*Il y a 40 ans à Rossfeld et à Herbsheim
Quand les habitants et les anciens de la 1e DFL racontent leurs souvenirs aux jeunes du contingent
Il y a plusieurs manières de commémorer les anniversaires des combats de la Libération et les tourmentes de la dernière grande offensive allemande en Alsace. Offices religieux, discours devant le monument aux morts, dépôt de gerbes et sonnerie par le clairon du corps des sapeurs-pompiers, présence des personnalités du secteur dont celles du conseiller général et député, et pour couronner le tout, vin d’honneur et kougelhopf á la mairie, tels sont les moments traditionnels auxquels nulle commune ne saurait échapper.
Rien de tout cela n’a manqué á Rossfeld et á Herbsheim, ces deux bourgades du Ried du centre Alsace où nul n’oublie, 40 ans après, les difficiles combats livrés par la 1e DFL, en janvier 1945, face á l’opération Sonnenwende qu’Heinrich Himmler venait de déclencher pour reprendre Strasbourg et repousser les alliés au-delà des Vosges.
N’hésitez pas à faire connaître la vérité, avait recommandé le général Leclerc au patron de la 1e DFL. Hier à Herbsheim, les anciens s’y sont employés – dans les familles auprès des jeunes du contingent (à gauche). Ci-dessus dans la famille Albert Kretz (au centre), par André Ode (Aix-en-Provence) et Laurent Ravix, qui commandait la 3e batterie du régiment d artillerie dans la nuit du 7 au 8 janvier 1945. A droite Esther Sittler, maire da la commune. (Photo DNA)
Je compte sur vous, avait déclaré le général Von Maur dans son ordre du jour du 5 janvier, pour avoir annoncer au Führer dans quelques jours que le drapeau a croix gammée flotte a nouveau sur la cathédrale de Strasbourg.
D’où l’âpreté de ces combats décisifs pour la libération de l’Alsace.
La 1e DFL, cette division d’infanterie qui avait pris dés le 1e janvier le relais de la 2e DB partie en Lorraine épauler l’armée de Patton, allait supporter avec vaillance le choc des panzers allemands. Rossfeld, Herbsheim, Obenheim et Gerstheim figurent au martyrologue de l’unité dont les pertes du 1e au 17 janvier s’élèvent a 1 337 hommes.
**La « Saint-Herbsheim »
Villages qui ont mis longtemps a se relever de leurs ruines, coquets aujourd’hui et que les anciens libérateurs, revenus 40 ans après, ont eu quelque peine a reconnaître. Cérémonies traditionnelles, certes, mais aussi quelque chose en plus : le désir de mettre les jeunes du contingent a l’écoute des souvenirs des habitants et des anciens de la 1e DFL.
L’initiative en 1978 avait été sympathiquement ressentie et, depuis lors, le régiment d’artillerie de marine (1e RAMA), héritier á Montlhéry du régiment d’artillerie qui s’est illustré aux lisières du village, fête chaque 7 janvier la Saint- Herbsheim .
D’où le télégramme adressé á l’unité le 7 janvier 1984 par Esther Sittler, maire de la commune : Toute notre gratitude et nos pensées vont aujourd’hui au régiment libérateur de notre village. Herbsheim reconnaissant.
D’où aussi le désir de célébrer cette fois la Saint- Herbsheim à Herbsheim même. Cela a été fait hier avec une touchante cordialité, 75 jeunes du contingent y participaient. Le maire avait fait passer l’appariteur dans les familles : Qui peut prendre un soldat á sa table ? Aucun problème. Il aurait pu en arriver trois fois plus dans ce village de 880 habitants. Certains s’étaient inscrits pour en recevoir 10 ou 15. Touchant.
**Le conseil de Leclerc
Emouvants aussi les détails racontés par les anciens et les habitants de Herbsheim dont quelques-uns s’étaient terrés dans les caves, á ces jeunes appelés qui pour beaucoup découvraient tout á la fois l’Alsace et une page de son douloureux passé. Nous sommes allés á l’écoute de ces souvenirs dans les familles Albert Kretz et Antoine Otter dont les maisons á l’époque étaient en ruines.
Dans 50 ou 60 familles c’était la même amicale leçon d’histoire et partout la même conclusion, celle que le général Leclerc écrivait fin janvier 1945 au général Garbay, commandant la 1e DFL :
Bravo ! En somme la 1e DFL aura probablement sauvé Strasbourg après que la 2e DB l’ait prise. Félicite tout le monde de notre part et n’hésite pas á faire connaître la vérité.
Les anciens de l’unité et les habitants de Herbsheim ont mis, hier, tout leur coeur à s’y employer.
Jacques GRANIER
Les Dernières Nouvelles d’Alsace 1e janvier 1985
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