11 mai 1944 : veille d’attaque. Concentrations à préparer. Entrée au PC à 6h. Un quart d’heure pour le repas.
23 heures : attaque. La nuit est très noire et brusquement, impressionnant, des centaines de canons tirent ensemble de 23h à 2h du matin sans arrêt et un peu moins dense jusqu’à 5h10 le 12 mai.
12 mai : travail sans interruption. Vers 6h30, accalmie totale. Il paraît que l’attaque a échoué sur le côté gauche. Sans nouvelles de l’autre aile.
Tiré 2 724 coups au Groupe (12 pièces) de 23h00 à 5h30. Aucun coup ennemi à proximité sauf deux ou trois hier soir dans un rayon de 200 mètres. Aucun résultat si ce n’est que le BIMP est paraît-il bien sonné.
Apprenons que les chars des marins et les BMNA et BIMP ont maintenu une tête de pont sur le Garigliano.
13 mai : 3h15, préparation des tirs. Attaque à 4h00. Tiré près de 4 000 coups entre 3h15 et 8h00. Repos la nuit au PCT.
14 mai : dans la matinée, occupons St Andréa-St Ambrogio-St Apolinaro. Sommes presque hors portée.
15 mai : passons le Garigliano. Arrivons vers 20h00 à 2 km de San Georgio. Drôle de situation : presque pas d’infanterie devant.
Allemands à 2 km. Craignons les mortiers.
J’ai toujours aimé avoir un chien. J’en avais récupéré une petite à Tunis que j’avais baptisée Finette. Animaux interdits pour l’embarquement à Bône. Je l’avais dressée à rester sans bouger dans ma canadienne : aucun problème pour son embarquement et son débarquement.
16 mai : vers 18 heures, violente contre-attaque allemande chez les Anglais qui se replient. Nous les soutenons avec l’artillerie. Situation confuse, mais cette attaque se fait sur notre flanc gauche. Les Allemands sont arrivés à 2 km de nous.
17 mai : levé à 0h30 pour préparation tirs d’arrêt. La canonnade continue chez les Anglais. Aux dernières nouvelles, les lignes résistent ! Chez nous : calme. De temps en temps, une salve de 88 tombe aux environs. Nous stoppons une contre-attaque au pied du Monte d’Oro avec 2 000 obus. Huit officiers du BIMP sont tués dans un petit village par des tireurs d’élite . Nous passons hors de portée. Après un tir d’arrêt, c’est le repos. La guitoune est installée pour une bonne nuit. Alerte aérienne vers 24h00. Très nombreuses fusées, quelques bombes : 1 à 100 mètres, tombe sur un camion de la 8e Batterie – 1 à 8 mètres à gauche (500 kg au moins) tombe dans les prés. Aspergé de terre dans mon trou. Tout tombé – éclats partout.
À la 8 CUGNET très gravement blessé ainsi que son aide, deux blessés légers, un Sénégalais tué. CUGNET meurt à l’hôpital.
Voici l’anecdote
L’après-midi, après avoir monté la guitoune, j’avais repéré à proximité un trou, donc inutile d’en faire un. Dormant très très fort, je suis réveillé par Finette (la petite chienne) habituée à dormir à mes pieds sur le sac de couchage. Je la repousse, mais elle insiste. J’ouvre les yeux et vois le ciel plein de fusées. Je cours à mon trou… Ce sont des feuillées . Bombardement terminé : retour à la guitoune. Plus de guitoune, mais un énorme bloc de pierres dessus ! Merci Finette (je l’ai perdue à Nîmes).
L’Artilleur de la D.F.L n°206 juillet 2007
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