Poème de Charles Péguy que François Garbit avait lui-même choisi et mis en exergue de son cahier de lettres.
* POURQUOI
Quand il fallut s’asseoir à la croix des deux routes
Et choisir le regret d’avec que le remords
Quand il fallut s’asseoir au coin des doubles sorts
Et fixer le regard sur la clef des deux voûtes.
Vous seule vous savez, maîtresse du secret,
Que l’un des deux chemins allait en contrebas,
Vous connaissez celui que choisirent nos pas,
Comme on choisit un cèdre et le bois d’un coffret.
Et non point par vertu car nous n’en avons guère,
Et non point par devoir car nous ne l’aimons pas,
Mais comme un charpentier s’arme de son compas,
Par besoin de nous mettre au centre de misère.
Et pour bien nous placer dans l’axe de détresse
Et par ce besoin sourd d’être plus malheureux
Et d’aller au plus dur et de souffrir plus creux
Et de prendre le mal dans sa pleine justesse,
Par ce vieux tour de main, par cette même adresse,
Qui ne servira plus à courir le bonheur,
Puissions-nous, ô régente, au moins tenir l’honneur,
Et lui garder, lui seul notre pauvre tendresse.
Charles Péguy
La Tapisserie de Notre-Dame
Prière de confidence
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