L’Italie (1944)
En vue de la Campagne d’Italie, l’encadrement du Bataillon suivit de profondes modifications ; l’ordre de Bataille est devenu le suivant, sous-officiers et hommes de troupes sont à l’effectif de 168 européens et 659 Indigènes.
*Ordre de bataille
Total 827, plus 26 officiers.
État-Major de Bataillon |
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Commandant | Chef de Bataillon SAMBRON |
Adjoint | Chef de bataillon MEZY |
Médecins | Capitaine JUGUET Sous-Lieutenant LAFUENTE |
Transmissions | Capitaine BOISSON |
Détails | Sous-Lieutenant BONALDI |
Pionniers | Aspirant LABAYE |
Service Auto | Sous-Lieutenant MERREAUX |
Renseignements | Lieutenant DAVID |
C.A. | |
Commandant | Capitaine JOUBE |
**Compagnies de Voltigeurs
1eCie | |
Commandant | Capitaine SOULESUSBIELLE |
Adjoint | Aspirant-BAKIS |
Chef de Section | Aspirant TRIPIER Sous-Lieutenant CUNIN Sous-Lieutenant LEBRUN Adjudant-Chef GISQUET |
2eCie / 3eCie | |
Capitaine SICARD | |
Capitaine TENCE | |
Lieutenant FAUROUX | |
Sous-Lieutenant GRANIER | |
Aspirant DESVRANGES | |
Aspirant LEMARINEL | |
Aspirant JEANNE | |
Sous-Lieutenant ULM | |
Aspirant GAREAUD | |
Adjudant Chef SOULAS |
*Historique
Débarqué à Naples le 20 avril 1944, le Bataillon cantonne à San Marcellino.
Du 1e au 6 mai, il fait les reconnaissances de ses futurs emplacements.
Du 6 au 9 mai, les trois Compagnies prennent position, et les premiers contacts sont pris. Les patrouilles ennemies sont de plus en plus `fortes et se montrent de plus en plus agressives.
**Les 9 et 10 et la journée du 11 mai
La 3e Cie reprend position à gauche de la 1e par la Green Street, sentiers abrupts montant de la route au niveau du Garigliano à la cote 433. Cette piste partant du petit plateau en bordure de route, choisi comme base de débarquement, borde un profond ravin et est la dorsale d’où pointent les dispositifs du Bataillon sur les pentes Est, ravinées, caillouteuses et broussailleuses de 433.
En face au N.-E les objectifs, pour le BIMP : la base du Girofano, cote 541, pour le BM 24 : la trouée vers San Andrea par les hauts boisés surplombant la route par Fontanelle.
Le CAC 4 sous les ordres du BM 24 tient le terrain entre le Garigliano, le fossé anti-chars et la route,
La 2e Cie en retrait, dos à Cocuruzo , sera relevée dans la nuit du 11 au 12 par une Cie du B.M.N.A., puis dans la nuit du 11 au 12 par la Green Street viendra derrière les 1e et 3e Cies. Ravitaillement par mulets, deux par conducteur.
L’heure H est fixée à 23 heures, l’attaque à 23h30
A 23 heures, intense préparation d’artillerie par 2 300 pièces installées sur et autour le Mont Camino à l’Est, rive gauche. Elle dure une demi-heure.
A 23 heures 30, les Cies Soulé et Tencé s’ébranlent.
La 2e Cie viendra en retrait pour dépasser ou appuyer après objectif intermédiaire Fontanelle à 2 km.
L’objectif du BM 24 est San Andrea en nid d’aigle à 3km et 500m environ à vol d’oiseau.
En tête de la 2e, la section du Lieutenant Granier.
En retrait, le Capitaine Sicard et les sections Ulm et Le Marinel. Avant le départ, six obus surviennent sur la section Grenier et font un tué, trois blessés.
La progression est lente et difficile. Par une lune perçant mal la fumée et le brouillard, à travers le terrain rocailleux,broussailleux avec trois ravins à franchir avant Fontanelle .
Chacun pousse comme il peut, glisse, tombe, se relève, contourne, s’égare et rejoint.
A la 3e, la section Desgranges en passant le fond du 2e ravin se fait encadrer par un barrage de mines, tandis que le Capitaine Tencé contourne par la crête, passe un barbelé, fait fouiller une maison par l’ adjudant Hamet et quelques hommes reçoivent un tir de minen qui sectionne l’antenne radio, interrompant la liaison avec le P.C.
Le groupement Fauroux à gauche, passe un barrage perdant Kekoure et sa pièce de 60.
Le mulet chargé s’est effondré dès le 2e ravin.
En passant le 3e ravin le Capitaine Tencé reçoit des grenades et perçoit de fusillades au-dessus et en arrière.
Le BIMP est là par trois groupes et deux sous- !ieutenants séparés de leur Bataillon
Ensemble, ils s’emparent de deux maisons tuant les occupants allemands et faisant deux prisonniers. L’objectif intermédiaire cote 118 de Fontanelle est coiffé par les 1e et 3e Cies dont les Capitaines décident de s’organiser en point d’appui.
Il est 4h15, plus de liaisons avec le BMNA à droite où les éclatements et fusillades témoignent qu’il est durement contenu en retrait.
Le Capitaine Blanchet du BIMP envoie un papier où Soulé et Tence déchiffrent que ce bataillon, sur la gauche doit se replier.
Le BM 24 en flèche est à découvert et le Girofano ni la cote 541 ne sont pris. Un tir d’artillerie survient qui coiffe les éléments de tête du bataillon.
A 5h30 arrive l’ Ordre écrit du Colonel Raynal, Commandant la brigade, d’avoir a se replier. Le bataillon se replie dans le petit matin sous une voûte hurlante d’obus dont on ne sait si elle est amie ou ennemie.
A 8h30, les Cies ont retrouvé leurs bases de départ étagées sur les pentes N.-E de 433.
**Le 12 mai
Le BM 24 va roquer avec le BIMP : objectifs cote 541, tandis que le BM 21 prendra sa place. Ceux qui peuvent dorment. Cette fois à l’ouest de 433, une large et longue cuvette rocailleuse, sablonneuse et ravinée attend le BM 24 avec, au bout la masse du Girofano .
Le Régiment de Marocains qui devait le prendre s’est trompé de direction en quittant sa base de départ.
Les emplacements sont pris à 3h30. A 6 heures : petit jour blafard, l’attaque démarre dans cette sorte de cirque géant où les blocs de pierraille s’entassent dans un fouillis de murettes. Les grottes apparaissent dans l’énorme muraille qu’est la base étalée du Girofano, faiblement boisée sur la gauche mais plus broussailleuse en montant et sur la crête.
La C.A de Joube , les mitrailleuses sont sur la pente, prêtes à arroser les objectifs par dessus les têtes.
On saura qu’à 8 heures le Girofano est pris supprimant les observatoires d’artillerie : qu’à 13 heures toute la ligne fortifiée des Monts Aunci, la ligne Hitler est tombée.
Les compagnies approchent, camouflées au maximum, dispersées à vue sur le terrain propice, les tirailleurs ont tous du feuillage sur la tête.
Les sections de tête voient le gros blockaus avec son glacis en pente à 30% au bas de 541, les cadavres des camarades du BIMP , l’arête rocheuse qui coupe verticalement les pentes a pic.
Tripier de la 1e et Granier de la 2e en section de tête se partagent l’objectif entrainant les Compagnies.
Tripier rampe en avant avec quelques hommes en contrebas, contourne le blockaus, liquide le guetteur qui était derrière et les cinq occupants surpris. C’est le signal. Toutes les sections surgissent dans les hurlements des cris ce guerre des Hadjerrayes, véritable course dans toutes les directions où les tirailleurs et les gradés submergent la base de 541 dans un fracas de mitraillettes et grenades tandis que les mortiers et les mitrailleuses lourdes arrosent a vue les hauteurs. Partout des corps a corps, des rafales, des Allemands terrorisés, à demi fous. Gisquet avec sa section, Garkedi fusil-mitrailleur à la hanche, Djivrine , mitraillette vidée décapite un mitrailleur au coupe-coupe, Doul et Saïd lancent leurs grenades.
A 10h30, l’affaire est terminée, elle aura duré 2h30. On dénombre environ quatre-vingts cadavres allemands et soixante prisonniers. Parmi eux des Alsaciens veulent reprendre le combat.
Dès 13 heures, les Cies reprennent la progression. Le nettoyage se poursuit dans les bois sur les pentes ouest jusqu’ au niveau de San Andréa, cote 253 et Vologna.
**Le 15 mai
On annonce qu’une contre-attaque de chars est possible. Le BM 24 s’installe en P.A , face à l’ouest, couvrant l’immense Vallemaio truffé d’abris bien aménagés, de blockaus en pierres sèches, d’emplacements de pièces, de canons détruits et de stocks d’obus intacts.
Vers 23 heures, un avion lâche six feux éclairants qui descendent interminablement en parachutes tandis que l’on entend le bombardement des Algériens très à l’Ouest où une muraille de quatre cents mètres de haut bouche la plaine.
**Le 16 mai
Toute la journée, les Cies progressent sous les feux d’artillerie ou de mortiers non ajustés, passant haies, chemins creux, broussailles, barbelés, ravins, ratissant Colle Lucia, la cote 319, Colle Alto et la Costa dei Sogli atteinte dès 14h30.
A 16h45, ordre de faire face en 129 et 97, le BIMP très sévèrement accroché sur la droite du BM 24. Celui-ci vient coller en 64 et 69.
Il grelottera toute la nuit sur 3 P.A. arrosés de mortiers qui s’égarent : cote 44 au contact du BIMP ou le Commandant Magny est tué et en contre-marche sur Alto et Costa del Sogli.
Liaison prise avec la 3e D.I.A. à gauche.
**Le 17 mai
Le BM 24 , dans un groupement Garbay avec le BM XI , passe au petit jour les positions du BIMP avec pour objectif le Monte Calvo . Il débouche vers 7 heures, dépassant sur sa droite le BM XI qui est accroché. Il se déplace sur les collines Est du Monte d’Oro .
Une patrouille trouve les Algériens qui progressent à gauche. Rapidement sa progression est arrêtée par fusillades et mortiers. La 1e section privée de ses cadres reflue.
Mais le Sergent-Chef Albain, malgré les feux nourris, place, déplace et replace ses mitrailleuses.
Pendant ce temps, la 1e Cie est également aux prises, approchant Trombe di Rosa entre Monte di Oro et le village de Castello Chiala. Les chars ne peuvent se déployer.
A midi, c’est un déchainement de mortiers, de 88, de mitrailleuses dans un bruit de chenilles et de chars ennemis sous les couverts. Les feux croisés déroutent mais les sections Gisquet et Bakis s’infiltrent pas à pas tenant un chemin ceux que contourne un bois aux approches du village.
La 2e dépasse le BM XI et s’intercale sur la droite de la 1e.
Les trois Compagnies sont en ligne. A la première, les munitions commencent à manquer. Le repli est ordonné, protégé par les sections de tête. Issa est tué. Les Allemands amorcent une contre-attaque.
Cunin voit trois chars camouflés et en localise d’autres. Au cours du repli a trois cents métres en arrière sur 91, il rassemble une dizaine de mitrailleuses et arrosent les chars , cherchant l’infanterie d’accompagnement.
Le Général Brosset survient en Jeep est est frôlé par un obus du char embossé a cent mètres, malgré l’avertissement de Gisquet . Il remonte la pente en marche arrière. Les Allemands décrochent. La progression reprendra à 18 heures pour coiffer les cotes 242 et 93 tandis que le BM XI dépasse et occupe Trombe di Rosa et Castello Chiaia sur les traces des Allemands.
Toute la nuit, les obus ce mortiers allemands mal ajustés dépassent les positions
**Les 18 et 19 mai
Le BM 5 relève le BM 24.
**Le 20 mai
Le Bataillon se porte derrière le BM 21 au nord du Quesa, direction Ponte Corvo . La traversée de La Case Chiaia en ruines avec de grands trous bourrés d’équipements et de cadavres allemands en putréfaction rappelle l’âpreté des combats du 17.
**Le 22 mai
Le BM 24 va fermer a la cote 340 un goulet entre les deux bataillons de Légion.
En file indienne et dans la nuit sur Monte Communale , les lucioles et les grincements des nebels jettent la perturbation dans les colonnes de tirailleurs.
**Le 26 mai
Mouvement sur La Casa Lucerueri a deux km de Ponte Corvo où le bataillon va se regrouper, se reposer, se recompléter, faire des exercices du 26 au 31. Les officiers retournent sur les lieux des combats assurer les sépultures.
Les blessés sont visités dans les hôpitaux de Naples et au dépôt d’Albanova dont Granier s’échappe. Arrivée de renforts en provenance du 16e R T S.
**Du 8 mai au 13 juin
Regroupement autour d’Artena.
Visites de Rome, Castelgondolfo.
Le 1e Classe N’Diaye Mamadou veut comme les camarades cueillir l’agathe d’une grenade à manche et est décapité.
**Le 14 juin
Direction Castel Giorgio. Les troupes sur camions débarquent à Bagno Régio où les traces
des combats fument encore.
Contre-ordre, mouvement en tenaille sur Castel Giorgio, la route est très bombardée
La 1e la quitte et debouche dans Castel Giorgio sur les traces des Allemands.
Une patrouille de quatre jeeps menée par le Lieutenant Moyne de la C.A. passe Castel Giorgio et trouve en bordure du terrain d’aviation un groupe de mitrailleurs allemands qui sont aussi surpris qu’eux mais reçoivent l’appui illico d’une cinquantaine de camarades debouchant d’un ravin. Trois jeeps resteront, trois hommes tués, quatre blessés dont Moyne, poignet gauche sectionné. Les sections Bakis et Tripier de la 1e appuient les Fusiliers Marins sur T.D. pour dégager le terrain d’aviation à 3 kms au Nord Le Sergent Didjita , colosse Sarah, la cuisse brisée, continue à exhorter et guider son groupe.
**Le 15 juin
A 8 heures, mouvement sur Torre Alfina . Le bataillon reçoit un tir intense de barrage.
Toutes les tentatives de débordement sont bloquées jusqu’à l’arrivée de trois chars qui liquident !es snipers et !es mitrailleuses. La progression peut reprendre, passe près d’une batterie dont les servants sont tous tués. Un peu plus loin, deux prisonniers.
Vers 14h30, occupation de Torre Alfina où une section du BMNA avait hissé au château Sforza un immense drapeau français qui mal identifié provoqua un tir d’artillerie amie.
A 15h30, les trois Compagnies ratissent la descente boisée sur quatre kilomètres au bas de laquelle coule le Paglia .
Sur ces pentes, liquidation de quelques parachutistes attardés.
Neuf prisonniers seulement des 10e et 11e Régiment de Para, fanatisés, ayant ordre de tenir jusqu’à l’encerclement et de ne décrocher que sur tirs intenses d’artillerie.Très nombreux cadavres. Le Paglia est passé, eau au ventre, malgré le courant, sous le feu des 88 et des nebels.
La première capture un camion-bureau avec de nombreux documents.
**Le 17 juin
Après regroupement à l’Ouest de Monte Spano, le BM 24 protégé par un groupement blindé fait route sur camions en direction de Madona Della Vigne.
A 23 heures, ordre d’occuper la cote 798 en partant au petit jour.
**Le 18 juin
Le BM 24 disposant de quatorze camions du train commence son mouvement vers 798 au Nord dominé par les Pentes abruptes et boisées de Mont Cetone pitonnant au Nord-Nord-Est à 1148.
Deux Compagnies sont remises à pied peu après le Rifo.
La première occupera 798 à 10h30 couvrant la deuxième qui prendra Pogio Crispino à l’Ouest à 11h30, s’y tenant. Pogio Crispino est à l’extrême sud d’une boucle routière qui vers l’Ouest rejoint sous le Calcinajo la route Sarteano-Madona Delle Vigne-Radicofani. Cette boucle rejoint la même route au Nord en passant par Fontevetriana.
Situation très confuse entre Radicofani et Madona Della Vigne tandis que la 3e Cie du BM 24 coiffe vers 10 heures le Calcinajo surplombant Madona della Viqne.
A 15 heures, violente contre-attaque ennemie sur le Calcinajo par cent cinquante parachutistes venus des pentes N-O. Riposte du BIMP par Madona della Vigne au Sud-Ouest et du BM 24 venant de l’Est.
La situation est rétablie sur Calcinajo a 17h30 mais les Compagnies du BM 24 sont en directions divergentes, sur la boucle.
A 18h30 les mitrailleuses allemandes ouvrent le feu avec rage au dernier moment.
La section Lemarinel est décimée sur un glacis à droite de la route accédant à Fonte Vetriana.
Ordre est donné à la 2e d’attaquer Fonte Vetriana. Les feux directs et croisés interdisent le village. Les pertes sont lourdes.
**Le 19 juin
La 3 détache une patrouille. Les Allemands ont décroché à la fin de la nuit abandonnant des tirailleurs blessés. Le Pogio Lufone est atteint et nettoyé. Tripier et Lemarinel, deux amis depuis Londres tués quatre ans jour pour jour après leur arrivée en Angleterre sont enterrés côte a côte. Tripier écrivait à son père : Il est formidable de monter à l’attaque avec des gars (ses tirailleurs) qui, si on s’arrête, te demandent ce que l’on attend pour avancer un peu .
**Le 20 juin
Les reconnaissances montrent que les Allemands paraissent très repliés.
La 3e envoie la section Wintersdorf accompagnant la 1e Cie pour appuyer le BIMP. Elle aura quelques blessés sur un plateau dénudé offrant deux résistances qui furent manœuvrées par Soulé. Pendant ce temps, Declemy, très au Nord vers Pozzi, surprend un P.C. de Cie dont il ramène le sous-officier observateur sans que ses camarades s’en rendent compte.
Ainsi se termine la campagne d’Italie.
**Le 27 juin
Naples, à 9 heures. Le BM 24 reprend les mêmes cantonnements centrés sur San Marcellino.
Il y restera pansant ses plaies, récupérant des blessés se recomplétant jusqu’au 31 juillet où il fera route sur Tarente par voie ferrée pour embarquer sur le s/s Empire Pride le 7 août au soir et appareille le 13.
*Pertes au BM 24 du 8 mai au 21 juin 1944
TUÉS : 52 – BLESSÉS : 165 – DISPARUS : 11
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