**Avant-propos
En confiant mes réflexions et intimes convictions à cette plaquette mon intention n’est absolument pas de prétendre faire œuvre d’historien, ni de laisser quelque message littéraire à la postérité, mais tout simplement de partager mes certitudes avec mes anciens camarades de combat du Bataillon d’Infanterie de Marine et du Pacifique.
Notre B.I.M.P . a reçu le 10 avril 1945 la mission de rompre par une attaque frontale, au premier rang, le dispositif de défense mis en place à l’AUTHION par les allemands. Cette mission lui a été réservée parce que le B.I.M.P. était le plus ancien, le plus solide, pour cet ultime combat de libération de notre pays.
La lourde responsabilité que m’a conférée ma participation à cette aventure insolite, accablante et dérisoire dans ses retombées historiques, me fait obligation morale de justifier devant mes pairs, les convictions qu’il me reste après quarante années.
Toujours « gaulliste » je n’ai pourtant jamais pu admettre que le général de Gaulle, en dépit des déclarations qu’il fait siennes dans ses Mémoires, ait sciemment réservé ce destin médiocre à ses premiers et plus fidèles compagnons des jours les plus sombres. Et je pense que s’il a dû y souscrire, il l’aura fait avec la certitude que nous étions les seuls auxquels il pouvait demander un si lourd sacrifice pour la France.
« Laisser à d’autres les lauriers qui jonchent le sol de l’Allemagne et finir dans un secteur isolé, l’épopée qu’ils ont vécue depuis les jours les plus sombres sur les champs de bataille les plus éclatants. »
**Cadre géographique et historique
L’appellation « AUTHION » , propre à la partie fortifiée du massif, est généralement étendue à la région de moyenne montagne qui constitue les contreforts du MERCANTOUR , crête des Alpes Méridionales culminant à 3 300 m à Argentara. Le Mercantour fut détaché, arbitrairement, par l’effet du traité de TURIN du 24 Mars 1860 rattachant l’arrondissement de NICE du Piémont (Royaume de Savoie) à la France en compensation des services rendus par notre pays dans la lutte pour l’indépendance et l’unité italienne.
Une généralisation analogue se retrouve dans le domaine militaire. Sous le titre Combats de L’Authion sont englobés en fait des opérations militaires de diversion, de compléments ou d’actions directes ayant pour but la conquête de la « frontière naturelle du Sud-Est » dans le cadre plus large de l’Offensive française dans les Alpes Maritimes, partie d’un plan d’ensemble d’opérations entamé par les forces françaises intérieures du Détachement d’Armée des Alpes dès le 23 Mars 1945 en Haute Savoie.
La région de l’Authion, sans rivaliser avec les marches lorraines sur le plan des luttes militaires, a toutefois été le théâtre d’opérations opposant les forces de notre pays à celles de nos grands ou petits voisins en fonction des alliances de circonstances : guerre de succession d’Espagne, guerre de succession d’Autriche, campagnes de la Révolution française en prélude en la Campagne d’Italie de Bonaparte.
C’est à ces occasions que la vocation de « verrou » impartie à l’Authion ressort à l’évidence.
Le Maréchal de BELLE ISLE servant Louis XV en guerre contre l’Autriche échoue en 1747 au Col de Braus, au Col de Brouis, devant l’Authion et ne peut dépasser PEIRA-CAVA.
En 1793, les Armées de la République aux ordres du Général Français BRUNET, sont bloquées par les Forces Sardes alliées aux Autrichiens. Cet échec aurait été la cause de l’élimination par la guillotine du Général BRUNET dont les troupes échouèrent au Col de Braus, devant Mille fourches et au Col de Brouis. Son successeur DORTSMAN fit stopper ses assauts contre l’Authion à la Baisse de Camp d’Argent. Le Général SERRURIER autre remplaçant ne peut dépasser la Cime de Tueïs ; la stèle qui y est levée aux volontaires de 1793 marque l’extrême avance de nos forces. SERRURIER prendra sa revanche en franchissant le Col de la Lombarde ou la D.F.L. suivra ses traces fin avril 1945.
En 1794, le Général MASSENA autre commandant de l’Armée Révolutionnaire dut violer la neutralité de la République de Gènes, au nord de Vintimille, pour déborder AORGE sur la Roya et menacer le Col de Tende afin de provoquer la retraite des Sardes occupant l’Authion et les contraindre à repasser le Mercantour par le Col de la Finestra, le 29 avril.
Ainsi l’Authion ne fut jamais pris par une attaque frontale, fut-elle soutenue par l’enthousiasme des soldats de l’An II.
Il aura fallu attendre la 1e D.F.L. pour enregistrer cet exploit tactique. Non point tant par la qualité et la puissance de nos armes, même si l’irruption de nos chars légers poussés par nos fusiliers marins a pu surprendre ennemi, qui pourtant, plus à l’Est, en avait vu d’autres et bénéficiait sans conteste de l’avantage du terrain sur lequel il était implanté depuis longtemps.
Le succès de la D.F.L. vint de la ténacité et de la volonté à vaincre de nos « Maries-Louises » (1) .
Le prix en fut tragiquement élevé : 273 tués et 644 blessés ainsi que 7 disparus.
Ces pertes furent si lourdes que le rédacteur de l’historique de la 13e D.B.L.E. a pu écrire dans notre annuaire :
** »Cette campagne des Alpes fut dure, elle causa plus de pertes à la seule Division que celle d’Allemagne n’en causa a toute la 1e Armée Française ».
Faute d’information complémentaire sûre, laissons à ce rédacteur la responsabilité de son affirmation ; personnellement je lui fais confiance car la suite de cette lecture a permis de l’identifier ; on connaît son franc parler et sa compétence. L’auteur a sans doute vérifié la véracité de cette information.
Un général « moustachi » (2) , qui ne nous aimait guère s’est étonné du cas que l’on faisait de cette division en raison des pertes humaines qu’elle avait subies au cours de ses campagnes.
Le Général de LATTRE qui n’avait aucune raison de nous aimer davantage, a estimé devoir atténuer cette opinion, dans son « Histoire de la Première Armée Française », tant lui a paru injuste le jugement porté sur elle par le Général GIRAUD dans ses Mémoires.
Certes il n’est pas contestable que les mérites d’une troupe s’apprécient d’abord par la qualité et la réalité de ses succès, voire même de ses simples services. Néanmoins il est moins manifeste que ses pertes au combat sont avant tout le fait de l’ennemi qu’il a fallu aborder, au mépris des risques, avec l’ardeur et la volonté de le vaincre. Ainsi s’expliquent les pertes que subissent les unités de choc et de combat rapproché par comparaison avec celles des formations d’appui par armes lourdes ou à longue portée.
En revanche l’enthousiasme ne suffit pas à assurer le succès, même s’il y aide puissamment. Car rien ne compense ni l’expérience du combat, ni la connaissance parfaite de ses propres armes et de celles de l’adversaire.
Aucune théorie ne peut insuffler au combattant l’art de l’utilisation judicieuse du terrain ni le sens de l’opportunité dans chaque phase du combat.
Aucun discours ne suscite la cohésion dans l’exécution des missions collectives ni la confiance qui soude entre eux les soldats et les chefs. Ces acquis constituent les éléments fondamentaux de l’efficience et de la sécurité d’une troupe.
Ce sont ceux que la 1e D.F.L. avait recueilli en trois ans de campagne au désert de Lybie, lorsque, après la Tunisie, elle part en 1944 pour participer à la campagne d’Italie.
Un an plus tard, lorsque la 1e D.F.L. est lancée dans l’offensive des Alpes, en prélude à une éventuelle seconde campagne d’Italie en 1945, elle n’est plus cette formation de vétérans forgés au feu ; elle ne l’est plus dans sa majeure partie.
Les pertes considérables de 1944 n’ont pas été compensées ni après l’Italie, ni après le débarquement de Provence et c’est le moment ou l’approche des rigueurs de l’hiver continental des Provinces de l’Est rend nécessaire la relevé des soldats d’outre-mer qui composent les trois cinquièmes des deuxième et quatrième brigades.
En échange de ces Tchadiens hérités de la Colonne LECLERC qui s’est « blanchie » en Afrique du Nord pour constituer la Division Blindée (2e D.B.), en remplacement des tirailleurs des bataillons de Djibouti, du Cameroun et du Congo comme des Calédoniens et Tahitiens du bataillon du Pacifique, la D.F.L. recevra de jeunes français volontaires mais vierges de toute formation tactique rationnelle.
Au mieux rejoindront-ils en formations provenant des maquis (MORVAN et VERCORS), parfois en fraction de Chantiers de Jeunesse, mais le plus souvent en isolés : apprentis ou collégiens en rupture d’études.
Ils constituent un recrutement de choix exceptionnel par leurs qualités morales, leur volonté de lutte et leur ardeur patriotique. Mais ils auront tout à apprendre du combat moderne, en formation disciplinée, structurée et de la mise en œuvre des armes américaines à l’issue de quelques séances de tir à la sauvette.
A l’Authion, ils découvriront les mines que les chasseurs bavarois du 107e Régiment de montagne disposeront sur les rares sentiers de chèvres conduisant vers leurs positions.
C’est donc une division bien fragile, en cours de remise en ordre sur les bords du Rhin, après la libération de la poche de Colmar, que le Commandant du Vlème groupe d’armées U.S. : le Général DEVERS , décide d’envoyer dans la région des Alpes Maritimes en remplacement d’une formation américaine.
En août 1944 après le débarquement de Provence, la lente progression des troupes américaines vers Nice a permis aux allemands de se retirer sur les Alpes afin de protéger le flanc droit des armées allemandes en Italie. Les américains de la 1e Division aéroportée ont été attirés dans NICE par la Résistance ; mais ils ne cherchent pas à pousser leur avance au-delà de SOSPEL libéré en octobre 1944 par le repli systématique des allemands. Ils considèrent en effet le front des Alpes comme secondaire.
En Italie les forces anglo-saxonnes progressent sûrement sans rencontrer d’obstacles majeurs. Un franchissement des Alpes du Sud Est ne pourrait que fixer des forces impor-tantes au détriment des opérations du Front du Nord Est sans pour autant hâter la fin de la guerre.
On peut facilement en déduire que le Général DEVERS n’envisage point d’engager la D.F.L. (dont il ignore d’ailleurs l’état de préparation réel) dans une action offensive sur les Alpes. Après la contre-attaque allemande de Von Rundstedt dans les Ardennes, les américains avaient un réel besoin de réunir leurs forces pour rivaliser avec les Russes dans l’offensive au cœur de l’Allemagne.
A vous français de garder vos frontières.
Il s’est trouvé que cette relève de la 44e A.A.A. américaine par une grande unité française servait à point nommé les desseins secrets du Général de Gaulle.
Anglais et Américains sont hostiles à toute révision du tracé de la frontière italienne. Ils veulent ménager le gouvernement du Maréchal Badoglio qui a récemment retourné sa veste et serait indisposé envers les Alliés par toute revendication française. Pour mener à bonne fin son projet de Gaulle devra compter sur ses propres moyens.
En effet le Président du Gouvernement Provisoire de la France n’a pas oublié le « coup de pied de l’âne » que l’Italie de 1940 a lancé à notre pays au moment où notre armée se faisait écraser sur le front du Nord Est.
Dans ses « Mémoires de Guerre » le Général de Gaulle écrit dans son tome « LE SALUT » : » Dans les Alpes, là aussi, je tiens beaucoup à ce que les hostilités ne finissent pas sur une cote mal taillée. Nous devons, avant que le feu ne cesse, laver sur ce terrain les outrages naguère subis, reprendre en combattant les lambeaux de notre territoire que l’ennemi y tient encore, conquérir les enclaves qui appartiennent à l’Italie aux cols de L’Iseran, du Petit Saint Bernard, du Mont Cenis, du Mont Genèvre ainsi que les cantons de Tende et de la Brigue artificiellement détachés de la Savoie en 1860 « .
Sous le prétexte de chasser les forces allemandes qui tiennent encore les confins de nos frontières du Sud-Est, il estime indispensable de prendre des gages en vue d’exiger lors de l’élaboration du traité de Paix avec l’Italie, une rectification de cette frontière contestable.
Dans son compte-rendu des combats de juin 40 dans les Alpes Maritimes, le Commandant du XVe Corps écrit en effet : « La frontière n’est pas une vraie frontière elle est ce que nous a laissé en 1860 une diplomatie exigeante : nos sommets ne sont pas nôtres ; par les cols dominant toutes nos vallées, des routes stratégiques arrivent aux portes de nos villages. Ce tracé incohérent fait que, de l’Authion a la mer, nos positions de défense n’étaient que des positions de repli ».
**Pourquoi un tel état de choses en 1939 ?
Parce que en 1860, lors du retour du Comté de Nice à la France, l’empereur Napoléon III avait, par complaisance, laissé à « son cousin » Roi de Savoie-Piémont et Sardaigne ses terrains de chasse. L’inconvénient est que ces terrains de chasse au chamois englobaient le MERCANTOUR avec les cols de Tende, de la Finestra et de la Lombarde jusqu’aux villages de Tende et de la Brigue pour les seules Alpes du Sud. En conséquence de quoi, les troupes italiennes n’avaient éprouvé aucune difficulté en juin 40 à grignoter la zone frontalière pour conquérir le poste frontière de FONTAN et les trois quarts de la ville de MENTON, en criant Victoire.
Le 9 avril 1945, devant la foule massée sur la place Masséna à NICE, le Chef du Gouvernement provisoire de la France s’écrie : « Le vent de la Victoire que j’ai senti autour de nos drapeaux sur le Rhin, que dis-je, bien au-delà du Rhin, le vent de la Victoire souffle maintenant sur les Alpes, sur « nos » Alpes et va les dépasser « .
Effectivement, depuis le 27 mars, la période de pure détente est terminée ; les bataillons de la 4ème Brigade ont abandonné les hôtels de la Côte d’Azur à Cannes ou Juan les Pins pour gagner les villages de l’arrière-pays niçois.
Nous-mêmes stationnions à LEVENS .
De Levens, des détachements constitués par une sélection des groupes de chaque compagnie partaient tous les jours pour le Secteur de Mille Fourches, distant de 40 km afin de faire connaissance avec le terrain où nos éléments auraient bientôt à s’engager. Ces prises de contact étaient trop rapides et trop superficielles pour être véritablement fructueuses autant qu’il eut été souhaitable.
Notre bataillon celui d’Infanterie de Marine et du Pacifique laissa en permanence son groupe d’observateurs face à l’Authion avec mission d’y repérer les positions ennemies, son activité et ses défenses.
Le 22e Bataillon Nord-Africain dont la 4e compagnie tenait en permanence le Col de Turini avec des avant-postes de couverture au Camp d’Argent, avait, en un mois d’activité pourtant réduite, perdu un tué et une dizaine de blessés par mines ennemies.
Un aspirant des transmissions de la Brigade avait été enlevé en plein jour sur la route de PEIRA CAVA à TURINI.
Une patrouille du B.I.M.P. en reconnaissance sur la crête de Vaïercaout y avait abandonné un tué et en avait ramené très difficilement un blessé sous la pression incessante d’un détachement ennemi, parfaitement habitué au terrain.
L’attaque est fixée au 9 avril. Elle sera retardée de 24 heures.
L’affaire promet d’être difficile. L’Authion est un massif entouré de précipices profonds et impressionnants ; il est abordé par un seul chemin stratégique en lacets, partant de la cime de Tueïs et conduisant au camp des Cabanes Vieilles ou aux forts de la Força et de Mille Fourches.
Les chasseurs de montagne de la 34e Division allemande occupent ces forts ainsi que la Redoute des Trois communes et le camp des Cabanes Vieilles. Enfin des ouvrages de campagne sont implantés sur la crête de l’Ortighéa et la Tête de Vaïercaout. Tous ont une garnison plus ou moins étoffée de soldats allemands appartenant au 107e Régiment.
Dans son récit de la Campagne du Détachement d’Armée des Alpes, le Général A. DOYEN écrit : » Cette montagne, aux pentes abruptes et dénudées, abordable par des crêtes aux arêtes vives, constitue une position naturelle formidable rendue plus solide encore par la présence d’ouvrages anciens et moderne et de nombreuses mines disposées tout le long des voies d’accès possible s ».
Le Général GARBAY, commandant la D.F.L. lors des combats de l’AUTHION, a donné à cette action d’ensemble des troupes placées sous ses ordres, le récit le plus fidèle et le plus complet. (3)
C’est là que s’y retrouve l’assertion déjà avancée en 1946 dans le premier ouvrage concernant la D.F.L. : EPOPEE d’une RECONQUETE (4) selon laquelle » Le Général DEVERS , commandant le 6eme Groupe d’Armées alliées, a décidé d’envoyer dans la région des Alpes-Maritimes (notre division) ou elle sera placée aux ordres du Général DOYEN. »
Cette assertion est en contradiction avec la déclaration du Général de Gaulle dans ses Mémoires de Guerre :
» Le 1e mars je crée le Détachement d’Armée des Alpes et place à sa tête le Général DOYEN. Je mets sous ses ordres la 1e D.F.L. que j’ai reprise à ma disposition après l’affaire de Colmar « .
On fait jouer ici au Général DEVERS un rôle tout à fait étranger à ses intentions. En vérité, le commandement américain souhaite récupérer les forces U.S. qui, depuis le débarquement de Provence, assument dans le Sud de la France la couverture de ses arrières sur les Alpes. On sait combien, lors de la contre-attaque des Ardennes par Von Rundstedt, les effectifs ont manqué au commandement U.S.
Mais le Général DEVERS reste complètement ignorant des projets d’action que prépare le Gouvernement Provisoire Français en ce qui concerne la Frontière Franco-Italienne. Il prescrira même aux forces françaises passées à l’Est des Alpes de stopper sur place à Borgo San Dalmasso, sous peine de cessation de ses approvisionnements.
**L’affaire de l’offensive française dans les Alpes est une opération exclusivement française.
Il existait à la 1e Armée Française une division spécialisée pour les opérations en montagne : La 4e Division Marocaine de Montagne.
Elle eut à coup sûr, tout aussi bien fait l’affaire, sinon mieux, qu’une Division Motorisée d’Infanterie (appellation que l’Etat-Major français s’acharnait à appliquer à la D.F.L. afin de l’amalgamer plus facilement en la privant de sa personnalité française libre).
Maintes fois a été posée la question qui, en toute logique, vient naturellement à l’esprit : Pourquoi la D.F.L. a-t-elle été choisie pour cette aventure sans éclat et un si grand sacrifice de jeunes en vue d’un objectif aussi limité ?
Il est incontestable que nos Alliés se refusaient à prendre en considération nos revendications sur la frontière Franco-Italienne, tenues pour négligeables à l’échelle de la guerre mondiale et qu’ils voulaient éviter tout conflit avec le gouvernement du Maréchal Badoglio. Il était donc prudent de prendre des gages territoriaux afin d’obtenir, lors de la discussion d’un traité de paix avec l’Italie, la prise en compte de nos revendications modestes, mais essentielles à la lumière des événements de juin 1940.
Pour une opération qui pour être fructueuse se devait de réussir immanquablement, le choix de la D.F.L. était extrêmement risqué en raison des profondes mutations advenues en fin 1944 et du manque d’expérience des jeunes soldats à peine dégrossis. Ce choix était donc contre-indiqué.
Il est possible que l’état-major national ait sous-estimé les risques ou que, inversement, il en ait prévu l’échec et s’y soit résigné.
Au moment où le Monde entier observe avec une interrogation avide le franchissement du Rhin et l’évolution des combats en Prusse Orientale ou aux Pays-Bas, qu’importe pour la victoire finale des Alliés le sort des armes à la frontière Franco-Italienne.
Enfin et sans doute surtout, il se trouve que le Général de LATTRE de TASSIGNY, commandant l’Armée Française, se sent en parfaite communion d’esprit et de sentiments avec les divisions françaises créées et mûries en Afrique du Nord. Compte tenu de la désinvolture qu’il n’a pas manqué de discerner dans l’attitude de la D.F.L. à son égard, il eut été surprenant que, dans la couvée de petits poussins blancs, le Général en laissa partir un pour conserver le petit canard noir sous son aile. (5)
C’est précisément le mot-code » CANARD » qui désignera dans les sphères de l’état-major, l’ensemble des opérations prévues dans les Alpes Maritimes.
L’ordre d’opérations n°1 classé Ultra Secret sous le n°149/3 du 4 avril 1945 en fera la révélation dès sa deuxième ligne de texte « EXERCICE CANARD ».
Une rétrospective détaillée des phases successives de la bataille ne peut que noyer l’essentiel dans l’enchevêtrement des combats partiels et méritant tous mention d’honneur. Mieux vaut retenir les principales généralités en ce qu’elles ont entraîné un apport à la victoire terminale.
Quel fut le but fixé par l’ordre d’opération initial ?
- « bouter l’ennemi hors du territoire national (défini selon les visées françaises, ceci étant sous-entendu pour TENDE et la BRIGUE)
- « exploiter en direction de la Frontière (l’intention expressément indiquée par la formule vers le col de TENDE) »
En vérité, l’objectif final sera peu à peu précisé au fur et à mesure de l’évolution satisfaisante de l’opération il s’agira de dépasser CUNEO et d’atteindre TURIN à 70 km au-delà pour le prestige et la satisfaction de l’orgueil national.
Bien que cet objectif ne soit point exprimé par l’Ordre 149/3 du 4 avril 45, il eut trouvé sa place dans le morceau d’optimisme extravagant que constitue l’ordre d’opération n°1. L’équipe de rédacteurs de ce document a systématiquement négligé les réactions prévisibles de l’ennemi : contre-attaques, contre-batterie par mortiers et parfois artillerie, replis stratégiques ou pas, et jusqu’aux difficultés du terrain en montagne et aux inadaptations de nos hommes et de leurs équipements aux conditions de ce combat. La pénurie de nos soutiers aériens se révélera cruellement insuffisante dès le premier bombardement des objectifs ennemis avant l’assaut initial ; tous les ouvrages visés seront intacts pour l’infanterie.
**Qu’advint-il dès lors dans la bataille ?
*La bataille
La belle idée de manœuvre : débordement par le NORD, verrouillage du théâtre central (massif de l’Authion) par des bouchons solides, implantés subrepticement au VENTABREN par le BM.XI afin de prendre l’Authion à revers par la Parpella, infiltration dans le vallon de CAYROS, enlèvement de l’Ortighéa. Tout cela se révéla une vue de l’esprit euphorique.
L’attaque frontale puissante sur les forts de Mille Fourches et de la Força, ne put être prononcée que 36 et 48 heures après l’heure prévue. Les unités affectées à ces missions eurent naturellement à procéder préalablement à des approches que l’ennemi ne facilitait pas. Les assauts furent l’œuvre de « section d’infanterie couvrant un détachement d’assaut » sans appui d’artillerie, ni d’aviation.
L’Authion proprement dit et ses proches dépendances forts et ouvrages, ont été enlevés par des actions spécialement montées en combinaison avec les chars légers ou les détachements d’assaut.
Le dispositif de défense ennemi lié aux ouvrages est demeuré statique, faute de réserve. Il a subi son premier accroc dans la matinée du 11, du fait de la concomitance fortuite de deux attaques d’infanterie sur Cabanes Vieille, l’une avec chars par la route au flanc de la montagne, l’autre par les crêtes de Vaïercaout, cette convergence a surpris les défenseurs qui ont évacué peu à peu les baraquements et les emplacements de combat sous la pression des chars.
A partir de là, la combinaison Sections d’assaut-d’infanterie a permis de s’emparer des forts ; celui de Mille Fourches dans la même journée du 11 avril, celui de la Forca le lendemain.
Les conceptions de l’état-major ont dénoté une prise en compte insuffisante des conditions de temps et de lieu, elles n’ont pas mieux assuré les appuis d’artillerie ou aériens appropriés à l’ampleur des tâches. En revanche, les chars légers de la division ont fourni le concours le plus précieux en temps opportun. Par chance l’ennemi n’a pas mis en œuvre ni Panzerfaust, ni bazouka mais seulement quelques mines.
L’exemple typique de l’insuffisance des études préalables aux actions prescrites à l’infanterie est présenté par l’ordre d’attaque élaboré sans aucun rapport avec la structure de l’objectif dans le cas de la Redoute des Trois Communes.
Cet objectif attribué à l’infanterie le 12 avril consistait en un donjon pentagonal de 12 mètres de diagonale, entouré de tous côtés par un fossé de 3 mètres de large et autant de profondeur, fermé par un pont-levis relevé. Deux étages de meurtrières percées dans les murs de plus d’un mètre de béton dominaient tout l’éperon de l’Authion jusqu’aux forts sur 600 mètres et au-delà sur toutes les crêtes avoisinantes. Aucun scribe n’avait préalablement consulté le dossier des ouvrages fortifiés installés par les français avant 1939 et détenu par la Chef férié du Génie de Nice.
L’artilleur chargé de l’appui, le Commandant Marceau du Groupe lourd, interrogé lors de la réunion préparatoire, estimait à un millier de coups de 155 le nombre d’obus à tirer sur la Redoute pour espérer en placer une dizaine sur l’objectif, sans qu’aucun de ces coups ne perce la terrasse.
Le chef de l’Infanterie chargé de l’assaut, le Commandant Magendie qui avait vu la maquette en temps utile à Nice, récuse la solution d’un assaut d’infanterie pour y substituer une attaque aux canons anti-chars de 75 PAK récupérés en Alsace et servis par la C.A.C.4. Initialement des tirs d’obus de rupture seraient poursuivis jusqu’à obtention d’une brèche, au travers de laquelle des tirs d’obus explosifs provoqueraient des pertes aux personnels. Très vite, le pont-levis tourné vers l’Ouest fournit la brèche nécessaire. L’arrivée providentielle quelques instants plus tard d’un char isolé, échappé par inadvertance de son peloton occupé ailleurs, permit de pousser une escouade de fantassins jusqu’à la Redoute dont la garnison moralement ébranlée par le tir qu’elle subissait, accepta de se rendre avec ses 38 défenseurs.
Ainsi est tombé entre nos mains le plus exceptionnel observatoire d’où l’ennemi a pu déclencher, régler et doser toutes les concentrations de tirs lourds et notamment de mortiers, depuis le Col de RAUS à 3 km dans son Nord jusqu’au VENTABRENN à 5 km dans le Sud Est.
Dissimulé à nos observateurs terrestres par la masse en relief de l’Authion, le donjon de la Redoute ne pouvait être atteint que par des tirs, directs et a vue, de canons à grande vitesse initiale. On sait par le Commandant Marceau ce qu’il en eût coûté à notre artillerie d’en entreprendre la destruction par tirs courbes d’artillerie de campagne.
L’Artillerie passe le col de la Lombarde sur une route enneigée dégagée à la pelle
Ce jour-là, le chef de l’Infanterie d’attaque (heureusement éludée) le Commandant Magendie a remporté sa plus complète victoire « sans frais humains ».
Les 35 tués des deux jours précédents tombés sur le piton de l’Authion à 2 068 m. et hachés menu pendant 48 heures par les mortiers stoppant toute tentative de reprise d’attaque par l’infanterie, ont sauvé ce qui restait des unités d’infanterie accrochées à ce piton.
Le chef de la section du B.M. 21 qui prononça la dernière de ces attaques a pu écrire :
» Après avoir essayé de déborder par la gauche, sur la pente Nord, nous fûmes renvoyés par les mitrailleuses de l’Ortighéa. Nous repartîmes aussitôt, « bille en tête », en passant par-dessus les rescapés, les plus avancés de la compagnie précédente … comme en 14 ! Nous fûmes vite cloués au sol par les fusils à lunette et les mortiers. Sur ce glacis notre position était infernale, sans liaisons, sans appuis. Le soir, pendant le tir direct de la C.A.C., à notre surprise le Char des fusiliers marins, avec sa poignée de voltigeurs sur le dos, se profila sur notre droite et s’avança jusqu’au pied de l’ouvrage. Pour nous ce fut très long, très dur et nous coûta le cinquième de l’effectif ».
Rarement, sauf au printemps 1944 dans le cadre du Corps Expéditionnaire d’Italie, la D.F.L. n’a disposé de la plénitude de moyens matériels pour ses actions ou opérations. Dans les Alpes-Maritimes, au printemps 1945, la D.F.L. connaîtra une situation de flagrante pénurie.
Le Général GARBAY le confesse quand il écrit : » Le premier bastion de l’Authion est tombé mais les munitions commencent à faire défaut » et nous n’en sommes qu’au deuxième jour de l’offensive.
En effet, pour une action d’initiative nationale dont les alliés ont été soigneusement été tenus dans l’ignorance, aucune dotation spéciale de munitions ne sera allouée par le commandement américain.
Tout pareillement l’Instruction personnelle et Secrète n°3 diffusée pour l’Opération « PINGOUIN » qui fait suite à l’exercice « CANARD », stipule : » il est signalé que les moyens supplémentaires seront certainement très faibles. Il a été notamment précisé à Paris le 25 avril qu’aucun habillement n’était susceptible d’être envoyé sur le front des Alpes . »
Ainsi s’explique l’absence totale de chaussures adaptées à la montagne dans toutes les unités de la D.F.L. Dans le cas où c’eût été la 4e Division de Montagne qui aurait assumé la mission de prononcer l’offensive dans les Alpes-Maritimes, les personnels de cette division se seraient trouvés, par dotation de base initiale, en possession de chaussures adaptées à leur vocation.
Mais hélas ! la 1e D.F.L. division motorisée, lancée dans une offensive en montagne au lieu et place de la 4e D.M.M., s’y présente avec ses chaussures à semelle lisse propre aux personnels des unités motorisées. Cette disposition fâcheuse ne facilitera pas la tâche des Fantassins.
» Sur les pentes abruptes les hommes n’avancent qu’à grand-peine ; leur marche est souvent une véritable acrobatie avec leurs chaussures américaines à semelles lisses. Il leur faut se raccrocher dans la neige pour ne pas rouler au fond du ravin » écrit Yves GRAS alors lieutenant au B.M. 21.
Le Capitaine GOLFIER sera surpris par un photographe indiscret en train de troquer ses chaussures américaines contre les brodequins d’un des premiers prisonniers capturés par sa compagnie.
Ainsi faudra-t-il trois heures de brancardage pour évacuer un blessé tombé sur la Cime de Vaïercaout dans la nuit du 10 au 11 avril ; il faudra vingt heures trois jours plus tard pour évacuer le Capitaine GORY du B.M. 21 blessé à la Cime de Pézurbe. Souvent le premier brancardier tiendra son brancard à bout de bras, tandis que le second devra le maintenir à hauteur de ses mollets, en s’éclairant de sa lampe torche tenue avec les dents.
Toute cette affaire fut une très rude épreuve pour les exécutants combattants de la D.F.L. et totalement méconnue, au point que l’on est en droit de penser qu’elle fut, volontairement et comme honteusement, tenue secrète.
**Combats à Cabanes Vieilles
Du jour de sa conception dans son principe politique par le Président du Gouvernement Provisoire désireux de ne sacrifier aucune chance de la France, jusqu’au jour de son exécution (dans une manœuvre hâtivement improvisée par une division choisie comme on le sait aujourd’hui et malheureusement inadaptée à la mission) l’offensive française dans les Alpes-Maritimes procède essentiellement d’un pari audacieux mais extrêmement risqué.
Le risque venant non point des réactions dont l’ennemi était encore capable mais de l’impréparation matérielle, technique et tactique de l’instrument d’exécution : la 1e Division Française Libre.
D’où vint des lors le succès, relatif sans doute (6) mais finalement réel, de cette offensive de la D.F.L. suivie du franchissement des Alpes par une voie ouverte à cette occasion par le Col de la Lombarde.
Le succès est le résultat du sens tactique et de l’expérience des petits chefs d’infanterie et de chars, du savoir-faire des sapeurs du génie et des artilleurs ; il est surtout le fruit de l’ardeur combative des hommes du rang jusqu’aux plus jeunes recrues dont c’était le premier combat et qui, ignorant le danger, ont voulu rivaliser avec les anciens, ils furent souvent maladroits et ont trop généreusement payé de leur vie cette volonté.
Le succès pratiquement acquis au troisième jour, s’explique aussi par le sentiment des allemands qu’au-delà du baroud d’honneur se pointait la fin de la guerre.
Après la contre-attaque sur la Cime de Pézurbe , les allemands n’effectuèrent plus que des replis opportuns et des destructions.
Enfin malgré la supériorité offerte aux allemands par le terrain et la défensive qu’ils pratiquaient, il y eut des concours de circonstances opportunément saisis par nos cadres ; tel le manque ou le défaut d’emploi des moyens de défense rapprochée anti-chars, de la part de l’ennemi.
Le coût humain de cette victoire reste hors des proportions acceptables mais dans le cadre géographique grandiose et psychologique exceptionnel du combat et du franchissement des Alpes, tout a contribué à donner le sens d’une Victoire authentique remportée sur des troupes allemandes intactes.
Ce sentiment justifie le titre du bulletin de liaison des anciens de la 1e D.F.L. « BIR HAKEIM-L’AUTHION » deux victoires qui restent coûteuses mais propres à la Division.
Ainsi finit le plus banalement possible, l’offensive française dans les Alpes, dans le cadre grandiose de l’AUTHION sur fond de montagnes encore enneigées dont la Cime du Diable et les Monts Capelet marquent la frontière contestée.
Banalement, le 5 mai à 11h15, le cortège amenant a TENDE le Général DOYEN et le Préfet des Alpes-Maritimes débouche à l’entrée de la localité. Le Général coupe le ruban tricolore barrant la route principale.
TENDE et la BRIGUE sont-elles ainsi rattachées à la FRANCE ? Sur place on le pense et un plébiscite spontané s’y organise réclamant l’annexion. Mais en juillet 1945 les Américains exigeront le retour des troupes françaises sur la frontière de 1939.
Ce ne sera que le 15 septembre 1947 que la France reprendra possession de ces deux villages et le plébiscite du 12 octobre 1947 donnera 92% des voix en faveur de la France.
Triste victoire pour les soldats français du B.l.M.P. et du B.M.XI qui chercheront vainement à égayer cet armistice qui les a surpris dans une vallée des plus miséreuses du Piémont, à 5 km de la petite ville de Cunéo qui leur reste interdite
Triomphe décevant pour ces premiers Compagnons qui, depuis cinq ans, combattant sur les champs de bataille des trois continents du vieux Monde Romain, ont sans cesse espéré en l’image d’Epinal de leur retour triomphal dans la Mère-Patrie.
Il faudra attendre le 18 juin pour que les bataillons de la 4e Brigade prennent contact au cœur de la France avec le peuple de Paris, seul capable d’exprimer la joie de la Nation.
Dérisoire. Tout reste dérisoire dans cette aventure sanglante des Alpes où l’audacieuse manœuvre sur Turin a tourné au plus court.
Dérisoire ? Oui sauf l’ardente combativité de nos hommes qui, dans l’ignorance absolue des desseins politiques et des intrigues de tous ordres qu’ils ont traversées, ont lutté a plein cœur dans les conditions les plus rudes.
En bref, la décision politique et fondamentale de déclencher une action militaire sur le front des Alpes propre à étayer des revendications diplomatiques fondées de la France, victime de l’odieuse agression mussolinienne de 1940, fut parfaitement logique et légitime.
Le soin d’en assurer la préparation et d’en conduire l’exécution ne semble pas avoir été confié à des responsables de grand caractère ou de noble conscience. Il semble établi que des rancœurs et des réminiscences résiduelles d’un proche passé aient entaché des décisions prises à titre de solution facile et tirant plutôt vers la sanction. Les victimes innocentes restant toujours les lampistes, en l’occurrence les voltigeurs.
Seule la valeur morale collective des unités de la D.F.L. pourtant fragile a pu éviter, par un engagement total, une issue regrettable pour l’honneur militaire de la nouvelle Armée Française. Elle a permis de tenir pour une modeste victoire, un échec limité par les sacrifices et l’abnégation des combattants.
Général Edmond MAGENDIE
Notes
(1) « Maries-Louises » jeunes recrues de la fin du premier Empire, engagés dans la bataille de France en Février-Mars 1814 avant qu’ils n’aient parachevé leur formation de combattant. L’impératrice Marie-Louise fut leur marraine d’où leur surnom qui leur fut donné par les vétérans.
(2) Surnom donné par les gaullistes aux officiers « giraudistes » d’Afrique du Nord en raison des moustaches remarquables du Général GIRAUD.
(3) REVUE HISTORIQUE DES ARMEES n°3 Année 1975 (publication du Ministère de la Défense)
(4) Publiée en 1946 par les Editions Arts et Métiers Graphiques.
(5) On lira avec le plus vif intérêt et souvent sans surprise, dans l’Histoire de la 1e D.F.L. présentée en 1985 par le Général Yves GRAS, ancien lieutenant au B.M. 21 de 1943 à 1945, le dernier paragraphe de la page 418. Il apparait que ce fut pour mettre un terme à une suite d’incidents de personnes à divers échelons de la hiérarchie que d’un trait de plume excédée, la D.F.L. dut quitter le front de l’Est aux lieu et place de la 4e D.M.M. pour aller s’employer dans les Alpes.
(6) Le nombre réduit de prisonniers capturés au combat prouve que l’ennemi sut se replier opportunément avant l’assaut attendu de pied ferme.
Les hommages rendus dans son étude par le Général MAGENDIE aux combattants de l’Authion du BIMP figurent dans la version téléchargeable de l’ouvrage du général MAGENDIE
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