*TROIS JOURS EN ITALIE – RADICOFANI
A partir d’ACQUAPENDANTE est formé un Corps de poursuite aux ordres du Général de LARMINAT (3e DIA et 1e DFL).
Groupement blindé aux ordres du Chef d’escadron de BURON, commandant en second du 8e RCA composé du 4e escadron du 8e RCA et le peloton des Pionniers ; de deux escadrons de reconnaissance du 1e RFM (3e et 4e) ; d’une Compagnie de chars « Médiums » américains et d’une Compagnie de chars légers, en tête les 1e Brigade (Colonel DELANGE) en Ouest et 4e Brigade (Colonel REYNAL) en Est avance assez rapidement devant un ennemi se repliant et notre Génie rendant praticables les chemins coupés ou minés.
Le 17 juin, la progression de la Division se ralentit puis arrêtée au contact d’un seuil de résistance basé sur RADICOFANI, les Mts CALCINAJO et COTONA.
Sous la pluie abondante et froide, le 22e pousse vers MADONNA delle VIGNE afin d’appuyer le BM 21 qui doit attaquer le Mt CALCINAJO fortement ébranlé au nord du carrefour 203/795 tenu par le 4e escadron du 1e RFM pris sous un violent tir d’armes antichars que le 1e BLE prend à partie et peu à peu, réduit au silence. Le 22e qui surplombe la route signale que l’ennemi se replie et ce bataillon, qui se trouve à la pointe des autres unités, pris sous un violent bombardement d’artillerie venant des hauteurs environnantes aura des difficultés à descendre la pente battue par le tir de l’ennemi afin de faciliter l’action du 1e BLE sur RADICOFANI dont les éléments avancés abordent POGGIO LERNO et s’y installent solidement.
Au soir, la 1e Brigade est bloquée à 2 km au Sud de Radicofani après avoir pris SAN CASCIANO et atteint la région de FIGHINE où la liaison est assurée avec les Britanniques.
Le 18 juin, dans son avance la Division se heurte à des points forts qui sont manœuvrés par l’Est.
La colonne blindée s’ébranle pendant que l’infanterie progresse à son abri. Mais voici qu’un kilomètre à peine parcouru, nos éléments, gagnant de l’altitude, émergent du brouillard protecteur ; il va falloir s’engager sur la ligne droite montante précédant le virage d’entrée dans le village.
Le Cdt de BURON n’hésite pas, il passe le message suivant à la radio : » J’approche de Radicofani, le bourg parait vide, on ne voit pas bouger un rat » Et pourtant de là-haut, la Major prussien RADGEDS commandant le II/67e P.G.R et chef de la garnison du bourg observe attentivement l’avance française.
Le village donc parait vide et la colonne s’engage sur la dernière ligne droite. Canons, mitrailleuses, fusils se déchaînent et froidement le Cdt de BURON passe le nouveau message : » Des résistances ennemies viennent de se révéler dans le village, il y a un monde fou « .
On essaye du débordement par la droite : un char saute sur une mine, d’autres s’enlisent. Alors l’artillerie entre en jeu et assomme sous les obus le village et le donjon, tandis qu’un TD, à vue directe, nettoie les servants d’une pièce antichars. Puis, avant même la fin du tir, six fantassins sous les ordres du chef de section se lancent dans la maison en arcades par une fenêtre non grillagée et pourchassent les défenseurs de pièce et pièce, à la grenade et à la mitraillette.
Vingt minutes après la maison est nettoyée et les 92 prisonniers qui y sont ramassés enlèvent les cadavres de leurs camarades.
Un capitaine et un lieutenant ont été tués, 2 autres se sont rendus, quant au Major RADGENS, il s’est tiré une balle dans la tête pour ne pas survivre à sa défaite, (le Colonel SIMON (8e RCA) tiendra à le faire enterrer décemment en face de la position qu’il n’a pas voulu abandonner vivant.
A l’extérieur, fonçant sur la route minée, les blindés foncent sur les antichars et les Bréda et la Légion nettoie la localité au prix de durs combats de rues où un servant de mitrailleuse capturé se révèle être un français du Lot et Garonne engagé volontaire dans la Wehmacht. Il vaut mieux lui épargner d’autres interrogatoires, il disparaît.
A la 4e Brigade le BM 21 s’empare du Mont CALCINAJO à 10h et y subit une violente contre-attaque ; à partir de 15 h, elle est enrayée après intervention massive de l’artillerie et de l’envoi de renforts 2e Cie du BIMP + la CA et les antichars et les 81 du Capitaine ROUDAUT . Des éléments de la Brigade engagés dans la région ouest du Mt COTONA également contre-attaques doivent se replier. (BM 24)
Malgré la résistance adverse la 1e DFL occupe solidement, au soir du 18 Juin les points culminants contrôlant les vallées du Fiume Orcia et du Formone Elle est en liaison directe avec le 13e Corps britannique parvenu à CAPORSE-VOLI.
Le 19 Juin, la Division pénètre en TOSCANE et atteint, malgré une pluie diluvienne PIAGGO VILLANOVA et PIAGGO REGGIONE.
Au soir du 20 Août, la 1e DFL a atteint tous les objectifs qui lui avaient été fixés. Elle a démantelé l’ensemble des points forts qui constituaient le seuil de RADICOFANI ouvrant ainsi aux Alliés la route de la TOSCANE.
Dans ses trois jours de combats elle a perdu 122 tués dont 9 officiers : Lt-Colonel Laurent Champrosay – Capitaine BRIARD – Capitaine Blanchet Capitaine Mercier – Capitaine Mezzan – Lt de Quinsac. 3 Aspirants du BM 24 Lemarinel – Borrel – Tripier. Le 8e RCA a eu, en deux mois, quelque 52 tués et 294 blessés sur un effectif total de 756 hommes. 3 chars « Tigre », 6 chars Panther 2 auto moteurs, 25 canons dont 4 pièces de 88 ont été pris ou détruits. En ITALIE notre Première Division Française Libre forte de 16 317 hommes a livré, du 9 mai au 20 juin 1944, 13 batailles importantes du Garigliano à Radicofani. 42 jours de combats qui ont coûté à la Division, 673 tués dont 49 officiers et 2 066 blessés dont 185 officiers. Elle a fait 1 200 prisonniers.
*L’étrange histoire de radicofani
Conférence du Colonel de BURON (Tunisie, 1947) Commandant en second le 8e RCA – Commandant le Groupement Blindé sur l’Axe RADICOFANI.
Oui, c’est une curieuse histoire que celle de Radicofani et qui présente de mystérieuses coïncidences.
Puissante place forte, clef de voûte de la plaine de Sienne, Radicofani fut victorieusement défendue par les français en 1555 et prise de haute lutte par d’autres français, quatre siècle plus tard.
C’est dans un paysage tourmenté, tâché d’ocré et de vert, sous le ciel bleu italien aux teintes fines, qu’aux abords de la Toscane se dresse à près de mille mètres d’altitude, au sommet d’une terrasse rocheuse aux parois verticales, un donjon carré, très étroit, très haut, et malgré tout massif.
**RADICOFANI
L’alentour est hérissé de bourgs fortifiés et de châteaux-forts modelés au long du moyen âge par mille ans de lutte entre les papes et les princes.
Qui construisit Radicofani ? ; si on ajoute foi à l’inscription d’une pierre gravée conservée à VITERBO, on y trouve mentionné le nom du Roi DESIRE, et d’après de vieux manuscrits datant de 800, le village et la citadelle faisaient partie du patrimoine de la Reine. Mais ceci est dans les brumes du passé, de ce passé de domination des lombards en Italie.
Ce que l’on connaît avec plus de certitude, c’est l’acte de ven te faite aux moines de l’Abbaye de SAN SALVATORE, par LAMBERT fils d’ILDEBRAND (pape sous le nom de GREGOIRE VII en 978 sous le règne d’OTHON II (Roi de Germanie et d’Italie). Le pape CELESTIN II confirma en 1143 par bulle, cette acquisition.
Dès cette époque lointaine les habitants de Radicofani trouvaient refuge et protection à l’intérieur des murailles du Bourg, car Sienne et Toscane continuaient la guerre contre HENRI IV (Empereur de Germanie) et GREGOIRE VII.
Toutefois, au-dessus de cette lutte intestine, une autre menace planait Frédéric BARBEROUSSE (Empereur du Saint Empire romain germanique ; soumit l’église à ses volontés – se fera couronner Empereur de Rome).
Le Saint Pontife ADRIEN IV (seul pape anglais) pris peur avec juste raison. Il décida d’élargir les fortifications et de faire de Radicofani une citadelle imprenable.
Les paysans furent gagnés par la mime angoisse et l’on construisit avec frénésie. Pendant ? ans, le piton fut une véritable four milière sur lequel les uns derrière les autres, gens et bêtes pliant sous le ’faix’ acheminaient les matériaux, construisaient un boulevard massif ’hérissé de tours crénelées prêt à affronter le choc des béliers et, des catapultes germaniques.
Il fallait voir le contraste du manant en guenille, suant au labeur et des cavaliers de la sainte Cour Romaine aux tuniques flamboyantes accompagnant nonchalamment le Souverain PONTIFE. Car ce dernier venait souvent se rendre compte par lui-même. Du lever du jour au crépuscule, il parcourait les remparts ….Chacun s’agenouillait sur son passage… et il bénissait le sol, les pierres et la foule qui les défendrait.
Hélas, tel un raz de marée, l’Armée de Frédéric BARBEROUSSE s’abattit et déferla sur les murailles…elle reflua d’ailleurs comme elle s’était abattue et les étendards rouges et noirs ne flottèrent que peu de temps sur ledonjon… ; pourtant rien n’était fini, les moines et la population connurent encore les horreurs de la guerre lorsqu’ ORTHOB IV attaqua FREDERIC II, Roi de Sicile et allié du Saint PONTIFE.
A travers l’exaspération de cette vie de rapine et de brigandage, la règle monastique ne sut se maintenir et GREGOIRE IX, lutta contre FREDERIC II et en 1226 déposséda les moines de SAN SALVATORE au profits des moines de Citeaux (Côte d’Or). Ceux-ci n’eurent pas davantage une période de répit, car durant près de cent ans, dans l’âpreté des chocs entre Sienne et Florence, Radicofani passa de main en main, ravagée, détruite en parte et reconstruite.
Dans cet imbroglio de luttes qu’on suit mal, où l’allié d’hier devient l’ennemi de demain, quelques faits d’armes et de cruauté rap portés par l’histoire sont assez éloquents pour dire combien cette terre fut imbibée de larmes et combien de rochers ruisselèrent de sang.
Oyez plutôt :
C’est une figure légendaire que celle de Chino de Tacco, (…) en 1279 et les adjectifs qui le décrivent sont hyperboliques : « Beau, grand, fort, les cheveux très noirs, courtois et magnanime ».
Son père et son frère ayant été décapités par le Podesta (1e Magistrat) de Sienne, Chino attend à Radicofani l’heure des représailles. Il a une troupe à lui, dévouée comme une meute de chiens sauvages. Brutalement, lorsqu’il sent l’heure venue, il dévale dans la plaine, contourne d’abord la ville éternelle puis fondant à l’improviste au cœur de Rome se saisi du Podestat devenu Sénateur et lui tranche la tête. Mais ce n’était pas suffisant comme vengeance Cette tête il la pique sur sa lance, la rapporte sur le rocher de son fief, afin de se repaître au spectacle des vautours qui en dévorent les yeux.
1300 – 1301 – 1302 – 1305 connaissent de nouveaux assauts. Les catapultes battent les portes et les défenses. Sur les créneaux sur les bretelles, nuit et jour les défenseurs successifs déversent sur l’assaillant qui s’acharne des nuées de flèches, de l’huile bouillante et de la poix fondue. Les rochers grouillent de gens d’armes qui tentent d’ici ou là de placer une échelle ou d’approcher une machine de guerre. Auprès des masses cyclopéennes des rochers les combattants paraissent une Armée de pygmées.
Jusqu’en 1555 la citadelle reste à la République Siennoise… Mais en 1555 marque une recrudescence de lutte et une participation des Français. Voici fidèlement traduit des extraits de la chronique.
« En cette année 1555 le Duc COSME DE MEDICIS (descendant du père de la Patrie), envoya CHIAPPIIMO VITELLI à la tête de nombreuses troupes pour occuper Radicofani qu’il voyait mal aux mains des Siennois amis de Français. « Les commandants de la défense étaient : Messire OTTAVIANO avec les milices Siennoises et le Comte Jules de Tienne avec 150 fantassins français. VITELLI ordonna de se rendre, mais les deux valeureux capitaines répondirent qu’ils défendraient la citadelle jusqu’au dernier homme. VITELLI, alors, se porta sur la colline de SASSETA pour commander l’assaut de front et l’enceinte dite de Castelmoro, il plaça là son artillerie et à l’aube commença à harceler de coups les murs et la porte qui s’y trouvait. Les couleuvrines et les fauconneaux de la citadelle répondaient du mieux qu’ils pouvaient, maïs sans trop de résultat car les bouches à feu des assiégés étaient peu nombreuses. Les coups d’artillerie des Médicis pleuvaient sans interruption et su bien qu’à la fin une brèche fut ouverte : brèche de 12 aunes (l’aune = 1, 188 m).
VITELLI fit lancer sur cette brèche 6 compagnies d’Espagnols et 6 compagnies d’Italiens. L’assaut de ces mercenaires fut splendide. Rassemblés autour de leurs bannières et au son de leurs trompettes ils s’élancèrent ensemble dans la fumée épaisse des arquebuses contre la muraille qui semblait inexpugnable. Mais les assiégés les laissèrent pour ainsi dire entrer dans la brèche et là les accueillirent par des feux croisés, de mousqueterie, renversant sur eux, au même moment, de grandes cuves remplies de pierres. Cette résistance fut tellement tenace et surprenante que les soldats de VITELLI arrêtés dans leur élan, furent pris dans le tas de pierres et la grêle des arquebuses et durent battre en retraite laissant le champ de bataille jonché de cadavres.
Pourtant VITELLI ne s’avouait pas vaincu. Au coucher du soleil son artillerie vint prendre position du côté de FONTE FREDDA et M. MUSSIO de FRANCESCO PETRUCCI fut envoyé pour parlementer. A celui-là, Messire QTTAVIANO répliqua qu’il était temps de se battre et non de discuter. A l’aube l’assaut fut encore plus violent. Les arquebusiers qui, à la faveur de la nuit avaient pu s’infiltrer criblaient les créneaux d’une grêle de balles. Le donjon enveloppé dans un nuage qui le cachait presque ressemblait à un géant de légende. Les éclairs des bouches à feu crevaient de temps en temps ce nuage. On voyait aussi les blanches salves des arquebuses qui tiraient çà et là sur les créneaux de l’enceinte. Du rempart du donjon une grasse bombarde contrebattait l’artillerie ennemie. C’était des éclatements de rochers brisés par les balles, un fracas incessant de coups qui couvrait la voix des Chefs ou le son des trompettes.
VITELLI craignant pour sa renommée de Capitaine voulut faire une tentative désespérée. Il rassembla les compagnies italiennes et espagnoles sur FRONTE FRESSA, plaça sur les flancs les couleuvrines et les fauconneaux, porta en avant les arquebusiers, fit déployer les étendards et sonner l’assaut. En avant de tous venaient de petits éléments portant les lourdes échelles pour escalader les murailles dans lesquelles la brèche n’avait pu être pratiquée.
A l’intérieur des murs c’était le tumulte d’armes, on tiraillait sans cesse, on entendait les brefs et sûrs commandements des quelques capitaines de la maigre milice. Dame Françoise, épouse de Messire OTTAUIANO ainsi que sa cousine Emilie, parcouraient sans répit les murs encourageant les combattants ruisselant de sang, soignât les blessés, consolant les moribonds. Ces deux femmes constituaient à elles seules le cœur et l’âme des assiégés auxquels les vivres et les munitions commençaient à manquer.
Ayant compris l’intention de VITELLI, elles rassemblèrent quelques femmes et avec un élan merveilleux les traînèrent armées des arquebuses des morts, à côté des miliciens Siennois sur les murs de FONTE FREDDA. Les petits éléments envoyés en avant, tombèrent un à un et blessés et morts dans leur chute entraînèrent avec eux les lourdes échelles et quand les fantassins et les arquebusiers cherchèrent à approcher des échelles pour les reprendre et les porter encore sur les murs, ils ne le purent tant les arquebusiers étaient serrés. Une manœuvre réussit à un groupe qui arrivé à placer une échelle et à sauter mais il fut renversé sur les créneaux et immédiatement taillé en pièces.
Au coucher du soleil en cette journée tragique et glorieuse on combattait encore. A l’aube du lendemain VITELLI recevait l’ordre de son seigneur d’abandonner le siège. Une masse de brume enveloppait encore le donjon, les murs et les morts raidis sur leurs armes.
En 1559 par le traité de Château-Cambresis, signé par HENRY II de France et PHILIPPE II d’Espagne, le Duc COSME de MEDICIS fut investi de l’autorité sur tout l’Etat Siennois et Radicofani fut occupé par les bombardiers et arquebusiers du Duc (sacré en 1569,1e grand-duc de Toscane). La possession par les MEDICIS dura 178 années Ils firent de Radicofani un de leur lieu favori de chasse. En fait, ils édifièrent une élégante mais aussi une vaste demeure aux murs épais.
PIE VII, malade et prisonnier de NAPOLEON 1e y séjourna en 1804. C’est PIE VII qui négocia le Concordat avec BONAPARTE en 1801 et sacra NAPOLEON 1e – Empereur (1804).
RADICOFANI connut enfin une ère de Paix et la douceur de vivre.
Pourtant 1944 voit à nouveau les unités allemandes, ce sont celles de la Division Goering qui occupent le bourg et barrent la route de Rome à Sienne.
Après avoir franchi de vive force le Garigliano, pénétré dans Rome, la 1e Division de marche (Général BROSSET) est arrivée le 15 juin à Acquapendente. Elle y reçoit comme mission de se porter en 2 bonds (16 et 17 juin) sur Radicofani (30 km environ) et d’occuper ce point fort.
Cette Division qui en flèche, est renforcée d’un Escadron de Light américain, d’un Régiment de Médiums également américains et d’un Régiment de Tanks Destroyers Français.
Et les mêmes paysages qui ont vu passer les arbalétriers légers les lourdes montures carapaçonnées, les catapultes et les bombardes assistent à l’infiltration des unités portées, des chars pesants ou rapides. Les vallées retentissent du vrombissement des avions.
La poix fondues, les blocs de pierre sont remplacés par la mine et l’obus.
Le contact avec l’ennemi est perdu depuis Acquapendente et celui-ci a accumulé des destructions et réparti avec largesse les mines sur le terrain bouleversé. On passe des gués sous le feu de l’Artillerie on monte malgré tout vers l’objectif, on montera durant deux jours. Mais tapis et sournois, les « Panthers » …guettent. L’un par surprise atteint un destroyer qui développe brusquement vers le ciel son geiser de feu puis ses volutes de fumée noire. Des jeeps grillent. La lutte est âpre.
D’abord et avant tout régler le sort des « Panthers ».
Sauterelle verte dans le ciel gris, un cub les décèle embossés dans une succession de virages et dans le fracas des minen, le claquement sec des perforants, qui empêchent de discerner le crissement des chenilles, les tanks Destroyers se faufilent dans un terrain impossible au risque de bouler 100 fois dans le ravin, et, à 800m, c’est l’assassinat.
Un panther crame, un deuxième est atteint dans ses épiscopes. On l’aura vivant et en trophée, ses insignes d’argent aux deux tibias croisés sous la tête de mort…un troisième rompt le combat et file à toute allure. Les blindés de BROSSET suivent à toute allure aussi et arrivent en trombe à 400 m. de Radicofani…Un Radicofani qui semble vide et terriblement muet…Ce silence poignant étreint les équipages.
Pendant que l’Infanterie rejoint, un civil italien blessé et ra massé dans un trou affirme pourtant que le Bourg est tenu, que le champ au sud du village est entièrement miné et que la première maison, l’ancien rendez-vous de chasse des Médicis, est transformée en fortin.
Tant pis, l’attaque est prévue :
Les Médiums déborderont à droite sur une sorte de plateau, le groupe s’assaut d’infanterie sautera sur le fortin Médicis et sera appuyé par les Tanks Destroyers.
C’est à ce moment qu’un feu d’enfer se déclenche brusquement : 75 antichars, 88, Mitrailleuses… Tout crépite, les blindages sonnent, des Destroyers à la queue leu-leu et pris de flanc brûlent, l’un après l’autre. Des motocyclettes de liaison prises sous des balles incendiaires se tordent brusquement rougies par les flammes.
Les Médiums qui se sont déjà engagés à droite stoppent, certains d’entre eux sautent sur des mines. Mes fantassins, sous le déluge, se sont momentanément terrés. La riposte part à l’aveuglette.
Comme en 1555, la même ruse de guerre joue. L’ennemi qui n’a pu s’opposer à l’avance, laisse pénétrer dans son dispositif pour mieux écraser à bout portant et il s’en faut de peu que cette action ne se change encore une fois en véritable désastre pour l’assaillant.
Mais un tir d’Artillerie Française, à base de fumigène se déclenche et, comme en 1555 encore, le donjon enveloppé dans un nuage parait un géant de Légende (…) est devenu aveugle.
Alors l’infanterie est découplée et part à l’assaut.
Le fortin est atteint dans un temps record et abordé à la grenade. La lutte au corps à corps se poursuit dans les caves.
Le Major Allemand de la 67e Panzerdivision qui défend Radicofani est un vieux et coriace adversaire. Il a reçu l’ordre la veille de tenir trois jours. Il vient de tenir trois heures. Plutôt que de survivre à ce qu’il croit être un déshonneur, il se suicide à son poste de commandement. Le même soir une relève de deux sections allemandes, qui croyaient Radicofani toujours en leur possession, arrive tranquillement, les hommes presque l’arme à la bretelle. A 200 m, ils sont impitoyablement fauchés par des armes automatiques :…il n’y aura pas un survivant.
Radicofani passe aux Français et, à l’avant dernier étage du donjon, malgré le nuage de poussière et de fumée qui se dépose lentement on peut discerner sur une vieille fresque, les Siennois et les Fran çais déverser des paniers de pierres sur les assaillants et en trucider d’autres à grands coups d’épée. En dessous. en latin bâtard, une inscription disant à peu près ceci :
» Les défenseurs de la forteresse ayant reçu 150 fantassins Fran çais conduits par Jules de Tienne, mettent en fuite les soldats du Duc de COME » .
Le passé, rejoignait le Présent.
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