*JUILLET 1944 EN ITALIE : MONTEFIASCONE
Début juillet 1944, la 1e D.F.L arrivait dans la région de Montefiascone.
La section Transmission dépannage (camion dépannage sergent chef Marcel RAYNAUD) et quelques autres sections étaient cantonnées sur un plateau à la sortie nord de la petite ville : terrain grand comme quatre terrains de football, entouré de tous côtés par des pentes raides garnies par des ronces épaisses, de plusieurs mètres de haut, valant tous les barbelés. Le seul accès était un chemin empierré, dans un coin du champ, avec les ruines d’une vieille maison, à laquelle le chemin, autrefois, conduisait.
Le second ou troisième jour, le front étant à une dizaine de kilomètres, tout le monde s’était installé le plus confortablement possible, et tout était relativement calme.
Tout à coup dans la nuit, vers 1 heure du matin, le ciel était clair, j’entendis, sans y prêter attention, le bruit d’un Fieseler-Storch ; il venait, dans notre direction assez haut, et plantait des fusées parachutes à environ 800 – 1000 mètres de haut.
L’une d’elles est allumée juste au dessus du terrain. Le temps de réaliser et les premières bombes anti-personnel tombaient ; puis quatre vagues de quatre chasseurs chacune, d’après ce que j’ai vu, straffaient le campement, ailes dans ailes à basse altitude (environ trente mètres) avec leurs mitrailleuses.
Nous étions tous à plat ventre, pour limiter les dégâts, ce qui n’a pas empêché des dizaines de morts et de blessés A environ quatre mètres devant moi, le Lieutenant ANSUC eut le bras gauche à moitié arraché par une balle, sous le coup, il se leva et se mit à courir, mais pas loin car, quelques secondes après, la vague suivante arrivait et une balle lui fit sauter une partie de la tête : il fit encore quelques mètres et tomba : mort.
Voyant cela, plus les cris des blessés, je me suis levé, profitant d’une accalmie ; pour essayer de rejoindre le seul abri possible, -la ruine avec sa cave -, à l’autre bout du terrain. J’’y suis arrivé , avec d’autres.
Dans la cave nous avons trouvé un Capitaine aumônier, un Père Blanc, qui nous a dit : » Je veux des volontaires pour secourir les copains . » Pas de volontaires. » Alors, s’il n’’y a pas de volontaires, suivez-moi, c’est un ordre ! » Il est sorti et tous l’ont suivi.
Bombardement et straffing n’ont pas excédé quelques minutes. Les morts et blessés se comptaient par dizaines (environ 50 à 60)
La note cocasse, nous la devons à notre camarade du camion-atelier Georges GULIANA.
Aimant son « confort », il avait « organisé » un sommier-matelas qu’il avait installé sous sa tente. Dans le même raid, il avait récupéré une robe de mariée, plus quelques bouteilles. Le soir il avait vidé les bouteilles, mis la robe de mariée et dormait dans sa tente, sur son sommier, au point qu’il n’a rien entendu : ni avions, ni bombes, ni mitraillades .Le plus étonné ce fut lui-même, quand on l’a secoué ; on le croyait mort, car sa tente était criblée de balles, mais lui : pas une égratignure ! sans commentaires !
Récit fait par celui qui était le 1e ST BRAUN Gaston
Section dépannage du 1er B.T-D Cie de Commandement (C.M.T 98) N PPL 7251
Châteauroux, février 1994
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