-même dans le tournant de Passavant, au volant de sa jeep basculant dans le Rahin en crue. Il n’avait que 46 ans. Cette mort stupide plongera la Division dans la douleur. Le Général de Gaulle déclarera : Le Général Brosset était mon bon compagnon, mon ami… Il était de la noble et chère phalange qui s’était dans les premiers jours groupée autour de moi pour accomplir notre mission au service de la France… Diego Brosset repose dans la Nécropole nationale de Rougemont dans le Doubs parmi ses soldats. Fin lettré, curieux des civilisations qu’il côtoie, il écrira un roman sur ce monde : Sahara (En 2003, le cinéaste Raymond Depardon s’inspirera de ce roman pour son film Un homme sans l’Occident). Là-bas, il sera géographe et ethnologue (Théodore Monod rendra hommage à ses travaux sur le désert), apprendra l’arabe et d’autres langues africaines. En outre, il parlait l’espagnol et l’anglais. Le Général Brosset a beaucoup écrit, c’était un homme de tolérance et de grande culture. C’était aussi un athlète, un sportif à l’endurance impressionnante et un excellent nageur. Il était partout, toujours en mouvement, toujours en première ligne à la joie de ses hommes et au grand étonnement des populations libérées. En octobre 2008 je rencontrais à l’université ouverte de Lure, André Nouschi, professeur émérite à l’Université de Nice et Ancien de la 1e DFL . Je lui demande alors d’évoquer la figure de son chef. Brosset était un type épatant, raconte-t-il. Quand nous sommes arrivés à Lyon avec un bon mois d’avance sur le programme, il a fait monter sa jeep sur les escaliers de l’hôtel de ville à la stupéfaction des Lyonnais et aussi à la nôtre. Il avait conduit notre division en Italie jusqu’aux portes de Sienne, et nous avions une confiance incroyable en lui. Nous savions qu’il était casse cou, d’un courage fou et d’une témérité totale. Garbay son successeur n’avait pas son allant et son panache. Il me rappelait les généraux de la Révolution; ce n’est pas peu dire. Son nom est à peine mentionné dans les manuels et dans l’histoire de la France Libre. Il a été un grand soldat, certes, mais aussi un très grand Français. Je me suis toujours étonné qu’à titre posthume de Gaulle n’en ait pas fait un maréchal de France. Il le méritait bien. Car sans son audace, la chute de Belfort aurait été retardé . Ce témoignage est très touchant et c’est toujours ainsi que parlent ceux qui ont approché le général Brosset. Conserver intacte sa mémoire, c’est aussi garder la trace de notre histoire. Il faut le faire avec obstination car les générations passent, c’est la raison pour laquelle tous les deux ans une soixantaine d’écoliers de Champagney se rend à Rougemont pour rendre hommage à Diego Brosset et à ses hommes. L’oubli serait une seconde mort. A. Jacquot-Boileau
*Le Général BROSSET en TUNISIE
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